Le 30 octobre 2013
- Scénariste : Pétillon
- Série : Jack Palmer
- Genre : Humour
- Famille : BD Franco-belge
- Editeur : Dargaud
Palmer, la Bretagne et Angoulême, René Pétillon répond avec franchise et sourire.
Palmer, la Bretagne et Angoulême, René Pétillon répond avec franchise et sourire.
Palmer en Bretagne cartonne dans les terres bretonnes. C’est donc tout naturellement que le caricaturiste, René Pétillon, s’est lancé dans une tournée de dédicaces à travers les librairies bretonnes pour rencontrer ses lecteurs. Et, malgré un planning chargé et un public toujours présent, l’auteur a aussi pu nous accorder quelques minutes de son temps lors de sa venue à la librairie Sillage de Ploemeur (56270).
Palmer et la Bretagne
Bonjour, vous fêtez la sortie du quinzième tome de Jack Palmer et vous êtes breton. Pourtant on attendu ce quinzième tome pour une immersion en Bretagne.
C’est exact. J’y pensais depuis très longtemps et, même avant d’envoyer Palmer en Corse, j’avais l’idée de l’envoyer en Bretagne mais je manquais d’une bonne base de départ. J’avais quelques idées, aucune ne me paraissait suffisante pour tenir un album.
Si je résume un petit peu l’album : un climat capricieux, des crêperies dès la première page, l’algue verte, les éleveurs porcins, la marée bretonne, festival folklorique. Est-ce que, avec ça, le tableau de la Bretagne est complet ?
Non, bien sûr que non. Ce sont quelques clichés que j’ai intégré dans l’histoire mais j’ai essayé de faire le minimum au niveau cliché quand même. Je voulais pas faire un truc folklorique surtout.
Et, qu’est-ce que le breton a de plus que les autres ?
C’est très difficile de faire des généralisations. Étant donné que je suis breton moi-même j’ai des réactions que l’on pourrait qualifier de purement bretonnes je suppose mais pas toujours. Il en est de même pour la plupart des bretons que je connais, ils ont des réactions que l’on pourrait trouver aussi bien sur les normands ou même chez les corses. Mais, disons que la confiance doit se gagner avec les bretons. Ça peut prendre un certain temps mais, une fois qu’elle est acquise, j’ai l’impression qu’elle l’est vraiment. Ils sont aussi assez prompts à monter en régime (rires). Ils ont un peu la tête près du bonnet, certains.
Et cette tournée bretonne, elle se passe bien pour l’instant ?
Ça se passe très très bien, je suis ravi des réactions des lecteurs qui viennent en dédicace. Oui, vraiment, ça se passe très très bien. C’est très sympa.
Après la Bretagne et la Corse, une nouvelle région ensuite ?
Et bien je me demande si je ne vais pas faire une suite à cet album parce qu’il y a des personnages que j’aime beaucoup dans l’histoire et je me suis tellement amusé à les mettre en scène que j’ai envie de les retrouver. Si je fais une suite, ça se serait sans doute plus accès sur la Bretagne directement puisque la première histoire traite de plusieurs choses, notamment de l’art contemporain et des résidents fortunés. Mais il est possible que je me focalise davantage sur la Bretagne et les bretons si je fais une suite. J’ai une petite idée de départ et je verrais bien si je la développe ou pas.
"Ça me parait amusant comme défi"
Palmer est très absent dans ce tome-là. Est-ce que, justement, s’il y a un deuxième tome, il sera complètement absent de l’album ou on le verra un peu plus ?
Alors là, je vais vous surprendre. Je voudrais lui faire réussir une enquête (rires). Ce qu’il n’a jamais fait et ça me parait amusant comme défi. Chaque fois que je fais un nouveau Palmer, je me dis : qu’est-ce que je pourrais changer pour renouveler l’intérêt et il est possible que je le montre réussissant quelque chose.
Est-ce qu’il y a des sujets que nous n’avez pas encore traités mais qui vous attirent et que vous voulez exploiter ?
Depuis très très longtemps, j’ai un gros dossier sur le vin. J’ai un début de scénario et même plus qu’un début sur le vin. Une histoire qui se déroulerait dans le Bordelais, peut-être que je la développerais un jour mais pour le moment je ne suis pas satisfait. J’ai des sujets comme ça que je laisse dans mes tiroirs reposer et, de temps en temps, je les reprends pour voir si je ne peux pas avoir un œil nouveau dessus.
Est-ce que vous possédez des influences particulières ou des sources d’inspirations ?
C’était vrai à mes débuts. Comme beaucoup de jeunes dessinateurs j’étais très marqué par mes modèles notamment la revue MAD, Kurtzman et Header qui ont beaucoup compté pour moi. Mais j’ai l’impression de m’être éloigné un petit peu de ces influences désormais. J’ai l’impression d’être à peu près autonome dans mon inspiration et mon dessin.
"Je me sens profondément humoriste."
Le travail pour le dessin de presse (NDLR : René Pétillon dessine pour Le Canard enchaîné) et pour un album c’est très différent mais, en même temps, le rapport à l’actualité est présent dans le dessin de presse, bien sûr, et dans Palmer aussi. Mais, est-ce que vous avez une préférence pour une des deux activités ?
Non, je serais très embarrassé si je devais choisir d’ailleurs puisque j’aime bien les deux. C’est comme si l’une alimentait l’autre. Que le dessin de presse alimente mon travail en BD, c’est évident parce qu’il m’oblige à avoir un regard un peu plus acéré sur l’actualité, à m’informer davantage et plus sérieusement surtout. Donc, évidemment ça profite à la BD certainement. Et, en même temps, le dessin de presse me permet de sortir de la BD puisque la BD c’est assez enfermant. Il faut deux ans pour faire un album. Deux ans le nez sur un album, on peut tourner en rond ou aller dans des impasses. Cette espèce de respiration du dessin de presse, ça me permet de faire le point chaque semaine sur mon travail de BD quand je le reprends. C’est intéressant, ça, cette espèce d’aération.
Le recours à l’humour et au surréalisme dans votre travail, c’est juste pour procurer du plaisir à vous-même et au lecteur ? Ou est-ce que vous vous en servez aussi pour exprimer des positions, des coups de gueule ?
L’humour c’est un moyen. Je me sens profondément humoriste. Je ne peux pas travailler dans un autre genre que le comique parce que c’est vraiment nature profonde donc je fais ce que je sais faire. C’est un moyen efficace pour traiter de ce qui me préoccupe et ce qui m’intéresse, ce qui me révolte parfois. Mais on peut aussi faire la même chose si on travaille dans un esprit dramatique, c’est pas du tout incompatible non plus.
Vous vous imposez des limites ?
Oui, oui je m’en impose. C’est assez simple en fait, je suis un ironiste et quand je sors de l’ironie je suis moins à l’aise. Quand je pratique l’attaque directe, je suis moins convaincu par le résultat donc j’essaye d’être à l’écoute de moi-même et de voir ce qui me correspond vraiment dans mon travail. J’essaye de pas me forcer, c’est ça le truc.
Vous lisez de la BD ?
Ah oui, beaucoup. Il y a d’abord des auteurs que j’ai toujours aimé comme Brétécher, Gotlib, Martin Veyron, Florence Cestac ou Jean-Marc Rochette. Quant aux auteurs apparus plus récemment, même si certains sont là depuis un moment, je pense à Riad Sattouf que j’admire énormément, Blutch, Larcenet et bien d’autres. Ferri, aussi, j’aime beaucoup Ferri.
Angoulême ? "il faut pas trouver une solution bâtarde"
Vous avez été primé à Angoulême, est-ce que vous continuez à suivre un peu le festival et qu’est-ce que vous pensez des polémiques qui ont eu lieu autour ?
Je dois dire que je m’éloigne de cette affaire puisque je trouve que la solution qu’ils ont choisie l’année dernière ne satisfait personne. D’ailleurs, l’année dernière je n’ai pas participé au jury. Je trouve que ça n’avait pas beaucoup de sens de demander à la fois l’avis des dessinateurs présents et de faire trancher par un jury. C’est l’un ou l’autre. Les deux solutions me paraissent des solutions défendables mais il faut pas trouver une solution bâtarde. J’ai trouvé que c’était une mauvaise idée. Si ce système est reconduit cette année, je n’y participerais certainement pas, non.
Qu’est-ce que vous pensez de la nouvelle affiche de Willem ?
Je ne l’ai pas vue (rires).
Est-ce que vous avez d’autres projets en cours hormis un éventuel seizième tome pour Palmer ?
Non, j’en ai pas.
Comme vous avez travaillé pour Pilote qui mêlait à son époque actualité et BD, est-ce que vous avez suivi la Revue Dessinée à la rentrée ?
Non, pas encore. Ça m’intéresse mais je n’ai pas eu le temps. Je vais regarder ça de très près mais là depuis la sortie du bouquin j’ai pas beaucoup de temps pour lire mais j’ai bien noté. Je vais m’y intéresser sûrement, oui.
Je vous remercie pour cet entretien et le dessin.
C’est moi qui vous remercie.
Merci à René Pétillon pour sa bonne humeur et son joli dessin de Palmer. Nos remerciements également à la librairie Sillage qui a bien voulu nous accueillir le temps de la rencontre.
Galerie Photos
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