Le 5 août 2024
Entre humour et authenticité, Gilles Perret trouve les mots adéquats pour catapulter sans se prendre au sérieux les impacts de la finance dans les entreprises.
- Réalisateur : Gilles Perret
- Acteurs : Marie Denarnaud, Vincent Deniard, Jacques Bonnaffé, Sophie Cattani, Finnegan Oldfield, Yannick Choirat, Grégory Montel, Pierre Deladonchamps, Lætitia Dosch
- Genre : Comédie dramatique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h47mn
- Date télé : 8 août 2024 22:25
- Chaîne : TF1 Séries Films
- Date de sortie : 19 octobre 2022
- Festival : Festival Saint-Jean-de-Luz
Résumé : Comme son père avant lui, Cédric travaille dans une entreprise de mécanique de précision en Haute-Savoie. L’usine doit être de nouveau cédée à un fonds d’investissement. Épuisés d’avoir à dépendre de spéculateurs cyniques, Cédric et ses amis d’enfance tentent l’impossible : racheter l’usine en se faisant passer pour des financiers !
Critique : Après de nombreux documentaires, dont Debout les femmes et J’veux du soleil, concoctés avec son ami et non moins député François Ruffin, Gilles Perret a prouvé son aptitude à parler du social et du sort des oubliés du système, sans tomber dans le pathos. La bonne humeur et le militantisme toujours chevillés au corps, le trublion du cinéma s’aventure désormais du côté de la fiction pour gagner en liberté de paroles tout en bénéficiant de la force de conviction de ses comédiens pour rendre plus accessibles des mécanismes financiers souvent rébarbatifs.
- Copyright Elzévir Prod.
Il plante donc sa caméra au cœur de la vallée de l’Arve, dans une usine de décolletage qui fabrique des pièces pour l’industrie automobile et aéronautique. Un territoire et un milieu qu’il connaît bien, puisque ses parents et lui-même y ont travaillé. Cette région, de lacs et de montagnes, d’industrie et de grand air, située entre Genève et Chamonix, bénéficie de la présence de nombreuses entreprises florissantes au savoir-faire réputé. Le principal obstacle à une gestion équitable est, pour la plupart, leur appartenance à des fonds d’investissements ou à des groupes mixant banquiers et industriels. La finance s’est installée partout et a modifié les rapports humains.
- Copyright Elzévir Prod.
Cédric (Pierre Deladonchamps), Alain (Grégory Montel), Denis (Vincent Deniard), Julie (Laetitia Dosch) et Joséphine (Sophie Cattani) ont grandi ensemble, à une époque où régnaient solidarité entre ouvriers et respect entre patronat et membres du personnel. Aujourd’hui, à l’image de cet homme qui escalade la montagne à mains nues sous un ciel tourmenté, chacun cherche sa place sur un échiquier perturbé par les injonctions d’un capitalisme galopant, qui privilégie le versement des dividendes aux actionnaires plutôt que l’entretien des outils de travail et la sécurité des salariés. C’est à ce cynisme désormais ordinaire que Joséphine, héritière de la famille Berthier, a cédé en vendant l’entreprise familiale à un fonds d’investissements. Quant à Julie, si elle ne cache pas sa fierté d’être le bras droit efficace et apprécié de Chantrel (Samuel Churin), le directeur de l’usine, elle culpabilise d’avoir abandonné ses amis d’enfance au bord de la route et n’exclut pas d’entamer sa révolution personnelle. Notre réalisateur zélé dresse le tableau sans concession mais sans drame d’une jungle économique où même les dirigeants de PME, dont l’impudence n’a d’égale que le mépris, finissent par se faire dévorer tout crus par des loups encore plus cruels qu’eux. Pourtant, il n’est pas question de tomber dans le misérabilisme ou la résignation. Bien au contraire, chacun met son énergie et son inventivité au service la collectivité pour s’élancer dans une combativité joyeuse, sans que la lourdeur du sujet ne l’assombrisse jamais. En réunissant une bande de gais lurons menée tambour battant par l’énergie d’un Deladonchamps qui, s’il se révèle au mieux de sa forme, a l’élégance de ne pas en profiter pour voler la vedette à ses camarades de jeu, le scénario se préserve de tout risque de caricature, tant du côté des opprimés que des oppresseurs. L’humanité filtre à travers l’inattendu et les contradictions de chacun pour dessiner un discours qui, loin des démonstrations pontifiantes, sonne juste à tous les coups.
De là à dire que Gilles Perret pourrait devenir le Ken Loach à la française, il n’y a qu’un pas que nous nous autorisons à franchir.
- © Jour2fête
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patloc 18 octobre 2022
Reprise en main - Gilles Perret - critique
Gilles Perret jusqu’ici bien connu pour la qualité de ses documentaires, seul (“la Sociale”) ou avec François Ruffin (“je veux du soleil “ “Debout les femmes”) s’essaye avec “Reprise en Mains” à la fiction. Disons le tout de suite c’est une belle réussite. Le réalisateur engagé socialement élargit et éclaire son cadre militant pour un film passionnant, humain et humaniste, pédagogue sur le milieu de la PME et les ravages de la finance. Porté par des comédiens excellents de bout en bout, les splendides paysages de la Haute Savoie, le réalisateur se rapproche tout près du cinéma de Ken Loach, et on suit avec passion l’aventure de cette PME spécialisée dans la mécanique de précision et le décolletage dont les ouvriers fatigués par le cynisme des financiers vont avec brio, humour et malice retourner la situation à leur avantage. Le film est beau, drôle et émouvant. Ne passez pas à côté , ce film fait beaucoup de bien dans ce “monde mondialisé” , laissant la place à des valeurs d’humanisme, de combat et d’entraide.
PS : vu en avant première à Dax dans une salle comble et comblée en présence du réalisateur. monde mondialisé” , laissant la place à des valeurs d’humanisme, de combat et d’entraide.
PS : vu en avant première à Dax dans une salle comble et comblée en présence du réalisateur.