Par humour du romantisme...
Le 6 avril 2020
Une pincée de romantisme, deux cuillères d’imprévu et quelques gouttes de fantaisie font de La délicatesse la parfaite recette de fin d’année. L’amour en toute subtilité....
- Réalisateur : David Foenkinos
- Acteurs : Audrey Tautou, Bruno Todeschini, François Damiens, Mélanie Bernier, Joséphine de Meaux
- Genre : Comédie, Romance
- Nationalité : Français
- Distributeur : StudioCanal
- Durée : 1h48mn
- Date télé : 2 avril 2022 23:05
- Chaîne : Chérie 25
- Date de sortie : 21 décembre 2011
Résumé : Nathalie a tout pour être heureuse. Elle est jeune, belle, et file le parfait amour. La mort accidentelle de son mari va couper son élan. Pendant des années, elle va s’investir dans son travail, se sentir en parenthèse de sa vie sensuelle. Mais subitement, sans qu’elle comprenne vraiment pourquoi, elle embrasse un de ses collègues. Markus, un homme très atypique. S’ensuit alors la valse sentimentale de ce couple hautement improbable qui va susciter interrogation et agressivité au sein de l’entreprise. Choisit-on vraiment par quel moyen on renaît à la vie ? Nathalie et Markus vont finir par fuir pour vivre leur histoire et leur émerveillement à l’abri de tout. Cette histoire de renaissance est aussi celle de l’étrangeté amoureuse.
Critique : L’Amérique a les frères Coen, la France découvre les frères Foenkinos... Premier long métrage de David (écrivain) et Stéphane (directeur de casting et auteur pour le théâtre), La délicatesse sait réchauffer les cœurs . Avec cette adaptation du huitième roman de David (celui-là même qui le fit connaître), les deux auteurs choisissent de s’attaquer à un classique du genre : la comédie romantique. Mais alors qu’il eut été facile de se laisser porter par de vieilles ficelles, les deux frères apposent leur marque et proposent un style : la ’’dramédie". Tout commence par une image de carte postale. Un homme et une femme, une histoire d’amour. Ils sont jeunes, ils sont beaux et ils sont écœurants de bonheur. Même leur rencontre est une histoire de conte de fée. Attablés dans un joli petit bar parisien, François remarque une fille, Nathalie. Les yeux dans le vague et l’air indécise, elle le séduit. Ils s’aiment. Ils font l’amour l’après-midi. Ils se marient et... ont un accident. Changement de décor. Les lumières orangées laissent place à la pénombre. Dans l’appartement Nathalie dépérit, seule. Elle oublie l’avenir pour quelques souvenirs. Un seul dérivatif possible, reprendre le travail. Démarche militaire, tenue verticale, regard fixe et déterminé, elle ne veut pas oublier. Le deuil, elle le porte en chignon. La souffrance, elle se la cheville au corps. L’absence, elle la range dans ses silences. Mais sur le chemin du veuvage rebelle, Nathalie croise Markus... Dyptique amoureux, La délicatesse est avant tout une affaire de sentiments, heureux comme malheureux. Il y a d’abord l’attachement, puis le détachement, et enfin le délassement du corps endolori. Une palette d’émotions complexe, parfaitement maîtrisée par Audrey Tautou, qui passe avec une très grande intelligence de jeu, de l’innocence à l’usure, de la légèreté à la lourdeur, de la surprise à la colère. Face à elle, François Damiens campe avec une maladresse attendrissante un Suédois taciturne au cœur tendre. Une rencontre étonnante qui prend tout le monde au dépourvu.
Composé comme une partition musicale, le film se rythme d’éclats de voix, de gestes croisés et d’élans désordonnés. Littéralement positionnés sur deux plans différents, Markus et Nathalie ne parviennent presque jamais à s’accorder. En arrière-plan, la talentueuse Émilie Simon relie et soutient le lyrisme de ces actes manqués. Une bande originale que l’on croirait presque cousue pour le film (et qui l’est d’ailleurs en partie) tellement la symbiose est parfaite. La caméra, fluide, glissante, et presque complice de cette histoire d’amour en devenir, ajoute encore plus de douceur. De même, la lumière naturelle, faite de demi-teintes et d’angles indirects, caresse avec élégance les visages de ces deux rescapés de la vie : comme pour mieux les laisser prendre leur temps. Car ici, le cadre et le décor ont toujours une longueur d’avance sur le couple. Paris se met alors à leur jouer des tours, allumant les lumières de la tour Eiffel dans le dos de Nathalie le temps d’une balade nocturne sur les quais de Seine. Un phénomène qui fait sourire mais aussi très souvent rire : la fuite de Markus abandonnant Nathalie et détalant à toutes jambes face à l’évidence du chagrin d’amour reste assurément l’un de plus grands moments du film. Ajoutons à cela des dialogues savoureux (’’mais à quoi vous jouez sous vos airs de dépressif tombé de votre Suède’’, ou encore ’’je pourrais partir en vacances avec vos cheveux’’) et l’on obtient un humour décalé et dévastateur. Le contraste s’accentue d’autant plus que la construction de l’espace est aux antipodes du romantisme, la majeure partie de l’action se déroulant dans les pièces froides, rectilignes et impersonnelles de l’entreprise scandinave. Et pourtant, entre les piles de dossiers et les bureaux IKEA naît une idylle de cinéma. L’esprit du livre, restitué par le jeu de nombreux subterfuges narratifs (utilisation de la voix off des personnages pour la narration, ellipses temporelles par le biais des changements saisonniers) et mélange des tons (comédie, drame, lyrisme), offre au romantisme cinématographique un nouvel angle de vue, celui de l’étrangeté ’’condiment nécessaire de toute beauté’’ (Baudelaire). Et si l’on devait résumer le film en une phrase, peut être vaudrait-il mieux laisser la parole à ceux qui en possèdent déjà les mots : "La délicatesse c’est une histoire simple éclairée par des moments de folies et des météorites de fantaisie’’.
Un beau roman pour une belle histoire. A voir et à lire...
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RenSarr 3 janvier 2012
La délicatesse - David Foenkinos - critique
Chère Estelle,
A cause de vous, je suis allé voir La Délicatesse. Et comment dire ? C’était nul... L’utilisation abusive de la voix-off est horripilante. Les blagues sur les Suédois nulles et sans intérêt. D’ailleurs le film est sans intérêt, il parle de rien à peine du couple. Heureusement que François Damien incarne (par moment) bien cet homme au physique peu avantageux. Et a réussi à me faire sourire sur quelques unes de ces blagues (celle de la biscotte par exemple), sinon c’était la douche froide.
Je vois vraiment pas ce qu’il y avait à aimer dans ce film et ne comprend ni votre critique, ni les étoiles que vous lui accordez. P-e votre amour pour le livre, parce que le film...
Estelle Charles 8 janvier 2012
La délicatesse - David Foenkinos - critique
cher Rensarr,
Je ne vais pas vous refaire une critique du film, je crois que tout est dit....Il semble que nous n’ayons pas eu le même ressenti mais cela arrive souvent au cinéma, on ne va pas en faire toute une histoire. Désolé que mon article vous ai tant influencé à vous réfugier dans la délicatesse d’une salle obscure ce jour là, mais au moins vous vous êtes fait votre propre idée du film, c’est déjà ça.
Une leçon à tirer de tout ça : critiquer un film c’est un art très subjectif....
bonne soirée
estelle