Le 6 juillet 2020
- Scénariste : Espé
- Dessinateur : Espé
- Coloriste : Aretha Battistutta
- Genre : Drame
- Editeur : Grand Angle
- Date de sortie : 23 juin 2020
Le dessinateur et scénariste Espé a accepté de se prêter au jeu de l’interview à distance pour parler du Col de Py, sa nouvelle BD parue chez Grand Angle.
Résumé : Espé dessine depuis plus de vingt ans et compte de nombreuses BD à son actif allant de séries comme la saga Château-Bordeaux à des one shot comme le Perroquet ou encore le Col de Py, sa nouvelle BD.
Bonjour Espé, nous vous remercions d’avoir accepté de vous prêter au jeu de l’interview à distance. Sentez-vous libre de répondre à côté ou même d’aborder dans vos réponses d’autres sujets qui vous tiennent à cœur et que nous oublierions d’évoquer.
Vous venez de sortir une nouvelle BD, Le Col de Py, une histoire forte et touchante sur un sujet qui pourrait nous arriver à tous, la détresse et le combat d’une famille face à la maladie qui frappe leur deuxième enfant à la naissance. Mais c’est aussi l’histoire d’une rencontre entre deux personnes, un nouveau-né et un grand-père au crépuscule de sa vie.
Un sujet hautement autobiographique puisque vous avez vécu cette histoire.
A quel moment avez-vous eu ce besoin, ce sentiment qu’il fallait raconter ce que vous aviez traversé ?
En arrivant en haut du Col de Py avec mon fils. Les lecteurs comprendront.
Vous auriez pu écrire cette histoire pour vous et la transmettre à vos enfants ou votre famille. Qu’est-ce qui vous a motivé à la partager avec le plus grand nombre ?
C’est en réalité ce que j’ai fait. J’ai écrit cette histoire pour moi, pour nous, presque égoïstement. Je voulais que cette histoire reste. J’ai fait comme si je n’écrivais que pour nous. Mais cette histoire personnelle est aussi universelle, à divers niveaux, donc pourquoi ne pas la partager.
Ce ne doit pas être facile de raconter les grands bouleversements de sa vie. Une fois que vous avez décidé de franchir le cap, avez-vous traversé des moments de doute ou de questionnements ? Avez-vous parfois hésité à continuer ? Ou était-ce une évidence pur vous et une fois la décision prise, vous n’avez rien lâché tout au long de la création ?
S’il n’y avait pas eu cette histoire autour du col de Py, cette sorte de transmission entre deux êtres, je n’aurais pas parlé des problèmes de santé de mes proches. C’est cette histoire d’amour et de tendresse, de force et de faiblesse, de partage et de filiation qui m’a poussée à me lancer. Une fois lancé, je n’avais qu’à raconter à ma façon cette période de ma vie.
D’ailleurs, vous a-t-il fallu du temps pour prendre cette décision ? Comment a réagi votre famille quand vous leur en avez parlé ?
Oui, il faut du temps pour qu’un histoire mûrisse, pour trouver le bon angle. Mais je le répète, sans cette fin, que les lecteurs découvriront, il n’y aurait pas eu ce livre. Quand ça s’est passé ( cette fin de l‘album), c’est à ce moment-là que je me suis dis qu’il fallait que je raconte ce long parcours semé d’embûches.
Avant de me lancer dans ce projet d’album très personnel, puisqu’on peut parler quasiment d’autobiographie, il n’y a que quelques détails qui changent, dont les noms et les prénoms, quelques lieux, j’en ai bien sûr parlé à mes proches. J’ai évoqué l’idée, j’ai fait lire la première version du synopsis à ma femme. J’ai réalisé tout le storyboard du livre que j’ai fait lire à mes proches, ma femme, ma fille, mon beau-frère, ma belle-mère, une grande partie à mon fils. Il me fallait leur aval pour ensuite aller plus loin. Si après cette étape du synopsis et du storyboard complet de l’album un seul avait émis des doutes, j’aurais laissé tomber le projet. Il était hors de question que je fasse ça seul dans mon coin, sans l’avis et l’accord des personnes concernées directement par ce projet. Ils ont tous beaucoup aimé l’histoire, la façon dont je la raconte, avec pudeur, sans pathos, cette histoire, c’est notre histoire, c‘est leur histoire.
Espé, ©Agnes Moreau by Bamboo édition
Cela fait plus de vingt ans que vous dessinez. Vous avez abordé des genres différents avec plusieurs scénaristes et vous voilà confronté au récit autobiographique. Comment cela a changé votre rapport à l’histoire, au dessin ?
J’ai déjà fait un album quasi-autobiographique, il s’intitule Le Perroquet et est sorti en 2017 chez Glénat. J’y évoque mon enfance particulière avec une mère dépressive. Oui, j’ai un vécu assez particulier. C’est mon karma ;-)) J’aime en tout cas ces récits intimistes. J’aime lire des histoires de vies, et j’aime en raconter. Je fais beaucoup de fictions, de séries, mais j’ai un réel penchant pour les histoires particulières, fortes, qui ne laissent pas indifférents. C’est plus difficile à réaliser, ça laisse des traces, et c’est aussi plus difficile à vendre. Il faut un équilibre entre les différents styles d’histoires. Au niveau du dessin, ça change tout, que ce soit pour Le Perroquet ou Le Col de Py, j’adopte un style plus naturel, un dessin quasi automatique, j’ai l’impression d’écrire en dessinant, c’est vraiment mon trait naturel. J’utilise un style beaucoup moins réaliste que sur mes séries qui permet d’être plus en phase avec les personnages. On ressent plus les choses avec ses personnages un peu plus « caricaturaux ».
Au fur et à mesure que vous avanciez sur cette histoire, où vous replongiez dans votre vécu avec du recul, avez-vous réalisé ou perçues différemment des choses par rapport au moment où vous les avez vécues ?
Non, je ne crois pas, je suis justement resté le plus fidèle possible aux impressions ressenties au moment où nous les avons vécues. J’ai gardé la chronologie des évènements dans mon récit, ça aide à rester proche de la réalité, même si le simple fait de la raconter déforme un peu les choses. Mais je crois être resté fidèle aux émotions, aux coups de poings, aux moments de joie, aux colères, aux doutes, à la tristesse qui ont été notre quotidien pendant cette phase que je raconte dans le livre.
Par les personnages et leur histoire, leurs relations, vous abordez différents sujets autour de la maladie, comme les racines, la transmission, le regard des autres et la force de l’amour. Quels sont les thèmes, les messages que vous voudriez que les lecteurs retiennent après avoir lu votre récit ?
Que rien n’est jamais perdu, que les montagnes semblent parfois insurmontables, mais il faut toujours garder espoir, même si les aléas de la vie sont parfois très, très difficiles. J’espère aussi que chaque lecteur se remémorera un épisode de sa vie avec un proche qu’il a aimé et qui lui a beaucoup apporté. J’espère que cette histoire de transmission entre deux êtres fera ressurgir des choses enfouies chez certains. J’espère que les lecteurs se rendront compte que la vie est plus forte que tout, que la santé est notre bien le plus précieux et que la fragilité de la vie sait la rendre précieuse. J’espère qu’au-delà de la maladie, ce livre sera porteur d’espoir pour tous ceux qui traversent des moments difficiles.
La construction du récit s’étale sur plusieurs années. Vous avez évité l’obstacle de l’aspect répétitif des visites chez le spécialiste et du diagnostic de l’attente jusqu’à la prochaine visite. L’histoire pose vraiment la maladie de Louis comme une épée de Damoclès pesant sur toute la famille, créant une tension tout au long du récit. Avez-vous pressenti ce risque ? Comment avez-vous manœuvré pour éviter cet écueil ?
C’est exactement ce que je voulais montrer, cette épée de Damoclès était là, toujours présente au-dessus de nos têtes. J’ai alterné les moments de vie avec ces moments de tension extrême des examens de mon fils, où nous étions vraiment en apnée avec ma compagne. C’est comme ça que nous avons vécus, c’est comme ça que je voulais retranscrire les choses.
Comment avez-vous travaillé pour choisir les traits de vos personnages ? Vous êtes-vous radicalement éloigné des visages de votre famille ou au contraire, vous en êtes-vous servis en les retravaillant pour arriver au résultat final ?
Oui et non, moi, je me dessine toujours comme ça, alors que je ne ressemble pas à ça. Là, c’est mon subconscient qui parle ;-)) Ma femme, je la dessine avec sa coiffure d’adolescente. Certains personnages sont plus fidèles aux vraies personnes, mon beau-père, ma belle-mère, mon beau-frère, ma fille, mon fils. Il n’y avait pas de règle, je vous l’ai dit, pour ces récits intimistes, j’ai une sorte d’écriture automatique et les choses viennent quasiment toutes seules. J’ai fait pas mal de recherches quand même avant que ça fonctionne, mais une fois que les personnages correspondaient à ce que j’avais dans la tête, c’était parti, ils existaient sur le papier.
Il y a un très beau travail sur la composition des planches, notamment la capture d’instants clés, difficiles à vivre ou particulièrement émouvant, on pourrait citer la planche qui inspire la couverture, mais aussi la double page de la visite chez le spécialiste qui fait passer l’échographie à Louis ou les angoisses de Bastien. Comment avez-vous travaillé ces scènes ? Comment les avez-vous développées ?
Les choses se mettent en place doucement, elles mûrissent, puis elles ressortent. Pourquoi ? Comment ? Vaste question… Il y a eu un gros travail de mise en page, de narration pure pour que les idées ne prennent pas le pas sur l’histoire. J’ai besoin d’avoir une histoire fluide. Et j’avais aussi besoin de bousculer certaines mises en pages plus classiques pour créer un sentiment dérangeant, angoissant, apaisant en fonction des émotions que je voulais faire passer, d’où ces pages particulières que j’ai composé un peu comme un musicien qui donne un rythme et le perturbe en fonction de ce qu’il a à raconter.
Vous avez écrit et dessiné cette histoire. Les couleurs ont été réalisées par Aretha Battistutta, qui avait déjà travaillé avec vous sur Château-Bordeaux. Pour cette histoire plus personnelle, qu’est-ce qui vous a décidé à la contacter ?
Aretha est brillante, nous nous entendons très bien et elle a senti l’histoire. Elle a su transcrire les émotions à la perfection. Elle a aussi mis de sa personnalité dans le récit. Je pense notamment à ses compositions de ciels, souvent quasi-surréalistes qui perturbent notre vision du réel. C’est exactement ce qu’il fallait. Elle a trouvé les ambiances parfaites à cette histoire.
Comment s’est passée la collaboration avec Aretha Battistutta ? Aviez-vous de idées ou lui avez-vous laissé une grande marge de manœuvre ? Avez-vous eu des surprises ?
Elle était libre de faire ce qu’elle voulait. Elle avait des photos de ma famille, pour les couleurs de peau, quelques détails, mais tout le reste est de sa pure imagination et elle m’a bluffé, son travail est admirable.
Comment s’est passé la recherche d’éditeur pour cette histoire de vies ?
Ça faisait déjà un moment que nous voulions travailler ensemble avec Hervé Richez , le directeur éditorial de la collection Grand Angle. J’aime cette collection, elle regorge de pépites. Quand Hervé a lu le synopsis du Col de Py, il a beaucoup aimé. Il était très motivé, alors j’ai dis oui le jour même ! C’était avec lui qu’il fallait que je collabore pour cette histoire, c’était l’évidence même. Et je ne me suis pas trompé, toute l’équipe a fait un travail remarquable. Le sujet était très dur à réaliser, mais l’ambiance de collaboration était parfaite. Ils m’ont soutenus durant la phase de création et de réalisation. Ils ont tout fait pour que le livre soit beau, pour qu’il sorte dans de bonnes conditions, même si la période est très difficile.
Comment s’est déroulé la collaboration avec Grand Angle ?
Parfaitement bien, comme je viens de le dire, et j’espère que nous retravaillerons ensemble.
Au moment où l’histoire était achevée, La BD à l’impression et que ce travail prenait fin, et quand vous avez tenu l’album terminé entre vos mains, qu’avez-vous ressenti ?
C’est toujours une sensation très étrange, j’étais très fier du résultat, mais c’est un moment délicat, l’histoire ne nous appartient plus… Quand on passe un, deux, trois ans sur ce type d’histoire, qu’on y pense en permanence, qu’elle nous habite. Quand on vit entouré de crayonnés, de planches dessinés, de photocopies de l’histoire, elle n’est qu’à nous. C’est notre histoire, notre livre, là, quand le livre imprimé arrive, cette histoire personnelle devient un objet pour les autres. C’est très étrange comme sensation. Mais quand on est fier du livre, c’est toujours un grand moment de le voir en vrai et de le tenir dans les mains.
Maintenant, il y a les tournées en festival, les dédicaces, les rencontres avec le public... Enfin, tout cela va reprendre forme avec la période étrange que nous venons de traverser mais avez-vous eu des premiers retour de vos lecteurs ?
Oui, l’album n’a pas une semaine et j’ai déjà reçu beaucoup de témoignages de lecteurs, des témoignages très forts. J’ai lu beaucoup de belles chroniques, beaucoup de mises en avant du livre, c’est génial pour le livre, pour l’éditeur, pour la collection. Moi, maintenant, je vais doucement m’effacer, j’ai fait ma part du travail, à lui de faire sa petite vie de livre ;-)
Puisqu’on parle de retour de lecteurs, nous voulions vous dire que nous avons été très touché par cette histoire. Les personnages, Chloé, Camille, Bastien, Louis, Pablo, même le professeur Haltz, qui se croisent, échangent, se soutiennent ou s’aident, sont très attachants. Ces scènes de vie sont fortes en émotion. Quelque chose vous prend au corps au fur et à mesure de la lecture et on espère au plus profond de soi que les choses vont s’arranger pour Louis et tous ceux qui l’aiment.
Ce voyage émotionnel, vous nous l’avez offert avec cœur. Ce titre intrigant – pour les néophytes comme nous qui ne savions pas de quoi il s’agissait – prend tout son sens avec la conclusion de l’histoire et apporte une dernière touche d’émotion qui clôt magnifiquement la BD.
Nous vous remercions d’avoir partagé ce récit intense avec nous et nous vous souhaitons qu’il trouve un large public.
Merci beaucoup…. Ça me touche énormément…
« Le col de Py » a-t-il changé votre approche de la création en BD, de votre travail d’auteur ?
Oui et non, ça n’a pas changé mon approche de la création en BD. Je crois qu’on peut absolument tout raconter en BD, que ce soit des récits intimistes comme celui-là, de la saga familiale typée grand public, comme Châteaux Bordeaux, de l’histoire comme une Famille en Guerre, etc. Je suis un touche à tout, je n’aime pas rester enfermé dans les cases, même si c’est mon métier d’en faire. J’ai besoin de changer de style, de récit, de m’aérer la tête pour mieux replonger dans des récits difficiles.
Je ferai d’autres récits particuliers, mais aussi personnels, je ne sais pas. J’ai déjà beaucoup donné avec ce livre et Le Perroquet. J’aurais bien d’autres choses personnelles à raconter, j’ai une vie très particulière, mais j’aimerais aussi tenter d’autres univers, donc je verrai bien…
Et vers quels projets allez-vous vous tourner maintenant ?
En ce moment, je termine le tome 10 de Châteaux Bordeaux qui sortira en septembre prochain. On repart sur un petit cycle de quelques tomes.
Je travaille aussi sur un one shot avec Sylvain Runberg au scénario. Pour l’instant, je ne peux pas en dire plus. Je vais aussi démarrer le tome 02 d’Une Famille en Guerre, et j’ai beaucoup d’autres projets en gestations. Je ne m’ennuie pas…
Pour passer du coq à l’âne, en 2020, année de la BD, les auteurs sont passés d’une gestion de leurs charges sociales par l’AGESSA/MDA à l’URSSAF. Nous avons constaté qu’il y avait encore énormément de travail à faire pour soutenir les auteurs et leur statuts d’auteur-artiste. Quel est votre point de vue sur cette situation ?
Le statut d’auteur professionnel n’existe pas, oui, nous sommes d’accord il y a un très gros travail à faire. Nous n’avons pas de représentation professionnelle, nous n’avons aucune reconnaissance professionnelle. Nous jonglons d’un statut précaire à un autre statut précaire. Nous ne sommes pas intermittents, pas vraiment entrepreneur, nous ne sommes pas salariés, nous faisons vivre une très grande partie de la chaîne du livre et nous sommes les moins bien lotis. C’est une honte absolue. Nous payons des charges et nous n’avons droit à rien ou si peu. Il faut se battre pour négocier des contrats aux conditions sans cesse à la baisse. La situation est intenable pour nous, les auteurs. Avec la crise sanitaire actuelle et la crise économique qui démarre, beaucoup vont rester sur le carreau. Les aides ridicules allouées à la culture par le gouvernement ne sauveront personne. Elles sont calculées sur des bases qui ne tiennent pas compte de nos revenus particuliers. C’est simple, tout le monde s’en fout …
Souhaitez-vous ajouter quelque chose pour conclure ?
Je remercie tous ceux qui auront pris le temps de me lire et qui auront pris le temps de lire Le Col de Py, et j’ai une pensée particulière pour mes proches qui apparaissent sous mes traits dans ce livre.
Merci beaucoup Espé pour le temps que vous nous avez accordé. Car dans cette interview à distance, vous avez rédigé toutes vos réponses et on sait le temps que cela peut prendre. Alors vraiment merci de votre participation.
Tout le plaisir était pour moi !
En cette année de la BD, Le Col de Py se révèle une très belle surprise et mérite le détour. Nous en avions parlé dans cette chronique. Alors n’hésitez pas et si vous aimez les histoires ancrées dans le réel et riches en émotions, allez lire cette BD écrite et dessinée par Espé et mise en couleurs par Aretha Battistutta.
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