Le 20 octobre 2019
Une somme passionnante d’entretiens, menés auprès de tous ceux qui font le cinéma. Un seul reproche : les témoignages des femmes ne sont pas assez nombreux.


- Auteur : Nicolas Saada
- Editeur : Carlotta
- Genre : Cinéma
- Nationalité : Française
- Date de sortie : 12 juin 2019

L'a lu
Veut le lire
Résumé : Cinéphile passionné Nicolas Saada est réalisateur et scénariste de films (Les Parallèles, Espions, Taj Mahal, Thanksgiving). Il a animé une émission sur la musique de film sur Radio Nova ; Nova fait son cinéma et travaillé avec Pierre Chevalier à Arte entre 1992 et 1998. Dans les années 90, il collabore aussi aux Cahiers du Cinéma, et à d’autres publications ; et réalise de nombreux entretiens. Dans les années 90, Nicolas Saada s’entretient avec des cinéastes, techniciens du cinéma, producteur, chef opérateur, monteur, scénaristes, musiciens et acteurs. Dario Argento Et John Carpenter, Angelo Badalamenti, Elmer Bernstein, James Cameron, John Carpenter, Claude Chabrol, Ethan Et Joel Coen, Francis Ford Coppola, Jim Jarmusch, Diane Johnson, David Lynch, Lalo Schifrin, Julian Schnabel, Thelma Schoonmaker, Paul Schrader, Martin Scorsese, Joel Silver, Terence Stamp, Wesley Strick, Gus Van Sant, Wong Kar-Wai, John Woo. Cet ouvrage aborde la transmission du cinéma sous toutes ses formes.
Notre avis : Ancien journaliste aux Cahiers du Cinéma, Nicolas Saada rassemble ici quelques-uns des entretiens les plus fructueux qu’il a effectués avec tous ceux qui font le cinéma, des réalisateurs aux techniciens, en passant par les compositeurs de musiques ou les producteurs. Cette diversité permet de multiplier les points de vue et les narrations d’expériences, en même temps qu’elle prodigue un tas d’anecdotes sur des tournages de films. En outre, l’ouvrage propose des réflexions très intéressantes sur le rapport qu’entretiennent de grands metteurs en scène à l’image (Martin Scorsese, Gus Van Sant, Wong Kar Wai...), sa construction, lorsque ceux-ci n’évoquent pas les thèmes qui les inspirent ou le financement des projets cinématographiques, les pressions des producteurs (James Cameron, en particulier)... A d’autres moments, des compositeurs expliquent comment ils ont adapté leurs univers sonores au flux des images, nouant une relation étroite avec des cinéastes eux-mêmes intéressés par la musique, au point de la produire (Carpenter, par exemple).
Cette mosaïque de propos dessine les contours d’un art en constant renouvellement, qui prend sans cesse acte des innovations technologiques. Ainsi, au mitan des années 90, Internet constitue une révolution dont certains metteurs en scène ont tout de suite compris l’importance : il faut relire les commentaires de David Lynch, à bien des égards visionnaires, lorsqu’il déclare, il y a quasiment vingt ans, qu’à l’avenir tous les films seront numérisés, visibles sur n’importe quel écran.
Mais on peut aussi, sans tirer des plans sur la comète, se délecter de l’échange entre deux illustres représentants du cinéma horrifique, John Carpenter et Dario Argento, surtout que les fondements de leur admiration réciproque convoquent des scènes précises, tournées par l’un et l’autre.
Il est également loisible, à la jonction du cinéma et de la peinture, de découvrir avec beaucoup d’intérêt l’interview de Julian Schnabel parlant de son premier film sur Jean-Michel Basquiat. Bref, cet ouvrage est une mine de réflexions pour qui s’intéresse au septième art, mais il regarde aussi vers de plus vastes horizons contextuels, où l’art côtoie les évolutions sociétales.
Dommage que la parole ne soit pas assez donnée aux femmes.