Le 5 juillet 2006
Volochine, Biely, Kouzmine, Mandelstam, Brioussov. Plus qu’un recueil de nécrologies, un regard profond sur la poésie.
Volochine, Biely, Kouzmine, Mandelstam, Brioussov, qu’importent les noms pourvu que vive l’ivresse d’une Tsvetaïeva qui a aimé ou détesté ces poètes avec la ferveur des âmes qui savent se glisser dans la chair de l’Autre. Plus qu’un recueil de cinq nécrologies, cinq regards profonds sur la poésie.
Marina Tsvetaïeva [1] se montre sans conteste d’un égocentrisme invraisemblable. Même lorsqu’elle se lance dans une nécrologie, elle ne peut s’empêcher de se mettre en avant. Qu’importe. Elle aime, elle désire, elle raisonne, elle comprend, elle déteste, elle combat et se trompe avec une telle sincérité qu’on ne se préoccupe de savoir si ce qu’elle écrit est vrai ou non, si elle se vante ou si elle est prise au piège d’une réalité fantasmée. Au final, il est d’ailleurs préférable de ne rien savoir des cinq poètes qu’elle évoque dans ce recueil d’articles pour ne pas tomber dans ses leurres.
On a dit que, chez elle (c’est sûrement vrai), il y a de quoi faire dix poètes. Inutile de préciser que son "je", son "moi", son/sa "Mariana", n’a jamais succombé aux sirènes de ces hétéronymes qui sommeillent en elle - qu’ils dorment en paix ! - mais au moins sait-elle une chose mieux que n’importe qui (ou en tout cas de la façon la plus belle qui soit) : définir la poésie. Elle connaît tous ses visages qui vont du dieu grec (Volochine), puissant, sage et jouisseur, à l’autiste beckettien (Biely), une âme pure, blanche comme son nom, prise au piège de la solitude, incapable de tenir en laisse ses raisonnements farfelus, qui les pousse même si loin qu’elle (l’âme bielienne) finit par les démêler avec une ahurissante lucidité. Tous ces instants vécus en compagnie de ces personnages qui pour beaucoup restent d’impénétrables mystères, Tsvetaïeva sait les saisir, les comprendre, se fondre dans ce qu’il y a d’essentiel parce qu’elle a su vivre comme peu savent vivre. Jusqu’au bout de ses désirs, de sa ferveur, de ses rêves et de ses amours.
Marina Tsvetaïeva, Souvenirs, traduit du russe par Anne-Marie Tatsis-Botton, Editions du Rocher, coll. Anatolia", 2006, 340 pages, 22 €
[1] Tsvetaeva
Tsvétaéva
Tsvétaïéva
Tsvetaieva
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