I saw Saw and it was saw good...
Le 5 mars 2005
Enquête sur le mystère Saw.
- Réalisateur : James Wan
- Voir le dossier : "Saw" et ses sequels
- Plus d'informations : Portrait de Jigsaw
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Enquête sur le mystère Saw.
Il arrive parfois que des réussites se résument à des équations. Un synopsis excitant + des rebondissements incroyables + du gore et des frissons à foison + un script intelligent + un mise en scène diabolique = Saw, un thriller traumatisant, effrayant au possible et très retors. Saw ou le film qu’il faut avoir vu. Impérativement.
Première scène : deux hommes que tout sépare se réveillent enchaînés au mur d’une salle de bains. Ils ignorent où ils sont et ne se connaissent pas. Ils savent juste que l’un doit absolument tuer l’autre. Dans le cas contraire ils seront exécutés tous les deuxdans moins de huit heures. Mais qui se cache derrière cette machination ? Pourquoi sont-ils ici ? Qui est qui ? Pendant ce temps, deux flics mènent l’enquête et ne seront pas au bout de leur surprise... Produit par Twisted Pictures (ce qui ne s’invente pas) et distribué par Lions Gate Films (on ne remerciera jamais assez Metropolitan pour l’avoir sorti dans l’Hexagone), Saw pourrait bien s’imposer comme une authentique référence du genre, avec son absence de respect pour les règles du thriller horrifique, ses coups de théâtre impromptus, ses parenthèses poignantes et son huis clos tétanisant.
Personne, à l’origine, n’aurait misé un sou sur le projet d’un jeune inconnu de 27 ans (James Wan), surtout avec un casting aussi anonyme, mais son récent carton au box-office US (18,3 millions de dollars sur 2315 écrans à la fin de semaine d’Halloween) et son bouche-à-oreille plus qu’excellent qui ne cesse de croître depuis sa présentation dans divers festivals (marché du film à Cannes, Sundance...) ont poussé les distributeurs français à fixer une date de sortie. Saw a ainsi décroché la première place au box-office le jour même de l’Halloween. Les revenus cumulés de vendredi, de samedi et de dimanche du week-end Halloweenesque ont simplement dépassé les prévisions des experts de l’industrie. C’est un tel succès que Lions Gate Films et Twisted Pictures ont souhaité que l’aventure Saw continue dans un second opus prévu dans les salles américaines à Halloween 2005. Et chez nous, quand ? That’s the question...
Sommairement, Saw fonctionne comme un dédale méandreux où tout le monde est un suspect potentiel. Au fil du script, écrit par Leigh Whannell (qui joue Adam dans le film), on découvre effectivement que tous les personnages ont une identité double ou morcelée et qu’ils cachent en eux des secrets et des failles qu’ils ne révèlent que progressivement. Cette attention portée à la psychologie des personnages (passant ainsi avant les deus ex machina, les rebondissements spectaculaires, au détriment même du rythme) est remarquable dans un cahier des charges de série B. D’où l’immense qualité de ce Saw qui parle précisément de l’instinct de survie et de la chance d’être toujours en vie. Pareillement, certaines scènes gore vont à l’encontre de la politique actuelle, où le consensus et l’aseptisation sont rois, et donnent à voir des images percutantes.
En apparence, Saw est un énième thriller qui emprunte de bonnes idées chez les autres, ce qui ne serait qu’un péché véniel à une heure où tout le monde copie tout le monde. En réalité, il casse la figure aux figures imposées du genre avec une innocence roublarde. Questions références, on pense beaucoup à l’univers sombre et glauque de David Fincher (Se7en pour le duo de flics, la minutie des meurtres et des cadavres et l’intelligence perverse du tueur ; et surtout The game à des degrés divers). Mais également à l’excellent Out of order de Carl Schenkel, par extension à Cube (les personnages isolés du monde, prisonniers d’un lieu clos) et fatalement au Silence des agneaux (pour l’univers du tueur méticuleusement décrit). Mais ce maelström de références ne saurait cacher l’ironie et l’originalité d’un film malsain qui ne ressemble qu’à lui-même.
Parallèlement, Wan instille l’angoisse par des effets plus ou moins connus, exploités de manière extraordinairement efficace, comme par exemple la peur du noir et de l’inconnu (cf. la scène dans la chambre de la fillette aux réminiscences de Poltergeist). Se situant presque aux antipodes, la seconde partie, plus explicite, évacue tout le mystère, tente dans un temps plus concis de faire surabonder des coups de théâtre, tous inimaginables arrivés à ce bout de pelloche, jusqu’au dernier (dont tout le monde parle) qui ne se révèle que dans les cinq dernières minutes. Il serait criminel de le divulguer parce qu’il est impossible à deviner. Tout se passe dans la dernière minute, la toute dernière, hallucinante et si perverse qu’elle hante longtemps l’esprit après la projection. Et ce genre de trouble est exquis. Ne cherchez pas qu’on vous dit, vous vous ferez avoir comme tout le monde.
Wan est en fait un petit malin qui mélange les vraies révélations avec de fausses pistes. Le film avance comme il fait demi-tour et place le spectateur au centre d’une toile d’araignée remarquablement tissée. On se met à rêver du classique en or massif qu’il serait devenu s’il avait bénéficié d’un casting de stars. Mais, en l’état, ce premier long métrage impressionne furieusement et fait l’effet d’une bombe. Du très beau travail, en attendant son passage - qu’on souhaite remarqué - à Gérardmer et sa sortie - bis repetita - en salles le 16 mars prochain.
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