Sept nuits

"Un bonheur ne vient jamais se poser précisément sur le désir qui l’avait appelé"... Cette morale proustienne façonne la vision du plaisir selon Alina Reyes, plaisir qui ne peut être atteint avec force et hauteur qu’après une montée progressive du désir, savamment maîtrisée. La thématique de l’attente et l’exercice de la patience est en effet inhérente à l’œuvre d’Alina Reyes, grande prêtresse de la littérature érotique. Son dernier roman, Sept nuits, n’échappe pas à la règle.

Une femme a rendez-vous dans une chambre d’hôtel avec un homme. Elle ouvre la porte, excitée et la main tendue, mais il la repousse légèrement et se contente de lui souffler à l’oreille "pas tout de suite". La distance inaugure sept nuits de jeux érotiques qui seront comme autant de défis à la maîtrise des sens, telle l’épée qui sépare le corps d’Héloïse et Abélard pour gérer la gradation du désir qui s’en décuple d’autant. L’extase ultime les attend.

Ponctué d’épreuves, ce chemin vers la jouissance ne donne pour autant jamais prétexte à quelque tristesse ou réelle blessure et la parole et le rire forgent autant que les caresses la complicité amoureuse. Le corps est magnifié et l’autre toujours respecté. On ne trouvera en effet pas chez Alina Reyes de mornes mêlées de corps où le sexe automatisé et banalisé s’industrialise, mais des joutes amoureuses flamboyantes qui s’achèvent dans un feu d’artifice spectaculaire. Au service de cette fête des sens, une finesse de style qui glisse et crisse tel un bas de soie sur une cuisse pour suggérer élégamment la douceur de la chair et la tension du désir. Jouissif !