Reptilien
Le 25 avril 2010
Est-il possible de construire un amour filial à partir de rien ? Pablo Aguero répond avec sensibilité mais aussi un peu de maladresse, dans ce film plus gris souris que pastel, et qui provoque un malaise réel.
- Réalisateur : Pablo Aguero
- Acteurs : Dolores Fonzi, Joaquin Aguila, Daniel Fanego
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français, Argentin
- Date de sortie : 21 avril 2010
- Plus d'informations : Le site officiel du film
- Festival : Festival de Cannes 2008
– Durée : 1h27min
Est-il possible de construire un amour filial à partir de rien ? Pablo Aguero répond avec sensibilité mais aussi un peu de maladresse, dans ce film plus gris souris que pastel, et qui provoque un malaise réel.
L’argument : Alba est venue récupérer Inti. Il a six ans ; elle, trente. Ils ne se connaissent pas. Lunatique, bavarde, naïve, Alba entraîne Inti en auto-stop jusqu’à une vallée de la Patagonie : El Bolson (Zone non nucléaire), refuge de renégats venus des quatre coins du monde. Chez le défunt Dr Schulz, jour et nuit se confondent en une fête sans fin, parmi de beaux monstres, des collections d’insectes et une foule d’animaux errants. Aux pieds de la cordillère, les enfants des paysans jouent à démolir une école et à attaquer les maisons des nouveaux venus. Dans ces deux mondes impossibles, Alba et Inti essayent de construire une vie de mère et fils. Alba accrochée à sa rêverie, Inti à son kit de survie.
Notre avis : Salamandra est un film rêche, plein d’aspérités qui font mal lorsque l’on s’y frotte. Préoccupé des liens susceptibles de se créer entre une mère et son fils, un nouveau venu et une communauté, l’homme et le monde, Pablo Aguero pointe en réalité sa caméra à l’endroit où ces liens se distendent et se rompent. Dans ce film qui souhaite traiter entre autres thèmes de l’enfance, le petit Inti, six ans, interprété avec une stupéfiante âpreté par Joaquin Aguila, joue peu (ou avec des jouets qui n’en sont pas : un couteau, un guide de survie), rit à peine, paraît tour à tour trop grand ou trop minuscule, toujours mal adapté à l’environnement dans lequel il est propulsé. A côté de lui, sa mère qu’il hésite sans cesse à appeler « Maman » ou « Alba », fume cigarette sur cigarette et cache son manque d’assurance par un regard de défiance lancé aux autres et à la vie. On ne saura jamais vraiment qui protège l’autre, et c’est dans ce nuancier des rapports humains que réside la complexité de Salamandra, qui provoque un malaise réel en s’interdisant toute facilité pathétique et bons sentiments familiaux. Ce que semble montrer Pablo Aguero, c’est que la « marginalité » (sociale, émotionnelle...) peut revêtir une forme plus ou moins aiguë, qui témoigne de détresses diverses, et dans laquelle sont potentiellement capables de plonger des hommes et des femmes venus de tous les horizons.
- © JBA Productions
Etrangement, c’est par là même que le réalisateur pointe également sa faiblesse majeure : occupé à filmer des personnages désoeuvrés et en proie à l’errance, c’est de la même manière erratique qu’il mène Salamandra, dont la progression se mue malgré tout en flux assez monotone. Le choix crucial et « anti-psychologisant » d’ellipses narratives marquées, ou de béances dans l’information donnée au spectateur, acquiert certes toute la force de la suggestion ; mais le revers en est aussi l’impression d’une suite de séquences discontinues, qui peinent à se renouveler. Systématiquement, Aguero s’attache à obtenir une image sale (enfoncée dans l’obscurité ou éclairée par une lumière blâfarde), faisant ressortir la crudité de personnages filmés de près et nerveusement suivis par la caméra à l’épaule : si le procédé a ses moments d’intensité heureuse, son effet finit par retomber et les séquences par s’éterniser. Sur le plan narratif, le cinéaste hésite constamment entre assumer une construction par esquisses et une approche plus traditionnelle ; ce qui, malheureusement, fait demeurer un certain nombre de personnages dans un entre-deux un peu décevant (en particulier le dur à cuire sujet à la rédemption, qui apprend à Inti à lire), quand les acteurs et la mise en scène avaient clairement l’ambition de les porter plus loin. Salamandra reste comme une promesse à moitié tenue : un voyage singulier, mais un peu trop secoué de cahots pour tenir la route jusqu’au bout.
- © JBA Productions
Galerie photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Norman06 30 juin 2010
Salamandra - La critique
Mal joué (sans cette distanciation qui fait la valeur des castings non professionnels), figé dans son écriture et son dispositif (plans séquences poseurs), le film ne parvient jamais à convaincre, tant ce misérabilisme glauque semble relever d’un autre âge cinématographique.