Shirin - fiche film

Le nouveau film d’Abbas Kiarostami, qui pousse toujours plus loin l’expérimentation filmique et réalise le portrait singulier de la femme iranienne d’aujourd’hui.

L’argument : Cent quatorze personnes assistent dans la salle obscure d’une salle de théatre à l’adaptation de Khosrow et Shirin, un poème iranien de Nezami Ganjevi datant du 12ème siècle.

Notes : Quelque part entre l’expérimentation et le docu-fiction : voilà ce qui pourrait définir la veine dans laquelle s’est engagée Abbas Kiarostami depuis quelques films, suite à sa Palme d’Or pour Le goût de la cerise en 1997. Après Five, Ten to ten et sa participation au collectif Tickets (aux côtés de Ken Loach et de Ermanno Olmi), Abbas Kiarostami pose sa caméra dans une salle de théâtre, côté public, réalisant en plan fixe le portrait de cent quatorze femmes.
On retrouvera parmi ces "spectatrices" de nombreuses actrices iraniennes contemporaines : Golshifteh Farahani et Taraneh Alidousti (vues récemment dans A propos d’Elly, qui eut un grand retentissement critique), Niki Karimi (réalisatrice et comédienne d’Une nuit, sorti en 2006) ou encore, côté français, Juliette Binoche (actrice du prochain Kiarostami). L’occasion de mettre en résonance les statuts, en Iran, de la femme d’aujourd’hui et celle d’autrefois, puisque la pièce de théâtre présente dans le film (dont on ne voit rien, mais dont on entend tout) est l’adaptation d’un conte persan du XIIe siècle, Khosrow et Shirin. Celui-ci relate l’histoire tragique de Shirin, une princesse chrétienne courtisée par le roi de Perse, Khosrow II, qui éloignera d’elle tous ses prétendants pour ne pas entraver son amour despotique.