Nature hostile
Le 13 avril 2016
Brillante Mendoza offre son film le plus émouvant à travers le portrait d’une mère courage.


- Réalisateur : Brillante Mendoza
- Acteurs : Nora Aunor, Julio Diaz, Aaron Rivera
- Genre : Drame
- Nationalité : Philippin
- Distributeur : New Story
- Date de sortie : 30 mars 2016
- Festival : Festival de Cannes 2015

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Résumé : 2013. Le typhon Yolanda dévaste la ville de Tacloban aux Philippines. Les victimes sont nombreuses. Bebeth, Larry et Erwin, rescapés de la catastrophe, se mettent à la recherche de leurs proches. Cette épreuve est douloureuse mais l’entraide apaise les cœurs. Malgré la persévérance et la foi de ceux ayant survécus, la Nature se montre encore et toujours impétueuse…
Critique : Contacté par des producteurs après le passage du typhon Hayian, Brillante Mendoza a d’abord voulu fuir toute récupération misérabiliste et spectaculaire du projet d’évocation d’un drame naturel et humain. On se doutait que l’auteur de Serbis, qui a renouvelé l’approche d’un néoréalisme asiatique, ne tomberait pas dans le piège d’un certain cinéma académique humaniste international. Taklub est une synthèse de l’approche documentaire de Kinatay et des drames familiaux que le cinéaste avait proposés dans John John et Lola. La nature est ici omniprésente, et Mendoza la filme avec une acuité qui n’est pas sans rappeler l’approche d’une Naomi Kawase, même si le réalisateur opte moins pour une inspiration poétique, préférant une vision assez sombre des rapports entre l’homme et la nature.
- Copyright New Story
« Ce que je cherche, c’est montrer les qualités exceptionnelles des Philippins, leur résilience, leur capacité à aller de l’avant malgré la tragédie et à raconter leur histoire avec honnêteté. Ces histoires existentielles, de faire face et passer à autre chose, de gens qui ont subi une perte préjudiciable et essayent de s’en sortir sont universelles », a déclaré le cinéaste. Des absurdités de l’administration souhaitant reloger en priorité les familles de cinq enfants aux tests ADN proposés par un hôpital pour retrouver les disparus, la reconstitution d’un drame importe moins que le regard bienveillant de Mendoza envers une mère courage interprétée avec force et émotion par l’actrice Nora Aunor. La dimension spirituelle et religieuse de l’œuvre, qui culmine dans le dénouement, montre une évolution nette dans la démarche de Brillante Mendoza dont l’héritage de Rossellini et Bresson ne fait plus de doute, sans que le cinéaste ne cède aux sirènes des bondieuseries hollywoodiennes. Du grand art.
– Festival de Cannes 2015 : Mention Prix du Jury œcuménique