Le 9 juillet 2021
Sam Wasson, à la manière d’un polar des années 1970, nous plonge dans la définition, l’écriture et le tournage de Chinatown, réalisé en 1974. Allégorie parfaite du déclin de Hollywood, le récit très documenté est à la fois passionnant, envoûtant et parfaitement maîtrisé.
- Auteur : Sam Wasson
- Editeur : Carlotta
- Genre : Cinéma
- Nationalité : Américaine
- Traducteur : Samuel Bréan
- Date de sortie : 24 juin 2021
- Plus d'informations : Boutique Carlotta Films
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Résumé : Prenez un film culte, "Chinatown", de Roman Polanski. Sam Wasson nous en présente la genèse, en racontant le Hollywood de l’époque, la vie des protagonistes à ce moment-là et surtout la chute de Los Angeles, qui s’embourbe dans la violence.
Critique : La fin d’une époque. Sur ce grand cadavre d’un âge d’or à Hollywood, Sam Wasson pratique la dissection d’un sacré spécimen : le huitième long-métrage de Roman Polanski, Chinatown, reconnu comme un jalon important de l’histoire du cinéma. Pour l’auteur, la naissance de ce film repose sur quatre piliers fondamentaux : le réalisateur Polanski], le producteur Robert Evans, l’acteur Jack Nicholson] et le scénariste Robert Towne. Plus que des personnalités du cinéma, les voici personnages à part entière, marqués par une époque qui figure ici en toile de fond, celle du sentiment d’incroyables libertés, où l’industrie du cinéma faisait confiance à des êtres obsédés par un projet, où les rencontres et l’amitié primaient sur la rentabilité. Cet état d’esprit aurait permis la création du film et c’est donc tout naturellement que Wasson choisit de nous raconter son histoire, celle de sa genèse.
Le long métrage se distingue par un scénario complexe, sous une apparente simplicité, grâce à l’incarnation charismatique de Jack Nicholson et la précision de son réalisateur, minutieux dans son travail. Tout ceci est mis en musique par l’enthousiaste Robert Evans, le producteur qui s’abandonnera à de nombreux excès. Ces quatre personnages ont un point commun : ils sont objets de fascination, grâce aux événements de leur vie qui se transformeront en scénarios de cinéma, distillés dans le septième art comme des lambeaux de leur personnalité.
- Crédits Paramount
- Jack Nicholson et Faye Dunaway dans Chinatown (1974)
Le film qu’ils ont en commun est ainsi forcément noir, se situe dans une époque – les années 1930 – où la guerre de l’eau fait rage et dépeint une violence sans concession, contre laquelle il ne sert à rien de lutter. Cette réalité crue est incarnée par Jack Nicholson, marqué par l’ambiguïté, celle, immédiate, que l’on perçoit sur son visage. Cette œuvre sombre est le miroir du pessimisme de son réalisateur, retourné à l’occasion du tournage à Los Angeles, théâtre du crime de Sharon Tate, son épouse cruellement assassinée, alors qu’elle était enceinte de huit mois et demi, par la secte de Charles Manson. Ce film sera le dernier tourné aux Etats-Unis par Polanski, qui fuit en Europe, afin d’échapper à son procès pour viol sur mineure. Le parti pris de l’auteur du livre, qui consiste à expliquer la personnalité trouble de Polanski, peut déranger à l’ère de #MeToo. Il faut simplement y voir une volonté journalistique de poser cartes sur table, rappelant la construction de l’individu, comme celle d’une époque, sans excuses, ni angélisme. Ce procédé est d’ailleurs similaire au film dont il est question, loin de toute complaisance, de glamour ou d’anecdotes outrancières.
Fondé sur un considérable travail de documentation et de témoignages, The Big Goodbye décortique l’usine à rêves des années 1970. Il nous raconte ce moment avant qu’elle ne bascule dans l’industrie de masse que l’on connaît toujours actuellement, où la recherche de profit importe plus que la création et surtout, plus que le terreau de la création. Dans un style palpitant, avec des chapitres rythmés, le récit progresse jusqu’à aujourd’hui, comme une conclusion sur une page qui se tourne. Ben Affleck prévoit par ailleurs une adaptation de l’ouvrage sous l’égide de Paramount, qui y voit là un hommage à Robert Evans, le tout dans une atmosphère de nostalgie.
350 pages
21,99€
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