Le tourbillon de la vie
Le 2 mai 2019
Une séparation sans fausse note est le point de départ d’un film générationnel, qui permet à Ricardo Darín de revenir à la comédie.
- Réalisateurs : Juan Vera - Juan Vera
- Acteurs : Ricardo Darín, Mercedes Moran, Claudia Fontán, Jean-Pierre Noher
- Genre : Comédie, Romance
- Nationalité : Argentin
- Distributeur : Eurozoom
- Durée : 2h16mn
- Titre original : El Amor Menos Pensado
- Date de sortie : 8 mai 2019
Résumé : Marcos et Ana ont 50 ans et sont mariés depuis 25 ans. Après une grosse crise existentielle, le couple décide de se séparer. D’abord fascinant et intense, le célibat se révèle bientôt monotone pour elle et presque un cauchemar pour lui.
Notre avis : Réunir Ricardo Darín et Mercedes Morán pour son premier long-métrage ? Le pari était risqué, encore plus lorsque l’on propose au célèbre comédien argentin d’en être également le producteur. Pourtant, face à la qualité du scénario et à la puissance de l’écriture, surtout des dialogues, les deux acteurs n’ont pas tardé à accepter d’être dirigés par Juan Vera, qui officiait comme producteur et scénariste depuis une vingtaine d’années, avant de succomber à l’appel de la caméra. Avec Retour de flamme, il signe une comédie générationnelle, qui ravira les cinquantenaires et plus, peu habitués à être la cible privilégiée du septième art. Alors qu’on ne compte plus les films et séries qui évoquent l’adolescence et le délicat passage à l’âge adulte, un gouffre abyssal s’ouvre dès que le cinéphile recherche un film de référence, sans clichés ni raccourcis faciles, qui s’attarde sur ce moment délicat où le parent lambda cesse de vivre avec sa progéniture, sans pour autant voir sonner l’âge de la retraite. Ce syndrome du nid vide - nom donné à une forme de dépression qui touche les parents quand leurs enfants quittent le domicile familial-, constitue le point de départ de ce long-métrage très intéressant, délicat et surtout harmonieux.
- © Filmax
Il n’est en effet ici pas question de crise, de vaisselle cassée ou de hurlements, ce qui est souvent le cas lorsque l’on voit sur grand écran un couple se séparer. Avec réalisme, sans vulgarité ni violence, Retour de flamme montre deux personnes qui décident, à la suite de longues conversations teintées d’élégance et de respect, de ne plus vivre ensemble. Cette séparation permet au film de varier les styles, passant de la comédie au drame, tout en suivant les personnages au sein de différents actes. Organisé en plusieurs parties, de la séparation au lent apprentissage d’un quotidien à construire seuls, après vingt-cinq ans de vie commune, le long métrage change sans cesse de ton, abordant des aspects psychologiques, romantiques et comiques, selon les situations que ces deux personnages très attachants, campés par deux acteurs dans leur élément, peuvent rencontrer. La beauté du couple formé par Ricardo Darín et Mercedes Morán est l’élément le plus attractif, tant ils partagent des scènes dont la densité leur permet d’approfondir un flot de sentiments qui nous parlent à tous.
La qualité du scénario écrit par Juan Vera et Daniel Cúparo fait le reste, avec des dialogues d’une grande fluidité, qui laisse la possibilité aux acteurs de creuser la personnalité de leurs personnages respectifs. Sans oublier un humour décapant, certaines scènes hilarantes venant ponctuer cette séparation, qui en devient très raffinée, pour ne pas dire franchement amusante.
- © Filmax
En couvrant plusieurs années de vie des personnages, qu’elles concernent leur vie commune ou séparée, le film prend son temps, car il veut être à l’image de ce couple, mais aussi de sa génération. En se fondant sur l’idée que comprendre pourquoi on n’est pas heureux demande de la maturité et du recul, Retour de flamme permet aux personnages d’explorer, de chercher le bonheur et d’accepter de le trouver. Mais ce rythme lent et des séquences souvent très longues font que le film manque parfois de dynamisme. Si la mise en scène se révèle assez classique, le montage ne permet pas de discerner vraiment en quoi un acte est plus important qu’un autre, perdant le public dans un amoncellement de sentiments, dont on souhaiterait connaître les effets. Le spectateur souvent impatient risque de gesticuler dans son fauteuil, attendant la fameuse flamme qui permettrait à ce très long métrage de proposer enfin un dénouement plus bouillonnant que les deux heures qui viennent de s’écouler.
Ce film est finalement à l’image de la vie de couple qu’il dépeint : tout ne peut pas y être parfait.
- © Filmax
Galerie Photos
Le choix du rédacteur
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
ceciloule 22 mai 2019
Retour de flamme - la critique du film
Effectivement, sans doute un peu long mais la lenteur - ou plutôt la nonchalance - de ce film ne m’a pas dérangée : on apprend à connaître les personnages, on voit passer les jours, on les observe s’éloigner, se rapprocher puis s’éloigner à nouveau. Le jeu des acteurs est de très haut vol et le scénario mêle tendresse, drôlerie et drame à la perfection (plus d’infos ici : https://pamolico.wordpress.com/2019/05/22/lamour-a-cinquante-ans-retour-de-flamme-juan-vera/ ;))