Le 24 septembre 2002
Régis de Sá Moreira, une jeune homme pétri de modestie et d’humour.
Bien qu’il s’en défende, à 29 ans et deux romans Régis de Sá Moreira a déjà écrit le sens d’une vie et d’une mort. Pétri de modestie et d’humour, il est timide et n’aime pas se dévoiler. En 2000, les éditions Au Diable Vauvert publient Pas de temps à perdre, fable magnifique où les héros gentils construisent leur propre utopie. On a envie d’y croire, pourtant l’auteur, semble-t-il, y règle des comptes. Plus sombre en apparence, Zéro tués est drôle, touchant et révèle un écrivain plus serein. En attendant son troisième roman (qu’il prépare), passons le diablotin Régis sur le gril !
Dans votre deuxième roman, Joseph aime les singes et Andres les canards. Et vous ?
Belle question ça ! (Il rigole...plutôt bon public vu qu’il avait déjà lu la question sur mon bloc !) Là, comme ça sans trop réfléchir, je dirais les singes. Sinon les canards, j’aime bien... mais je préfère les singes !
Pas de temps à perdre... vous êtes toujours pressé ?
Non... anxieux oui, mais pas pressé. Ce qui me gêne dans ce titre - j’ai pensé à pleins de trucs pour le justifier - c’est le côté "manifeste". Il faudrait presque le traduire par "c’est impossible de perdre du temps, quoi qu’on fasse". Il n’y a pas d’urgence, c’est là que c’est trompeur.
Zéro tués... êtes-vous indemne ?
Non. En revanche l’intitulé me semble plus honnête, moins chargé de sens. Il est neutre. En fait, ça a juste le mérite d’être un titre, ce qui n’est pas facile à trouver.
Vous avez développé des maladies graves dans vos deux premiers romans... l’imagination, le sens de l’humour... Ça va mieux ?
(Il sourit) Je fais de mon mieux. L’imagination, c’est surtout du travail, ça s’exerce... même si je suis plutôt d’un naturel disposé à la rêverie. Mais ça peut me jouer des tours aussi... Le sens de l’humour, c’est pareil. Ça s’entretient. Mais l’avantage c’est qu’on peut jouer à plusieurs. J’ai la chance d’être bien entouré et c’est vrai que j’aime bien m’amuser, c’est une sorte d’émulation... dangereuse !
Sur votre premier livre, il y a écrit "il s’est pas mal baladé". Avez-vous fini votre tour du monde ?
J’espère que non. En fait je me demande si je l’ai commencé... ou alors j’ai l’impression d’être en plein dedans. Mais je ne crois pas que ce soit fini en tout cas...
Vous ne semblez pas apprécier la superstition, je me trompe ?
Ah non, je trouve ça ridicule, ça m’agace ces trucs-là. Les gens superstitieux me font de la peine. En général je vais plutôt dans l’autre sens, mais ce n’est pas non plus que de la provocation.
"Enfoirés de catholiques", ce n’est pas de la provocation ?
C’est plus un clin d’œil. Un peu irrévérent. J’ai eu une éducation plutôt catholique, c’est histoire de se faire du bien.
Joseph, votre héros, est "amusé" par la réincarnation, et vous ?
Ce n’est pas que ça m’amuse... si ça m’amuse en fait. C’est impressionnant. Enfin je n’y pense pas toute la journée non plus ! Ça me plaît. Mais dans ce roman, je formule juste des hypothèses, je n’ai pas de certitudes, ce n’est pas un essai de théologie. Les personnages eux-mêmes se posent beaucoup de questions, mais ne donnent pas de réponses.
Mais l’écrivain, lui, donne des solutions "métaphysiques", non ?
Oui. Mais ce n’est qu’un roman, je ne développe pas une thèse en profondeur.
Ben, votre premier héros s’auto-surnomme Jésus. OK il est "à moitié bourré", mais vous évoquez aussi Jésus dans le deuxième roman, est-ce que vous vous prenez toujours pour lui ?
Non, non... oui. Pendant que je rédigeais mon premier roman peut-être. C’est un personnage qui m’intrigue mais je ne crois pas avoir essayé de lui ressembler. Ou alors pendant un instant... une seconde d’oubli de soi et de générosité. Non mais ce sont des trucs que les gens ne peuvent pas dire d’eux-mêmes. Même si ce très court moment de don est fort... et dangereux aussi !
Vous écrivez "peu de gens portent correctement leur nom", et vous Régis de Sá Moreira ?
Pas sûr... on va dire que je fais de mon mieux.
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