Le 5 septembre 2021
Si derrière la figure de ce juge l’ombre probable d’un certain Harvey Weinstein, Pablo Agüero réalise une œuvre autant fascinante que militante.
- Réalisateur : Pablo Aguero
- Acteurs : Alex Brendemühl, Daniel Fanego, Amaia Aberasturi, Garazi Urkola, Yune Nogueiras
- Genre : Drame historique
- Nationalité : Espagnol, Français, Argentin
- Distributeur : Dulac Distribution
- Durée : 1h32mn
- Titre original : Akelarre
- Date de sortie : 25 août 2021
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Résumé : Pays basque, 1609. Six jeunes femmes sont arrêtées et accusées d’avoir participé à une cérémonie diabolique, le Sabbat. Quoi qu’elles disent, quoi qu’elles fassent, elles seront considérées comme des sorcières. Il ne leur reste plus qu’à le devenir…
Critique : Elles sont tisserandes et leur silhouette gracieuse défile dans l’air léger des montagnes et de la mer. Sauf que nous sommes en 1609, au cœur du pays basque espagnol, période où le roi organise une inquisition redoutable qui conduit au bucher des centaines de jeune filles accusées de sorcellerie. Quand le magistrat débarque dans le village, accompagné de ses assistants et de sa horde de soldats, les jeunes femmes ne se doutent pas un seul instant qu’elles seront arrêtées et condamnées pour faits de sorcellerie, d’autant que les hommes ont quitté les terres depuis de longues semaines et ne devraient pas revenir de leur pêche avant la prochaine pleine lune.
- © David Herranz
Les sorcières d’Akelarre n’est pas un film fantastique. Derrière les décors historiques et flamboyants, se cache un récit d’une profonde actualité. Il parle de l’impossible émancipation des femmes dans un contexte particulier qui pourrait être l’Afghanistan ou encore les affres démoniaques d’un certain Weinstein. La danse, le chant, la liberté et surtout la beauté deviennent chez les jeunes femmes autant une opportunité à les diaboliser qu’un enjeu d’attraction et de rejet à la fois. L’accusation de sorcellerie procède ainsi chez les hommes de la crainte de leurs propres désirs. L’insouciance, la joie et la sensualité de ces jeunes filles deviennent une arme de pouvoir incroyable que les religieux tentent de réfréner par l’invention de ces procès. Le film souffre parfois d’une mise en scène très emphatique où les gamines en rajoutent dans l’expression de leur émancipation et les hommes sont traités avec caricature. Pour autant, la narration fonctionne comme un thriller qui tient en haleine le spectateur jusqu’au dénouement final, d’ailleurs assez improbable.
- © David Herranz
La photographie est très soignée. Le film choisit une lumière assez sombre, qui s’interpose parfois dans des décors maritimes absolument magnifiques. La couleur rouge raconte le feu et la nuit qui détruisent les jeunes femmes amoureuses de leur liberté. Parfois, l’esthétique de l’image fait craindre une tonalité érotique du récit, renforcée par le jeu sensuel des comédiennes. Mais le réalisateur échappe à ce qui aurait pu être une véritable faute de goût. Son métrage ménage un intérêt croissant avec un rythme accordant une place de choix à la musique et suscitant le suspense. D’ailleurs, la dernière partie dont on pourrait discuter la vraisemblance de l’issue, se transforme en une sorte de symphonie de sons, couleurs et émotions. Les jeunes femmes font la démonstration incontestable que la liberté des peuples et des cultures prend toujours son origine avec le prétendu sexe faible. Les sorcières d’Akelarre est écrit comme un hommage aux combats sociaux que mènent les femmes à travers le monde pour gagner leur intégrité intellectuelle, physique et émotionnelle.
- © David Herranz
Voilà donc un joli film qui pourrait servir de modèle aux femmes d’Afghanistan qu’un régime religieux et autoritaire s’apprête à dépouiller de leur liberté. Mais il invite à notre vigilance car, si cette histoire se passe dans un temps ancien en Europe, le risque d’une persistance de la domination masculine est toujours actuel.
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