Le 21 avril 2023
Un conte allégorique séduisant, au scénario subtil, et un graphisme élégant font de ce film d’animation une œuvre cohérente avec l’univers de Makoto Shinkai.
- Réalisateur : Makoto Shinkai
- Genre : Drame, Aventures, Fantastique, Action, Film pour enfants, Manga, Teen movie, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 2h02mn
- Titre original : Suzume no Tojimari
- Date de sortie : 12 avril 2023
- Festival : Festival de Berlin 2023
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Résumé : Dans une petite ville paisible de Kyushu, une jeune fille de dix-sept ans, Suzume, rencontre un homme qui dit voyager à la recherche d’une porte. Décidant de le suivre dans les montagnes, elle découvre une porte délabrée trônant au milieu des ruines, seul vestige ayant survécu au passage du temps. Cédant à une inexplicable impulsion, Suzume tourne la poignée, et d’autres portes s’ouvrent alors aux quatre coins du Japon, laissant passer toutes les catastrophes qu’elles renfermaient. L’homme est formel : toute porte ouverte doit être refermée. Suzume s’est égarée où se trouvent les étoiles, le crépuscule et l’aube, une voûte céleste où tous les temps se confondent. Guidée par des portes nimbées de mystère, elle entame un périple afin de toutes les refermer.
Critique : Suzume est le cinquième long métrage de Makoto Shintai, dont notre rédaction avait pu apprécier 5 centimètres par seconde, The Garden of Words et, plus récemment, Les enfants du temps. C’est le second à bénéficier d’une sortie en salle sur le territoire français, ce dont on se réjouit, eu égard à la qualité du long métrage et à la cohérence apparente de l’univers du réalisateur. Une adolescente orpheline, élevée par sa jeune tante, croise sur sa route un beau jeune homme mystérieux et hagard. Elle va l’aider à fermer « les portes de l’extérieur » qui provoquent des catastrophes dans tout le Japon. Une série d’embuches va mettre à mal leur projet, à commencer par ce chat aux faux airs innocents et aux pouvoirs divins, qui va transformer le jeune homme en chaise…
- © 2023 CoMix Wave Films. Tous droits réservés.
Le film a pour contexte le traumatisme du tsunami de 2011, et d’autres séismes récurrents, ce que met en avant le « MacGuffin », dont les diverses alertes (désormais sur smartphone) que tente de déjouer Suzume. Comme beaucoup de films japonais, Makoto Shintai croise traditions et modernité, mythes légendaires et rationalité. On retrouve des constantes thématiques de son œuvre, à savoir la séparation entre adolescents ayant entamé une attache sentimentale, le désir de ne pas céder à la fatalité, la correspondance entre le drame individuel et la tragédie collective, avec une prédilection pour les mondes parallèles et une déstructuration de la dimension temporelle. Sur le plan graphique, le métrage est une pure merveille, à l’instar de la représentation de paysages immersifs (en ville ou à la campagne), certains plans relevant presque du photoréalisme, par contraste avec la profusion d’effets (mais sans excès) dans les séquences oniriques.
- © 2023 CoMix Wave Films. Tous droits réservés.
Makoto Shintai n’en oublie pas l’efficacité de sa narration, avec un subtil dosage (surtout dans la seconde partie) entre émotion et décalage humoristique, sans céder pour autant au pathos ou à la roublardise. Certes, on pourra objecter que la démarche de Shintai n’est pas réellement novatrice, les allers et retours entre le réel et le virtuel, ainsi que le jeu avec le temps ayant déjà été à l’origine de nombreuses œuvres, de l’Orphée de Cocteau au Tenet de Nolan, en passant par les Matrix et Twin Peaks. Il n’empêche que Suzume est une réussite, confirmant que son réalisateur est le digne héritier de Hayao Miyazaki et autres Isao Takahata. Le film a été un gros succès commercial au Japon, dépassant Avatar : La voie de l’eau au box-office.
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