Le 17 mars 2018
Un film fort pour rendre compte du désir de liberté des habitants d’un Maroc à la croisée des chemins.
- Réalisateur : Nabil Ayouch
- Acteurs : Abdelilah Rachid, Arieh Worthalter, Maryam Touzani
- Genre : Drame
- Nationalité : Français, Belge, Marocain
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h59mn
- Date télé : 9 août 2021 22:50
- Chaîne : Canal +
- Box-office : 154 829 entrées France / 50 738 Paris Périphérie
- Date de sortie : 14 mars 2018
- Festival : Festival d’Arras
L'a vu
Veut le voir
Résumé : A Casablanca, entre le passé et le présent, cinq destinées sont reliées sans le savoir. Différents visages, différentes trajectoires, différentes luttes mais une même quête de liberté. Et le bruit d’une révolte qui monte….
Notre avis : En 2015, avec le très controversé (interdit au Maroc) Much loved Nabil Ayouch dénonce sans concession les travers de la société marocaine à travers le mépris affiché pour une prostitution taboue et condamnée bien que largement répandue. Malgré les menaces, les insultes et les controverses, il continue à clamer haut et fort son intention de pointer du doigt l’oppression dont sont victimes les minorités en suivant le destin de cinq personnages, tous différents, mais qui ont en commun d’être réunis par un même sentiment d’étouffement et un même désir de liberté, palpable et concret, symbolisé par le poème berbère qui ouvre le film.
- Copyright Unité de production/Les films du Nouveau Monde/Artemis Prod/ Ali n Productions/ France 3 cinéma
Le récit démarre en 1982 dans un petit village au cœur de paysages merveilleusement filmés du Haut-Altas où un jeune instituteur dévoué dispense un enseignement exclusivement en berbère, la seule langue comprise dans ce coin isolé du Maroc jusqu’à ce qu’une décision gouvernementale l’oblige à n’adopter que l’arabe classique. C’est pour lui le début d’une longue désillusion qui le pousse à laisser sa place à des professeurs venus des pays du Moyen-Orient qui ne se contentent pas d’apporter avec eux la langue mais aussi et surtout leur idéologie accompagnée d’un islam salafiste bien moins ouvert et tolérant que l’islam marocain jusqu’à poser, l’espace de trois décennies, les bases d’une colère grandissante symbolisée par la ville de Casablanca, personnage à part entière, bruyante et désordonnée mais aussi rebelle et bouillonnante à l’image d’une jeunesse qui se débat au milieu de paradoxes exposés avec humour et délicatesse.
- Copyright Unité de production/Les films du Nouveau Monde/Artemis Prod/ Ali n Productions/ France 3 cinéma
Mettant une fois encore sa sensibilité au service de l’humain, Nabil Ayouch balaie d’un regard tendre mais déterminé les dysfonctionnements sociétaux, à travers les trajectoires de ses personnages : Inès, jeune fille issue d’un milieu privilégié qui ne s’exprime qu’en français et se trouve ainsi coupée d’une partie de la population malgré elle, Salima (interprétée avec brio par Maryam Touzani également co-scénariste), marchant court vêtue et cheveux au vent, a toute l’apparence de la jeune femme moderne. Le couple qu’elle forme avec un mari instruit et évolué ne tarde pourtant pas à soulever le problème de la place de la femme et de ses droits dans une société de plus en plus traditionaliste. Pendant qu’Hakim bercé par la musique de Freddie Mercury et à l’homosexualité discrète se heurte à la vision rétrograde des opposants à toutes formes de libertés, Joe le restaurateur juif de plus en plus confronté à l’opposition des religions se console en rêvant au mythe factice du film Casablanca de Michaël Curtiz tourné entièrement en studio aux Etats-Unis. Un lacis de déchirures individuelles qui, additionnées les unes aux autres, forment une majorité silencieuse, celle-là même à qui le réalisateur tient à donner la parole dans l’espoir de faire progresser la modernité dans un pays tiraillé entre traditions et tentative d’ouverture à la culture occidentale.
S’appuyant sur une lumière de toute beauté qui nous abreuve à jet continu de paysages sublimes, une réalisation sans temps mort et une interprétation impeccable, Nabil Ayouch sait faire naître subtilement l’émotion à coup de sentiments à peine suggérés et de regards détournés.
Poussé par l’amour qu’il porte à son pays et sûr de la capacité du peuple à construire un nouveau modèle de société, il signe une mise en garde universelle et puissante contre l’intolérance progressive qui gagne non seulement son pays mais le monde entier.
Arras Film Festival 2017
Galerie Photos
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.