Le 3 août 2024
Une œuvre étrange qui passe avec brio de la comédie de mœurs au drame malaisant. Un auteur à suivre.
- Réalisateur : Kristoffer Borgli
- Acteurs : Anders Danielsen Lie, Kristine Kujath Thorp, Eirik Sæther, Fanny Vaager, Fredrik Stenberg Ditlev-Simons
- Genre : Comédie
- Nationalité : Suédois, Norvégien
- Distributeur : Tandem
- Durée : 1h35mn
- Date télé : 3 août 2024 22:18
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : Syk Pike
- Âge : Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
- Date de sortie : 31 mai 2023
- Festival : Festival de Cannes 2022
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Résumé : Signe et Thomas forment un couple toxique qui dégénère lorsque Thomas accède à la célébrité. Signe décide alors de faire n’importe quoi pour se faire remarquer. Vraiment n’importe quoi…
Critique : Présenté dans la section Un Certain Regard du Festival de Cannes 2022, Sick of Myself est le second long métrage (mais le premier sorti en France) de Kristoffer Borgli, cinéaste norvégien installé à Los Angeles. Auparavant, ses courts métrages avaient pu être appréciés dans divers festivals dont Sundance. Le film est produit par Oslo Pictures, société réputée pour Julie (en 12 chapitres) de Joachim Trier, ce que ne manque pas de préciser l’affiche. Et il est clair que les déboires conjugaux des protagonistes ont un air de ressemblance. Pour ce qui est des liens avec d’autres longs métrages scandinaves, on ne manquera pas de mentionner les correspondances avec l’univers de Ruben Östlund : la satire de l’art moderne ravive le souvenir de The Square, quand la rivalité au sein du jeune couple fait écho à celle de Harris Dickinson et Charlbi Dean Kriek dans la première partie de Sans filtre. Là s’arrêtent ces ressemblances, et Kristoffer Borgli a sa singularité, notamment lorsqu’il passe à de la comédie de mœurs au drame presque horrifique, en tout cas malaisant. Signe (l’excellente Kristine Kujath Thorp) est une serveuse qui ne supporte plus de vivre dans l’ombre de son petit ami, un sculpteur à la renommée surfaite, qui attire l’attention de leur réseau d’amis et de connaissances.
- © 2022 Oslo Pictures. Tous droits réservés.
Aussi, quand elle est mêlée malgré elle à un fait divers (l’agression d’une des ses clientes par un chien), elle réalise qu’attirer l’attention sur elle par tous les moyens est indispensable pour atteindre la célébrité, ce qui lui confirme une recherche Internet sur une étrange maladie de la peau. Signe, qui ment comme elle respire, provoque ainsi une pathologie, et pense connaître son heure de gloire, quitte à y laisser sa santé. On peut voir dans Sick of Myself une satire du narcissisme et de l’individualisme excessif, amplifié par l’emprise des réseaux sociaux et le culte de l’apparence. Le scénario propose aussi une satire percutante du tout-inclusif, à travers l’évocation d’une agence de mannequins cherchant à recruter des jeunes femmes hors norme, et ce dans un but purement mercantile. Ne serait-ce que par ces aspects, Sick of Myself est assez réjouissant. Mais le film dépasse ce cadre sociétal pour proposer le vertigineux récit d’une métamorphose, glissant vers ce qu’il est désormais convenu de nommer le « body horror movie ». La vengeance de Signe, qui lui fera miroiter un temps la réussite, ne résistera pas à sa décrépitude corporelle.
- © 2022 Oslo Pictures. Tous droits réservés.
Plus proche des ambiances de Cronenberg que de la superficialité du Dans ma peau de Marina de Van, l’œuvre de Kristoffer Borgli fascine et déconcerte, sans valoir toutefois des modèles du genre que sont Les yeux sans visage ou Elephant Man. « Je voulais capturer l’inconfort de cette histoire de la plus belle façon possible. J’ai voulu la tourner durant les très beaux étés que nous avons à Oslo. Je souhaitais que l’on soit hors du temps autant que possible, pour contrebalancer le côté très contemporain de l’histoire avec la thématique intemporelle du narcissisme et de la jalousie. Les prises de vue en 35mm étaient aussi une évidence et nous avons incorporé beaucoup de musiques classiques, pour, je l’espère, créer un film à la frontière tenue entre l’horreur et le magnifique », précise le réalisateur dans le dossier de presse. On regrettera toutefois l’humour un brin lourdaud de certaines séquences, qui désamorce la tension sans apporter de plus-value à la narration. Tel quel, Sick of Myself révèle un authentique auteur dont on attend avec intérêt la prochaine livraison.
– Sélection officielle Cannes 2022 : Un Certain Regard
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