Le 16 février 2021
Le deuxième film d’animation sorti en France de Makoto Shinkai constitue une ode fascinante et hypnotique sur les dérèglements climatiques, familiaux et amoureux.
- Réalisateur : Makoto Shinkai
- Acteurs : Gabriel Bismuth-Bienaimé, Maryne Bertieaux, Jérôme Pauwels
- Genre : Drame, Animation, Romance, Manga, Teen movie
- Nationalité : Japonais
- Distributeur : Bac Films
- Durée : 1h54mn
- Date télé : 27 décembre 2021 20:40
- Chaîne : OCS Max
- Titre original : Tenki no Ko
- Date de sortie : 8 janvier 2020
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Résumé : Jeune lycéen, Hodaka fuit son île pour rejoindre Tokyo. Sans argent ni emploi, il tente de survivre dans la jungle urbaine et trouve un poste dans une revue dédiée au paranormal. Un phénomène météorologique extrême touche alors le Japon, exposé à de constantes pluies. Hodaka est dépêché pour enquêter sur l’existence de prêtresses du temps. Peu convaincu par cette légende, il change soudainement d’avis lorsqu’il croise la jeune Hina...
Critique : Hodaka est un jeune fugueur de seize ans qui, sans doute à l’instar de nombre de jeunes gens de sa génération, regagne Tokyo dont il attend réussite professionnelle et accomplissement de soi. La mégapole extraordinaire est dévorée par des pluies torrentielles, jamais vues en plein mois d’août. Le dérèglement climatique atteint le monde entier et la Japon ne fait plus que trembler, les inondations font craindre un ensevelissement de la capitale nippone. Your name, le premier long-métrage de Makoto Shinkai parlait déjà de la difficulté des jeunes générations à trouver un sens à leur existence et le choix d’une forme d’exil que ses héros adolescents faisaient. De nouveau, Les enfants du temps met ses jeunes protagonistes dans la situation d’un exil social et affectif, si ce n’est que l’univers urbain qui les accueille est hanté par le risque d’un cataclysme écologique. L’eau dévore sans discontinuité les tours immenses de Tokyo, dans une relative indifférence des habitants, hormis sur les écrans de télévision où les présentateurs météo s’émeuvent du bouleversement climatique qui impacte la ville.
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La force du long-métrage d’animation va au-delà de la dénonciation du dérèglement climatique, à travers les yeux émerveillés et à la fois désillusionnés des deux jeunes héros, Hodaka et Hina. En effet, le cinéaste fait le choix d’une esthétique très soignée. La beauté des paysages urbains embrumés par la pluie constitue le fil conducteur de ce récit, autant poétique que romantique. On est bluffé par la qualité des dessins, le jeu sur les transparences, et les vues sur le ciel ou la ville, qui donnent à ces derniers une hauteur supplémentaire. La puissance évocatrice du film est liée à l’éblouissement permanent qui irrigue l’image. Dieu habite la conscience de nos jeunes héros, et on n’est pas loin de penser qu’il y a dans cette quasi perfection des animations, la recherche d’une forme de spiritualité. La musique souvent douce accompagne cette promenade dans une ville saisissante, écartelée entre le regret d’un paradis perdu, et l’obsession de ses habitants à griller l’énergie dans des placards de publicité qui inondent les gratte-ciels.
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Makoto Shinkai réalise une sorte de fable prophétique, dévolue à alerter les âmes encore sceptiques de la transformation durable du monde. Deux conceptions du temps s’opposent, comme deux forces contraires : d’un côté, les enfants du soleil capables de percer le ciel d’un rayon de lumière et de l’autre, les enfants de la pluie qui précipitent la ville dans le chaos. La référence au sacré semble la seule issue possible dans cette vie vouée à la disparition de la civilisation, et s’incarne dans la façon dont les jeunes héros s’en remettent au pouvoir de l’amour et des divinités pour faire changer les événements. Les autorités publiques, les entreprises, les médias, tous sont condamnés à l’aveuglement ou à la perte et la jeunesse, idéaliste, amoureuse, apparaît comme le dernier rempart contre la fin du monde.
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Les enfants du temps sonne comme un film autant décadent que revivifiant. Le récit se situe à l’interface d’un ancien monde, en cours de destruction à cause d’un capitalisme aveugle et sans limite, et d’un nouveau monde, incarné par une jeunesse qui cherche des solutions au chaos. La solitude des adultes sonne comme un ratage funeste face à l’idéal d’amour porté par les adolescents. Finalement, le film en appelle à beaucoup d’espérances. Même si Tokyo semble condamnée à l’ensevelissement sous les eaux, même si les adultes ne sont toujours pas convaincus par la nécessité de changer, l’amour et la spiritualité poursuivent inlassablement leur destin, à la lumière du conte qui traverse tous les récits cosmogoniques de la planète, celui d’un prince et d’une princesse, épris de pureté, qui s’adonnent à l’amour partagé.
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