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Le 18 février 2003
- Acteurs : Éric Elmosnino, Alain Libolt, Myriam Boyer , Marianne Epin, Christine Murillo , Cristiana Reali
- Festival : Les Molières 2005
Les années Thatcher entre petites combines et reggae.
Portrait de la communauté jamaïcaine de Londres au début des années Thatcher. Entre petites combines et reggae, Alex Wheatle raconte le déracinement de cette deuxième génération.
Londres, quartier de Brixton, début des années 80, dans la communauté jamaïcaine, là où les Sound systems résonnent à tous les coins de rue. Biscuit vit dans un appartement sinistre avec sa mère, sa soeur et son petit frère. Il entretient sa famille en dealant de l’herbe, pique un peu de matos pour le revendre. Sa mère ne lui pose pas de questions sur la provenance des billets qu’il lui donne pour faire les courses. Ça permet aussi à sa soeur Denise de se racheter une ou deux robes à l’occasion.
Biscuit se lève à pas d’heure, se couche au petit matin. Il traîne, n’a rien d’autre à faire. Pas de boulot pour les blacks, dans une ville où les flics se font une joie de multiplier les contrôles d’identité et de boucler un ou deux revendeurs à l’occasion. Les potes de Biscuit sont tous embarqués sur la même galère. Bouille-de-Cercueil, Floyd, Smiley, Sceptic, logés à la même enseigne... Alors la communauté s’organise. Chacun son quartier, chacun sa clientèle. Et gaffe à ne pas empiéter sur le territoire des autres.
Roman sur la recherche d’identité, Redemption Song (le titre français est emprunté à un morceau de Bob Marley, baptisé "le Gong" par cette communauté rasta) parle de la deuxième génération de jamaïcains vivant dans la capitale britannique. Comment concilier sa culture et ses racines dans un pays où toutes les barrières se ferment si l’on ne se fond pas dans le moule ? Les mères de famille sont impuissantes, et font tout autant partie des laissés pour compte d’une politique sociale inexistante. Fatalement, les schémas se reproduisent, d’une génération à l’autre.
La voix de la révolte, c’est celle des Sound systems, celle des DJ qui s’emparent d’un micro pour appeler à la rébellion et à la résistance. C’est également celle des anciens, fiers de leurs racines africaines, qui tentent d’expliquer aux jeunes qu’ils ont tout à gagner en empruntant la voie de la sagesse et de la réflexion. Pas facile d’adhérer à un discours pareil quand on a dix-huit ans, besoin d’argent, d’amour et de confiance. Les joints permettent de planer, de s’endormir un peu, de laisser de côté un quotidien misérable et bouché.
Wheatle a souhaité retranscrire la langue spécifique de ces enfants de l’immigration au travers de l’ensemble des dialogues. Le pari de la traduction s’avérait donc risqué. Pourtant, malgré un temps d’adaptation inévitable, on se laisse peu à peu porter par cette gouaille très particulière. La mélodie y perd certainement un peu, mais la recherche linguistique est bien réelle. En parfait observateur de la communauté noire de Londres, Wheatle, lui-même DJ d’un Sound System, a, sur fond de reggae, construit le roman d’une génération en colère qui, après s’être soulevé contre l’ordre établi en 1981, a vu "le Gong" mourir d’un cancer quelques semaines plus tard. La voix d’un espoir qui, à son tour, s’éteignait...
Alex Wheatle, Redemption song (East of Acre Lane, traduit de l’anglais par Nicolas Richard), Au Diable Vauvert, 2003, 352 pages, 16,50 €
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