Le 18 juillet 2021
Un plaidoyer magnifique et sensible sur l’émancipation culturelle, politique, et sociale d’une groupe d’adolescents marocains à travers le rap. Proprement réjouissant.
- Réalisateur : Nabil Ayouch
- Acteurs : Anas Basbousi, Ismail Adouab, Meriem Nekkach, Zineb Boujemaa
- Genre : Comédie dramatique, Musical
- Nationalité : Français, Marocain
- Distributeur : Ad Vitam
- Durée : 1h42mn
- Date télé : 18 juin 2022 22:46
- Chaîne : Canal+ Cinéma
- Titre original : Casablanca Beats
- Date de sortie : 17 novembre 2021
- Festival : Festival de Cannes 2021
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Résumé : Anas, ancien rappeur, est engagé dans un centre culturel d’un quartier populaire de Casablanca. Encouragés par leur nouveau professeur, les jeunes vont tenter de se libérer du poids de certaines traditions pour vivre leur passion et s’exprimer à travers la culture hip hop….
Critique : Ils sont adolescents. Ils vivent dans la capitale du Maroc, Casablanca, qui constitue autant le poumon économique du pays que le creuset de la misère des villes. Ces ados sont issus de familles pauvres. Ils vivent dans des baraquements installés le long des rues. A quelques mètres de ceux-ci, il y a ce centre culturel qui forme les jeunes gens à toutes les formes d’art, et ce lieu, aussi dérisoire soit-il, est peut-être celui de leur salvation. Haut et fort est le mélange subtil d’une fiction et d’un documentaire. Du moins, Nabil Ayouch a cherché à travers ce récit d’émancipation sociale et culturelle, à donner l’impression que ces vies qui s’étalent sur l’écran sont celles de tout un pays, écartelé entre le risque du radicalisme religieux, la tentation de la modernité et le repli des traditions. Le rap qu’enseigne Anas à ses élèves est d’abord un apprentissage de la liberté de pensée. Il pousse les jeunes à faire surgir leur vérité, provoque le débat entre eux, favorise en eux le besoin de grandir et de trouver leur place au sein du monde. Lui-même dort dans sa voiture. Son amour de la liberté l’a conduit à une existence radicale où il expérimente en permanence ses propres limites et son rapport à la société.
- Copyright Ad Vitam
Haut et fort est peut-être le film le plus enthousiasmant de la sélection officielle du Festival de Cannes 2021. Enthousiasmant, car il fait naître chez ces ados la promesse d’un pays qui a tout à gagner en termes de liberté, de philosophie et de paix. Le long-métrage raconte les pépites qui peuvent surgir de l’éducation populaire : en son temps, celle-ci a permis à nombre d’enfants, en France, de sortir de leurs conditions sociales et d’apprendre à penser par eux-mêmes. C’est un film social et fort qui défend la nécessité de développer des crédits publics au service de lieux dédiés à la jeunesse, au vivre-ensemble, et dont les bénéfices pourraient aider à lutter contre le radicalisme religieux. C’est un long métrage qui clame haut et fort l’exigence et la nécessité de la création artistique.
- Copyright Ad Vitam
Nabil Ayouch connaît bien la mécanique de l’endoctrinement religieux. Il l’avait mis en récit dans Les chevaux de Dieu. Le réalisateur brandit le même courage, la même énergie pour donner corps à ce récit. On craint en permanence les risques qu’il fait courir à lui-même et son équipe. Mais l’art est plus puissant que tout. Le cinéma devient pour lui un formidable instrument d’espoir et de reconquête de la liberté de conscience. On pourrait lui reprocher que cette expérience est un doux rêve éveillé. Mais les rêves réinventent le monde, surtout lorsqu’ils sont incarnés par des comédiens aussi généreux, aussi vivifiants, à travers les yeux desquels on lit l’espoir de lendemains qui chantent en Afrique du Nord.
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