Le 17 février 2020
Le quatrième long-métrage de la réalisatrice Céline Sciamma est une ode à l’émancipation féminine et à la peinture, avec une focalisation sur le regard, dans un dix-huitième siècle finissant. Ce long-métrage est d’actualité, en tant que briseur de tabous, hélas encore vivaces, comme l’homosexualité.
- Réalisateur : Céline Sciamma
- Acteurs : Adèle Haenel, Noémie Merlant
- Genre : LGBTQIA+, Drame historique
- Nationalité : Français
- Editeur : Pyramide Video
- Durée : 2h02
- Date de sortie : 18 février 2020
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Résumé : 1770. Marianne est peintre et doit réaliser le portrait de mariage d’Héloïse, une jeune femme qui vient de quitter le couvent. Héloïse résiste à son destin d’épouse en refusant de poser. Marianne va devoir la peindre en secret. Introduite auprès d’elle en tant que dame de compagnie, elle la regarde.
Notre avis : Céline Sciamma, réalisatrice française, en activité depuis 2004, nous avait, à travers sa filmographie, plutôt habitué à des sujets contemporains. Diplômée de la FEMIS, elle a déjà tiré son épingle du jeu, à travers deux films marquants : Naissance des pieuvres (César 2008 du meilleur premier film) et Tomboy (Teddy du Jury à la Berlinale 2011). Son dernier long-métrage, Portrait de la jeune fille en feu, signe de son incandescente qualité, a obtenu le Prix du scénario au Festival de Cannes 2019. Il est, de surcroît, nommé dans quatre catégories pour les César 2020 : meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario original, et meilleure actrice. Soulignons que Portrait de la jeune fille en feu, décevant en termes d’entrées en France (un peu moins de 275 000), peut compter sur une très large diffusion dans cinquante pays, afin de se rattraper.
Même si l’action du long métrage se déroule en 1770, le sujet est un plaidoyer d’actualité pour le féminisme (comment s’affranchir du regard et de la tutelle masculine asservissants ?). C’est aussi un hommage rendu à des femmes, injustement restées dans l’ombre, mais ayant été peintres à cette époque. Une époque, qui est reconstituée avec une application époustouflante : nous pensons notamment au travail artistique déployé pour des costumes fidèles. Cette historicité pointilleuse, reflet de la Bretagne de la fin du dix-huitième siècle, n’enlève rien à la poésie intemporelle, brûlante et douce, du Portrait de la jeune fille en feu. Les deux personnages principaux sont féminins : une peintre (Marianne) et son modèle (Héloïse). Saisir l’insaisissable est le travail pictural attendu de Marianne par la mère de la rebelle Héloïse.
Le hasard n’a pas eu sa place dans le choix des comédiennes. Céline Sciamma a pensé le rôle d’Héloïse pour Adèle Haenel, confirmant son talent, et celui de Marianne pour Noémie Merlant, véritable révélation. Qui est la muse nourricière ? Qui est l’artiste la sublimant ? En fait, Marianne et Héloïse s’inspirent l’une et l’autre. De ce rapport égalitaire, va éclore un amour sincère, sur les cendres de la duplicité initiale de Marianne, qui avoue être une fausse domestique à Héloïse. Le saphisme, ici décrit avec délicatesse, fait l’objet d’une réprobation quasi unanime, au crépuscule d’un siècle puritain. La temporalité est double dans Portrait de la jeune fille en feu entre le présent évanescent et le souvenir ineffaçable. Le film est tourné presque sans aucune musique, mais la chorégraphie visuelle magnifique n’en pâtit aucunement.
Test DVD/Bluray
Le film est accompagné de trois bonus enrichissants à découvrir absolument : un commentaire audio par Céline Sciamma, avec la participation d’Adèle Haenel, Noémie Merlant et Claire Mathon (image) (120 minutes) - une rencontre avec la peintre Hélène Delmaire (12 minutes) - des séquences de peinture filmées (33 minutes).
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