Le 16 avril 2021
Republié presque quatre-vingt-dix ans après sa première parution, le livre de cette auteure espagnole, exilée au Mexique en raison de son engagement républicain, n’a pas pris une ride : fiction reportage et roman de mœurs, on suit avec passion les aléas de la vie d’une pâtisserie, pendant la période tourmentée d’avant le Front Populaire.
- Auteur : Luisa Carnés
- Collection : La Sentinelle
- Editeur : La Contre allée
- Genre : Roman
- Nationalité : Espagnole
- Traducteur : Michelle Ortuno
- Titre original : Tea Rooms, Mujeres obreras
- Date de sortie : 9 avril 2021
- Plus d'informations : Le site officiel de l’éditeur
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Résumé : Matilde trouve in extremis un emploi dans un salon de thé alors que sa famille est aux abois. Elle découvre le monde du travail et sa cruauté, en même temps que dans la rue les ouvriers s’organisent pour contrer l’exploitation capitaliste.
Critique : Luisa Carnés (1905-1964) publie ce roman en 1934. Issue d’un milieu pauvre, l’auteure espagnole républicaine, que l’on redécouvre aujourd’hui, commence à travailler à l’âge de onze ans et accèdera à la culture en autodidacte. C’est sa propre expérience qu’elle relate à travers le personnage de Matilde qui, au début des années 1930, en pleine crise économique, est embauchée comme vendeuse dans une pâtisserie salon de thé madrilène. La petite dizaine d’employés y est supervisée par une responsable elle-même sous les ordres d’un propriétaire surnommé « l’Ogre ». Le commerce est un lieu d’observation sociologique où Matilde est confortée dans ses opinions contre le capitalisme, l’exploitation des ouvriers et celle des femmes en particulier, un microcosme où se vérifient les inégalités, et où les employés craignent à tout moment de perdre leur travail.
Côté clients, le peuple de Madrid défile avec ses prolétaires, ses bureaucrates et ses bourgeois. Le quotidien va son train entre commérages, flirts, petites mesquineries, tandis qu’au-dehors les grèves ouvrières se multiplient dans la répression. Matilde approuve la révolte avec un certain espoir, au contraire de ses collègues apeurées ou indifférentes, soumises par la religion, le patriarcat et l’ignorance. C’est pourquoi la révolution doit aussi être menée par la culture, en l’occurrence le cinéma et les livres honnis par l’Église et le pouvoir. Le style très visuel et parfois sec colle à la vision sans pathos mais souvent tragique de la situation socio-économique, qui oppose pauvres et nantis et qui engendre une violence à tous les étages. Voilà un roman moderne, puissant et engagé, féministe et politique.
256 pages - 21 €
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