Le 2 mars 2017
Bien loin des clichés sur les femmes du Moyen-Orient, le combat admirable de combattantes kurdes qui, au péril de leur vie, luttent pour leur liberté et celle de leur pays.
- Réalisateur : Zayné Akyol
- Genre : Documentaire
- Nationalité : Canadien, Allemand
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 8 mars 2017
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– Avec : Sozdar Cudi - Rojen Beritan - Nupelda Herekol
– Festival : Meilleur documentaire Loc Alliance Locarno 2016
Résumé : Dans les montagnes et le désert du Kurdistan, des femmes luttent contre Daech et défendent leur territoire. {Terre de roses} nous dévoile le quotidien de ces combattantes aguerries qui continuent de rire, de vivre et d’être femmes, prenant soin d’elles comme de leurs armes. Fières, courageuses et déterminées, elles sont aux premières loges du combat contre la barbarie tout en incarnant un idéal révolutionnaire axé sur l’émancipation des femmes. {Terre de roses} est un message d’amour et de paix, une fenêtre ouverte sur un monde méconnu au sein duquel se dessine le visage occulté de cette guerre médiatisée : le visage féminin et féministe d’un groupe révolutionnaire uni par une même vision de la liberté.
Notre avis : Le film s’ouvre sur un gros plan du visage de Sozdar, la combattante la plus âgée (sans être vieille cependant) et assurément la plus impliquée. Personnage principal du documentaire, elle explique sans ciller son rêve d’avoir le visage marqué d’une cicatrice bien visible, seule manière, selon elle, d’affirmer son engagement total et définitif au sein du PKK (mouvement de guérilla considéré comme un groupe terroriste par plusieurs états, dont les Etats-Unis, le Canada et l’Union européenne et dont le but est d’obtenir l’indépendance des régions à majorité kurde). Elle est l’âme bienveillante de ce groupe de « camarades » au féminin.
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Portant un regard sobre et neutre sur le quotidien de ces femmes au tempérament exceptionnel, la réalisatrice, canadienne d’origine kurde dont c’est le premier film, nous permet d’être les témoins privilégiés de leurs activités rituelles, du lien qui les unit les unes aux autres mais aussi de partager leurs interrogations et leur douleur à avoir du quitter famille, études et amis. A l’âge où les pensées de toutes les filles du monde sont mobilisées par les vêtements, le maquillage et les garçons, leurs journées de soldates se déroulent au rythme des réunions politiques, de l’entraînement physique et du maniement des armes dont elles vantent avantages et inconvénients comme d’autres échangeraient sur les aspects positifs ou négatifs d’une recette de cuisine. Ce n’est pas sans émotion qu’on les écoute parler de leur kalach ou de leur lance-roquette comme de leur meilleur ami. Ce qui ne les empêche pas de rester femmes avant tout. Elles prennent soin de leur chevelure qu’elles coiffent longuement et qu’elles ornent de keffiehs aux couleurs vives de manière à égayer leur uniforme kaki et à la coupe masculine.
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Ignorant les scènes de combat tout autant que les propos politiques, la réalisatrice préfère laisser la parole à celles qui ont décidé de se battre contre les idées moyenâgeuses, tout particulièrement à l’encontre des femmes, de l’état islamique. C’est avec passion que Sozdar nous convainc des dangers d’un mariage qui soumet la femme à la domination de son mari tandis que l’on s’émeut face à Rojen (au visage empreint d’une douce tristesse) tiraillée entre la douleur que représente la certitude de ne plus jamais revoir sa mère et la satisfaction de pouvoir considérer son engagement comme un gage de solidarité envers toutes les femmes. On regrettera seulement que la réalisatrice ne prenne pas le temps de nous indiquer le déclic qui, au-delà de l’idéologie, a poussé ces toute jeunes femmes à passer d’une vie familiale tout à fait acceptable à la clandestinité militante, où le temps passe lentement et où le danger est omniprésent, même si l’on ne voit jamais l’ennemi.
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Au milieu de splendides paysages de montagnes rocailleuses et de sols desséchés, elles attendent, scrutant l’activité des lignes ennemies dont on devine les mouvements, entre ombre et lumière. Pour nous aussi spectateurs, ces scènes sont longues d’autant qu’elles n’apportent rien à l’avancée de l’histoire. Finalement, tout comme nos guerrières, on s’anime à nouveau quand l’heure du combat sonne. Sozdar s’équipe de son matériel de défense et de protection, ferme la porte et clôt ainsi le film. L’heure n’est plus à la parole mais bien à la guerre dans toute son horreur, puisque le générique nous l’indique : beaucoup d’entre elles vont sacrifier leur vie pour dénoncer, entre autres, l’oppression masculine, les inégalités et la discrimination. Pour leur rendre un hommage bien mérité, la sortie du film a été fixée au 8 mars, à l’occasion de la journée des femmes.
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