Le 13 septembre 2013
Une tragi-comédie sans prétention, au charme doucereux et au scénario des plus prévisibles, qui parvient tout de même à séduire grâce à l’interprétation de ses actrices.


- Réalisateur : Laïla Marrakchi
- Acteurs : Lubna Azabal, Hiam Abbass, Morjana Alaoui, Nadine Labaki, Adel Bencherif
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Marocain
- Durée : 1h40mn
- Titre original : Rock the Casbah
- Date de sortie : 11 septembre 2013

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Après Marock, premier long sur la jeunesse dorée de Casa sélectionné à Un Certain Regard en 2005, Laïla Marrakchi brode sur ses thèmes de prédilection : la famille, le Maroc entre tradition et modernité et l’amour interdit. Une tragi-comédie sans prétention, au charme doucereux et au scénario des plus prévisibles, qui parvient tout de même à séduire grâce à l’interprétation de ses actrices.
L’argument : C’est l’été à Tanger. Une famille se réunit sur 3 jours dans la maison familiale suite au décès du père, pour se remémorer les souvenirs et partager sa perte, comme le veut la tradition musulmane. Il faut quitter les plages, les maillots de bain pour se vêtir de djellabas, réunir tout le monde et donner à la maison des allures d’enterrement. L’agitation est à son comble d’autant plus que cet homme n’a laissé derrière lui que des femmes. Tout va basculer avec l’arrivée de Sofia, la dernière des filles, celle qui a fait sa vie ailleurs. Actrice n’interprétant que des rôles de terroristes dans des séries américaines, elle arrive de New York après plusieurs années d’absence. Son retour va être le moyen de régler ses comptes avec ses sœurs et bouleverser l’ordre établi depuis toujours par ce patriarche. Entre rire et larmes, une hystérie collective va mener chacune de ces femmes à se révéler à elle-même...
Notre avis : Dans sa casbah surplombant un Tanger de cartes postales, Moulay Hassan, le patriarche qui vient de passer de vie à trépas, se dématérialise pour porter son regard protecteur sur les vivants. Sorte de Xanadu d’un Charles Foster Kane marocain, le palais semble bien vide sans la présence du maître de maison, interprété par un Omar Sharif en pleine forme, dont les apparitions offrent au récit une sorte de candeur empreinte de nostalgie. Mais c’était sans compter l’arrivée de la fille cadette, fraîchement débarquée de Hollywood avec son garnement, qui vient semer la zizanie, remettant en question l’aveugle obéissance de ses sœurs au papa adulé, personnification du poids de la tradition. Le film empile les clichés et présente une galerie de personnages stéréotypés sans réelle profondeur. Du coup, le tout manque cruellement d’émotion et on ne parvient jamais à s’impliquer complètement dans l’histoire. On s’attendait à ce que la réalisatrice fouille davantage le background de ses égéries et dénonce de manière plus subtile l’écrasement de la femme par l’autorité du père ou du mari. Au lieu de cela, l’intrigue, dont les rebondissements sont totalement téléphonés, tourne en vase clos, les trois jours de l’enterrement servant de toile de fond à un pseudo éveil des consciences menant à un embryon d’émancipation des femmes. Un règlement de compte qui manque de punch, en particulier au niveau des dialogues, qui, s’ils sont dans l’ensemble plutôt bien écrits et parfois drolatiques, sont délestés de cette dose d’ironie qui aurait permis à Rock the Casbah de s’élever au delà de la basique comédie de mœurs. Autre lacune, l’écart entre rire et larmes est bien trop important pour que le récit reste crédible, et le happy end final fait définitivement basculer le film dans le baquet de guimauve.
En résumé, de nombreuses pistes pas assez exploitées et une réalisation trop sage font de Rock the Casbah un petit divertissement familial que l’on devrait assez vite oublier. Dommage.