American psycho
Le 4 septembre 2007
Michael Moore vous agace ? Allez voir Sicko pour vous réconcilier avec lui.
- Réalisateur : Michael Moore
- Genre : Documentaire, Politique
- Nationalité : Américain
- Durée : 2h00mn
- Date de sortie : 5 septembre 2007
- Festival : Festival de Cannes 2007
Résumé : Le système de santé américain est en plein marasme. Car non seulement quarante-sept millions de citoyens n’ont aucune couverture médicale, mais des millions d’autres, pourtant bénéficiaires d’une mutuelle, se heurtent aux lourdeurs administratives du système. Au terme d’une enquête sans concession sur le système de santé dans son propre pays, Michael Moore nous offre un tour d’horizon des dispositifs existants au Canada, en Grande-Bretagne et en France, où les citoyens sont soignés gratuitement.
Critique : On retrouve un Michael Moore morose depuis l’efficacité discutable de son précédent tract qui n’a finalement pas eu l’influence souhaitée. Avec Sicko, il arbore une grise mine et ne provoque pas les surprises générées par ses précédents opus (The Big One et Bowling for Columbine, entre autres). Oui mais voilà : ce serait convenu et cliché de reprocher à l’ami Moore de faire ce qu’il sait bien faire (pointer les injustices et braquer sa caméra comme une arme). Qu’on se le dise : ses intentions de Don Quichotte - montrer par a + b que les Américains sont manipulés par le mensonge et asservis à un gouvernement qu’il craignent - sont plus louables que le lynchage dont il est désormais victime. Si son ennemi juré de George Bush Jr est une nouvelle fois la cible de ses attaques véhémentes, il dissèque désormais le système de santé américain. De quoi trembler. Pour jouer au jeu des comparaisons mondiales, Michael traîne sa caméra aux États-Unis et ailleurs (au Canada, en Grande-Bretagne, en France) pour rendre compte de disparités édifiantes. On lui reproche souvent de se mettre en scène et de prendre la posture du tonton moralisateur mais la délicatesse du documentariste veut que, dans les moments les plus pathétiques, il reste dignement derrière la caméra pour enregistrer la détresse brute. En revanche, dès qu’il s’agit de remonter les bretelles, le poil à gratter donne dans le pamphlet impertinent. Notamment lorsqu’il se pointe en électron libre à Guantanamo. Après, libre à chacun de juger ses méthodes, ses arguments, ses techniques, ses raccourcis et ses amalgames.
Si filmer Paris comme une carte postale angélique peut le décrédibiliser dans son argumentation (surtout lorsqu’il tombe dans une famille plus bourgeoise que moyenne !), si ses ficelles sont connues (opposer le Canada et les États-Unis) et si Moore use de cette manipulation abrasive qu’il dénonce, il faut néanmoins lui reconnaître une vraie éloquence doublée d’une grande humanité qui se manifeste notamment dans la dernière partie, à Cuba, d’une audace folle, où des Américains oubliés et bénévoles post-11 septembre sont soignés sur l’île ennemie. On est proche du raisonnement par l’absurde (amplifier la réalité pour marteler la vérité) et donc de sa volonté de clouer au pilori tous les jugements hâtifs et paranos de ses concitoyens. Audacieusement documenté (les révélations sur Nixon), régulièrement drôle voire touchant, moins mû par l’urgence que Fahrenheit 9/11, Sicko n’enfonce pas les portes ouvertes et règle des comptes sans flinguer à l’aveuglette. On s’amusera d’une pirouette finale réservée à ses détracteurs les plus acharnés. Qui comprendront peut-être qu’on a plus besoin de trublions imparfaits comme Michael Moore que de starlettes radasses à la Britney Spears.
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Norman06 27 avril 2009
Sicko - Michael Moore - critique
Sans doute le système Michael Moore voit ici ses limites : surenchère lacrymale et affective, approximations statistiques (le système de protection sociale français !), montage manipulateur. Mais tel quel, le documentaire reste très drôle et politiquement plus que correct. Agaçant mais indispensable.