Le 20 juin 2011
Le réalisateur réussit le pari de lancer un pavé dans la mare d’une certaine Amérique puritaine, mais en cohérence avec son projet. La forme en apparence déstructurée est en harmonie avec son hymne à la liberté.
- Réalisateur : John Cameron Mitchell
- Acteurs : Paul Dawson, Sook-yin Lee, Lindsay Beamish, Jay Brannan, PJ DeBoy, Mickey Cottrell
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Américain
- Distributeur : Bac Films
- Editeur vidéo : BAC Vidéo
- Durée : 1h42mn
- Date de sortie : 8 novembre 2006
- Festival : Festival de Cannes 2006
Résumé : Plusieurs personnages new-yorkais fréquentent un club underground moderne, Shortbus, où s’expriment toutes les sexualités.
Critique : John Cameron Mitchell, auteur du dément Hedwig and The Angry Inch, déclare s’être inspiré de Mike Leigh lors d’ateliers avec ses acteurs. Il propose de suivre le parcours de personnages en quête d’épanouissement, dans un New York underground et branché, décor de convention. Cercle hors norme où se mélangent sexe, art et politique, le Shortbus est un café littéraire jouant aussi la carte du plaisir des corps. À l’instar de Requiem for a Dream, le montage suit trois trajectoires qui se croisent en alternant situations fantaisistes et dramatiques. Une sexologue en manque d’orgasme, un couple de gays hésitant à ouvrir leur relation à un troisième partenaire et un jeune homme taciturne épiant la vie des autres forment une belle brochette de névrosés, et la base d’un scénario non conformiste. Le réalisateur réussit le pari de lancer un pavé dans la mare d’une certaine Amérique puritaine, mais en cohérence avec son projet. La forme en apparence déstructurée est en harmonie avec son hymne à la liberté. Quelques séquences mémorables s’inscrivent déjà dans la mémoire : l’après-générique avec caméra volant au-dessus d’une maquette animée de la ville, la souillure d’une toile de Pollock, ou encore une émouvante confession dans un placard... En fait, le cinéaste évite la roublardise de certains films faussement subversifs et cherchant à capter l’air du temps (About Schmidt d’Alexander Payne). Il refuse aussi la provocation gratuite et la laideur de certaines œuvres politiquement incorrectes Borat de Sacha Baron Cohen). La nouveauté de son ton et de sa mise en scène s’inscrit plutôt dans la filiation de la trilogie de Paul Morrissey ou des premiers Fassbinder.
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giridhar 30 juillet 2007
Shortbus - John Cameron Mitchell - critique
Si l’on est surpris, lors des premières séquences, que le film ait failli être autorisé aux plus de 12 ans, l’hésitation des censeurs trouve vite son explication. Certes John Cameron Mitchell ne dissimule rien de la sexualité de ses personnages, mais son oeuvre demeure avant tout ( comme dans le cas de "Ken Park" ), un drame humain profondément émouvant, et n’a rien de commun avec les utilisations bassement pornographiques de la chair humaine, dans son aspect le plus tristement répétitif. Outre l’originalité conceptuelle, rare dans le cinéma, d’avoir recruté sur Internet, au fil des mois, des acteurs pour la plupart non professionnels, qui se révèlent exceptionnels dans un registre pour le moins délicat, le réalisateur nous gratifie d’un regard confondant d’humanité et, parfois, de légèreté, tout en accompagnant ses protagonistes dans les abîmes de la détresse et du désespoir.
Mais, ce qui est sans doute le plus remarquable dans cette approche généreuse, respectueuse, et, surtout, gorgée d’amour, c’est l’art souverain de faire basculer, en quelques secondes, le regard que le spectateur porte sur les personnalités. Par le pouvoir d’une image (Severin, la maîtresse du sado-maso, prenant en photo une vieille femme fouillant dans un égoût), par la grâce de quelques phrases (la confession de Tobias, l’ex-maire de New York), par l’émotion qui jaillit d’une séquence (James et son sac en plastique dans la piscine), des êtres peu sympathiques, voire même rebutants, se métamorphosent en âmes tourmentées, en fragiles oiseaux blessés, dont la détresse nous frappe en plein coeur. Alors, il est toujours possible d’ergoter en arguant que les pathologies des créatures de ce microcosme semblent parfois amenées artificiellement. Que la finesse psychologique pointe parfois aux abonnés absents. A vrai dire, lorsque la spontanéité, la sensibilité, et la compassion jaillissent avec une telle acuité, le mental et son raisonnement ont le droit, voire même le devoir, de se faire oublier. Et que dire de ces dix minutes finales, dont on voudrait prolonger la magie éternellement, qui bercent le spectateur dans une apesanteur galactique d’amour et d’extase ? Une pure merveille d’émotion digne, capable de fendre le coeur des pierres...
Voir en ligne : Divine Mosaïque
Norman06 22 avril 2009
Shortbus - John Cameron Mitchell - critique
Réjouissant film libertaire et amer sur le libertinage. Des séquences déjà cultes. Une perle du cinéma underground.