Le 30 mars 2019
Un road movie politique, sincère et engagé, qui, malgré les partis pris des deux cinéastes, regarde les militants sur les ronds-points avec douceur et émotion.
- Réalisateurs : Gilles Perret - François Ruffin
- Genre : Documentaire, Road movie, Politique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Jour2fête
- Durée : 1h16mn
- Date de sortie : 3 avril 2019
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Résumé : "J’ai changé les plaquettes de frein et le liquide de refroidissement. 350 € chez Norauto..." C’est parti pour un road movie dans la France d’aujourd’hui ! Avec leur humour et leur caméra, Gilles Perret et François Ruffin traversent le pays : à chaque rond-point en jaune, c’est comme un paquet-surprise qu’on ouvrirait. Qu’est-ce qui va en sortir ? Des rires ou des larmes ? De la tendresse ou de la colère ? De l’art ou du désespoir ? Les deux compères nous offrent des tranches d’humanité, saisissent cet instant magique où des femmes et des hommes, d’habitude résignés, se dressent et se redressent, avec fierté, avec beauté, pour réclamer leur part de bonheur.
Critique : Le cinéaste “césarisé” de Merci patron ! et le réalisateur du documentaire militant à succès La Sociale partent en voyage. Le second filme le premier à la rencontre des gilets jaunes sur leurs ronds-points dès novembre 2018. L’ambiance, on s’en doute, est potache. Ruffin est un élu de la République, représentant du peuple français en son Parlement. Mais il accomplit aussi ce rôle en se livrant à des performances ludiques, montrant l’écart entre le “peuple” et des élus. Et ici d’expliquer en se marrant, avant générique, qu’il est en contravention avec la loi européenne, parce qu’il n’a pas de gilet jaune dans son véhicule. Le cadre est ainsi rappelé au bénéfice du spectateur qui serait passé à côté de la séquence médiatique en cours.
Deux questions sont posées d’emblée, comme le motif du voyage. Le générique donne à voir successivement des images joyeuses, festives et pacifiques de gilets jaunes, et des prises de paroles politiques et médiatiques dénonçant leur violence haineuse et le danger que ceux-ci représenteraient pour la démocratie et ses valeurs. On est interpellé par un tel contraste. Serions-nous manipulés ? Et Ruffin embraye alors. Il a des amis, des connaissances, un entourage idéologique qui considère que le mouvement des gilets jaunes est facho. Le mot est lâché. Il faut aller vérifier. Et évidemment, ceux que rencontrent Ruffin et Perret ne sont pas des “fachos”, mais des “gens”. La machine est en route, on entend le clignotant alors que l’on voit la voiture tourner à gauche et ralentir à proximité du premier rond-point. Le film peut vraiment commencer.
- Les 400 Clous - Jours2fête
Et il y a les gens. Les gens qui sont là, présents, immortalisés dans leur force et dans leur fragilité, qui chantent, dansent, s’aiment, pleurent et se racontent. Les deux cinéastes pénètrent avec délicatesse dans l’intimité de ces gens qui crient au monde leur souffrance ou leur ras-le-bol face à un sentiment vécu de précarité sociale à la fois individuelle et généralisée. Des gens qui s’exposent sur les ronds-points, devant les caméras, en quête d’un lieu qui leur assurera que leur témoignage sera reconnu comme de valeur. Perret et Ruffin leur offrent ce lieu, en recueillant des paroles parfois si difficiles à exprimer, en rendant hommage à leurs corps soumis à rudes conditions, et néanmoins toujours vaillants, qui sont le lieu premier d’expression de leur parole. Ils élaborent tout au long de leur road trip périurbain une véritable entreprise de recueil de récits de vie dans lesquels le mouvement contestataire est pris sur le vif. Les gilets jaunes rencontrés sont en effet bien loin les fachos anarcho-putchistes qu’ont pu présenter certaines images des violences commises lors des manifestations. Certains semblent entrevoir la première lueur de quelque chose de beau. Et à les écouter on se rappelle la différence entre un acte de langage et des éléments de langage.
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En mettant ainsi en jeu leurs noms et leur notoriété, Perret et Ruffin assurent au film un certain succès. Ils courent les avant-premières à la rencontre des publics, permettant peut-être encore une fois à des gens de s’entendre, de se rencontrer, à l’entrée ou à la sortie d’une salle d’art et d’essai.
J’veux du soleil est un geste politique global, à l’instar de L’an 01 de Gébé, qui fait œuvre de témoignage militant pour l’histoire en préservant la parole de gilets jaunes au-delà de l’actualité, et qui fait œuvre d’art en révélant sa poésie.
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