Snow in Paradise - la critique du film

Pour son premier long-métrage, Andrew Hulme signe une oeuvre choc sur la quête de rédemption, portée par l’interprétation saisissante d’un acteur débutant.

L’argument : D’après une histoire vraie. Dave est un petit délinquant qui mène sa vie, entre drogue et de violence, dans l’East End de Londres. Lorsque ses agissements entraînent la mort de Tariq, son meilleur ami, Dave est terrassé pour la première fois par la honte et le remords. Alors qu’il commence à faire la paix avec lui-même, son passé de criminel revient le mettre à l’épreuve.

Notre avis : Snow in Paradise est une aventure artistique presqu’aussi extraordinaire que le long-métrage final. Le film est librement inspiré de la vie de Martin Askew, co-scénariste pour l’occasion mais également acteur. Il prête en effet ses traits à Oncle Jimmy, parrain de la pègre londonienne qui entraîne son jeune neveu dans son trafic de drogue. Premier long-métrage du monteur Andrew Hulme, premier rôle pour l’acteur débutant Frederick Schmidt et seconde collaboration entre la source d’inspiration Martin Askew et le réalisateur, qui ont produit un court-métrage ensemble avant cette leçon de vie, Snow in Paradise témoigne que la chance sourit aux audacieux puisque le film s’inscrit dans la plus pure tradition des films de genre, entre Le Parrain et Usual Suspects.
Un coup de maître dont les thématiques se renouvellent sans cesse, noyant le spectateur dans l’univers de ces mafieux très difficiles à situer, alors qu’il est à peine possible de deviner que l’action se déroule à Londres, la ville ne jouant aucun rôle dans un film qui s’attarde sur le drame personnel d’un jeune homme en quête de sincérité. {{© James Taylor-Meme}}Comment s’évader et quitter sa propre famille quand l’étau se resserre progressivement autour de nous ? Le film montre un cheminement entre le crime, la violence, la culpabilité du personnage principal, puis la rédemption et la paix retrouvée grâce à la religion. D’une rare puissance, cette étude de caractère cherche à se détacher des thrillers pour offrir le portrait d’un jeune incompris qui cherche à se réinventer. {{© James Taylor-Meme}}Frederick Schmidt prête ses traits à un jeune homme terrifié, qui a entraîné son meilleur ami dans les sales affaires menées par son oncle, et qui cherche le pardon en se tournant vers l’Islam.
L’interprétation magistrale de cet acteur inconnu, trouvé par les scénaristes au coin d’une rue, montre que des joyaux peuvent se révéler n’importe où et donner des leçons de cinéma à des acteurs confirmés.
Le chemin du personnage de Dave est traité avec une mise en scène si inventive, entre des mouvements de caméra pertinents, une réelle réflexion sur ces jeunes perdus qui se tournent vers le crime et surtout des scènes d’une rare émotion qu’il est impossible pour le spectateur de ne pas partager le grand panel de sentiments qui anime ce jeune trafiquant. {{© James Taylor-Meme}}Le film ne cesse de se distinguer grâce à une maîtrise totale du sujet, un scénario intelligent, des acteurs époustouflants et la manière sensible avec laquelle il cherche à traiter de faits graves et réels avec un angle différent.
Le parcours du personnage symbolise surtout une mutation au cœur de l’Europe. En effet, alors que dans la majorité des films de ce genre, les délinquants en quête de rédemption se tournent avant tout vers le christianisme, Snow in Paradise montre que Dave trouve la paix en se convertissant à l’Islam. Les scènes où le personnage découvre le Coran sont comme un havre de paix et les seuls moments de calme d’un long-métrage qui dépeint une descente aux enfers. {{© James Taylor-Meme}}Le parcours de Dave cherche à donner un éclairage nouveau sur la religion musulmane, en mettant en valeur toute sa beauté et l’aide qu’elle peut apporter à une personne désemparée. Alors que l’Europe connaît des bouleversements graves et cherche à éradiquer les amalgames, ce film se retrouve au cœur d’un sujet d’actualité en montrant un personnage choisir une religion fustigée. Rappeler que la religion musulmane prône la paix avant tout devrait apaiser beaucoup de spectateurs, qui se reconnaîtront dans les questions que se pose Dave.
Parfaitement conscient de la portée politique de son sujet, Andrew Hulme a cherché avant tout à raconter une histoire en engageant une réflexion et en interrogeant sur la nature même du mal. Le résultat est un coup de maître qui devrait faire date, autant pour la carrière du réalisateur que pour un public en quête de renouveau et de bonnes surprises. {{© James Taylor-Meme}}Mise en scène audacieuse, acteurs excellents, sujet en or traité avec une finesse magistrale, Snow in Paradise réussit le pari de raconter une histoire de rédemption, un cheminement dans le crime puis dans la quête de pardon, qui sort des sentiers battus en se distinguant des films de gangsters traditionnels. Une réussite totale et sans aucun doute le début d’une brillante carrière pour Frederick Schmidt.