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Le 14 avril 2004
Rencontre avec le réalisateur hispanique dans un saloon parisien, sur fond de techno et de tequila.
- Réalisateur : Álex de la Iglesia
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Avec son dernier 800 balles, Alex de la Iglesia (Le jour de la bête, Mes chers voisins) simule l’hommage académique aux westerns spaghetti de la grande époque. En réalité, son vrai sujet est ailleurs : il trace le parcours initiatique et semé d’embûches d’un muchacho à la recherche de son abuelo. Rencontre avec le réalisateur hispanique dans un saloon parisien, sur fond de techno et de tequila.
Avec 800 balles, vous rendez hommage aux artisans du western spaghetti des années 60. Vous affectionnez ce genre ?
Je ne devrais pas le dire en interview mais ce côté western est surtout une excuse. Cette situation à Almeria, ce qui s’est passée là-bas dans les années 60, n’est qu’un prétexte pour construire une histoire dingue. Ce qui m’a plu, c’est cet endroit perdu dans le désert, cette sorte de no man’s land paumé. Se dire qu’il y a des Américains qui sont venus de si loin pour tourner des westerns spaghetti est hallucinant. Le côté symbolique m’intéresse beaucoup dans les westerns mais ce n’est pas le style de films que j’affectionne le plus. Mes préférences vont davantage vers le thriller ou le fantastique. Et puis, concernant le western, je préfère le classique au spaghetti. J’aurais tendance à favoriser un Ford à un Leone.
Cette fois-ci, contrairement à vos précédents films, vous semblez plus tendre avec l’être humain, ne serait-ce que dans la caractérisation des personnages.
Oui, en effet. Les gens qui connaissent bien mon cinéma trouvent que 800 balles est très différent de mes autres films. Il y a un point de vue qui a changé. J’ai écrit les personnages avec beaucoup plus de tendresse qu’ils soient bons ou mauvais. Sans doute parce je les aimais plus. Je n’ai pas pu raconter mon histoire avec autant de cynisme qu’auparavant.
L’Espagne est un pays très religieux. Histoire de faire un parallèle avec l’actualité, n’avez-vous pas eu de problème en faisant Le jour de la bête ?
Non. On continue à avoir cette image d’une Espagne un peu sinistre au niveau de la religion. En réalité, ce n’est plus le cas du tout ; c’est tout le contraire. Les gens sont très ouverts. Peut-être qu’avec le gouvernement actuel, c’est sûr que ce n’est pas aussi libre qu’on le souhaiterait. Mais rassurez-vous, je n’ai eu aucun problème. De manière générale, les gens n’ont pas été offensés par le film.
Entre 2000 et 2001 vous prépariez une adaptation de Fu-Manchu. Le budget semblait gigantesque et certaines rumeurs parlaient de vedettes internationales pour le casting, comme Antonio Banderas, Robert De Niro, John Malkovich ou Michael Caine. Qu’en est-il aujourd’hui ?
J’ai écrit le scénario pendant trois ans, on a même été faire les repérages à Hong Kong, Bangkok, Macao, Van Gogh... (rires). Finalement, ça s’est arrêté et on n’est pas allé plus loin.
Cela ne vous tente plus ?
Non. De toute façon, même si je le voulais, je ne pourrais pas. Je n’ai plus les droits sur le personnage et le scénario. C’est un projet avorté.
Pour revenir à 800 balles, peut-on considérer que Carmen Maura fait désormais partie de votre bande d’acteurs ?
Dans le dernier que je viens de faire et qui est en montage actuellement [1], je n’ai pas travaillé avec Carmen Maura parce que je n’avais pas un rôle assez intéressant à lui proposer. Cela étant, j’adore travailler avec elle, elle est vraiment très facile pour travailler. Ce sera peut-être pour une autre fois.
Propos recueillis à Paris en mars 2004
[1] Le crime fairpat
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