Le 30 août 2024
Un portrait tout en délicatesse sublimé par une Karin Viard au sommet de son art.
- Réalisateurs : David Foenkinos - Stéphane Foenkinos
- Acteurs : Bruno Todeschini, Karin Viard, Anaïs Demoustier, Anne Dorval, Thibault de Montalembert, Corentin Fila, Dara Tombroff
- Genre : Comédie
- Nationalité : Français
- Distributeur : Universal - StudioCanal
- Durée : 1h42mn
- Date télé : 6 septembre 2024 22:55
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 8 novembre 2017
- Festival : Festival d’Angoulême 2017
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Résumé : Nathalie Pêcheux, professeure de lettres divorcée, passe quasiment du jour au lendemain de mère attentionnée à jalouse maladive. Si sa première cible est sa ravissante fille de 18 ans, Mathilde, danseuse classique, son champ d’action s’étend bientôt à ses amis, ses collègues, voire son voisinage...
Critique : Six ans après La délicatesse, les frères Foenkinos dressent avec la finesse qui les caractérise un nouveau portrait de femme. Ils s’attaquent cette fois à la jalousie, ce sentiment d’exclusivité qui ne supporte pas le partage selon la définition du dictionnaire. Au-delà d’être dévorée par la jalousie, Nathalie est en proie à un mal-être général, renforcé par la crise de la cinquantaine. On pourrait tout simplement la ranger dans la catégorie des « méchantes » et en rester là. Mais tout le talent des réalisateurs consiste à nous décrire un personnage complexe aux mille facettes pour lequel on finit par se prendre d’affection.
- Mandarin Production/StudioCanal/Fr2 cinéma/Séverine Brigeot
Nathalie ressent comme une agression le bonheur et la réussite des autres. L’éclosion de la beauté et de la jeunesse de sa fille lui devient insupportable à un moment où elle a le sentiment que sa vie personnelle décline. De plus, alors qu’elles ont toujours été très proches, Mathilde préfère désormais sortir avec ses copains, creusant chez sa mère, femme forte et dominatrice, un sentiment d’abandon. Sans aucune gêne, elle étendra son aigreur à son entourage le plus proche. C’est ainsi qu’elle fait remarquer à l’une de ses amies, tel un constat dont elle ne mesure pas la cruauté, combien elle a de la chance d’avoir une fille au physique ingrat. Son milieu professionnel n’échappera pas non plus à ses remarques acerbes et les scènes avec Anaïs Demoustier, pétillante en jeune professeure bien déterminée à apporter des idées nouvelles au sein de l’établissement où elles exercent et se confrontent, constituent quelques-uns des moments les plus vifs et drôles du film. Installant un vent de suspense propre à soutenir allègrement le rythme, le récit dépeint d’abord des crises légères, puis un comportement de plus en plus imprévisible qui atteint un degré croissant de violence.
- Mandarin Production/StudioCanal/Fr2 cinéma/Séverine Brigeot
Doter ce personnage sans demi-mesure d’une redoutable inventivité face à des choix et des situations qui lui échappent la rend totalement humaine et drôle. Lui permettre de s’en prendre avec une mauvaise foi évidente à des personnes sympathiques crée une belle complicité avec le spectateur et renforce l’authenticité du personnage. Bien sûr, le trait semble parfois poussé à la limite de l’indécence ; mais en privilégiant toujours un ton naturel sans emphase ni jugement, naviguant élégamment entre drame et comédie, la narration conserve un juste équilibre grâce à des situations risibles alternant avec d’autres plus graves.
- Mandarin Production/StudioCanal/Fr2 cinéma/Séverine Brigeot
Si le scénario bien écrit nous entraîne sans difficulté dans le sillage de cette despote déstabilisante et auto-destructrice néanmoins attachante, le casting sur mesure n’est pas étranger à la vivacité de ce tableau finement ciselé, à commencer par Karin Viard grâce à qui on aime l’héroïne, malgré tout. La palette de son jeu est si variée qu’elle passe avec une aisance désarmante d’une émotion à une autre à l’intérieur d’une même scène. Soucieuse de ne jamais entraîner son personnage dans des outrances ridicules ou néfastes, elle le nourrit de mille nuances de manière à l’adoucir. Le spectateur adhère à son interprétation au point de supporter sans sourciller toutes les turpitudes dont elle peut se rendre coupable. Le duo qu’elle forme avec Anne Dorval, qui nourrit d’une merveilleuse intensité son personnage d’amie patiente et sincère, est la pièce maîtresse de ce film raconté à hauteur humaine. Il convient aussi de saluer la prestation à l’élégance tant physique que morale de Dara Tombroff (Mathilde, la fille de Nathalie), ancienne danseuse de l’Opéra de Bordeaux, dont c’est le premier rôle au cinéma, sans oublier les rôles dits secondaires qui forment un kaléidoscope coloré et complémentaire autour de cet être mi-ange, mi-démon, mais finalement terriblement humain.
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