Riparo

Plus qu’une réfléxion sur les minorités (homosexuelle et éthnique), Riparo peint le portrait subtil de trois personnages attachants aux destins croisés.

L’argument : Quand Anna et Mara rentrent de voyage de Tunisie, Anis, un jeune immigrant marocain, se cache dans leur voiture pour passer la frontière italienne. Les jeunes femmes décident de l’emmener avec elles. Pendant un temps, les trois personnages nouent une relation intense et inhabituelle. Mais cet équilibre est précaire...

Notre avis : La force du film réside ici dans la représentation sans fausse pudeur du couple formé par Anna et Mara, partagé entre le désir et le doute, et miné par une défiance réciproque que l’irruption dans leur vie d’un jeune immigré clandestin va peu à peu contribuer à mettre en évidence. Si, chacun de leur côté en mal de famille, Anna, Mara et Anis trouvent un temps à s’épanouir au sein de ce foyer impromptu à mi-chemin entre le ménage à trois et la famille recomposée, le jeune garçon agit au fil du film comme un miroir grossissant qui, tout en renvoyant Anna à son besoin de maternité et en poussant Mara à remettre en question sa sexualité et les raisons qui l’ont poussée à aller vivre chez Anna, après un divorce difficile, exacerbe le sentiment de différence sociale entre les deux jeunes femmes (Anna occupe un poste à responsabilité au sein de l’entreprise de sa mère dans laquelle Mara est elle-même employée comme ouvrière). Leurs réactions, confrontées à la précarité que connait Anis, finissent ainsi par renvoyer dos à dos le « chacun pour soi » de Mara et une propension chez Anna à aider son prochain, rendue aisée par son statut de privilégiée. Seul bémol, la multiplication des problématiques conduit le film à traiter plus sommairement tel ou tel aspect des rapports entre les personnages. Mais si la description du regard mêlé d’incrédulité et de colère qu’Anis, marocain, porte sur l’homosexualité d’Anna et Mara souffre de quelques raccourcis, le film offre au passage un portrait au vitriol d’une certaine classe bien pensante représentée par la famille d’Anna, qui, plutôt que de fustiger ouvertement l’homosexualité, préfère ignorer souverainement la question.
Quatrième film italien de Maria de Meideros, Riparo offre à l’actrice portugaise un beau rôle entre force et fragilité, qui lui a valu le Globe d’Oro (Golden Globe italien) de la meilleure actrice européenne, tandis que celui du meilleur espoir féminin était attribué à sa partenaire, Antonia Liskova.
Une œuvre, au-delà de sa portée sociale, profondément humaine.