Punisher . T2 - La chronique BD

A première vue, Frank Castle est un "héros" détestable. Il ne pense qu’à zigouiller n’importe quel vilain, arme au poing pour ne pas laisser la toute-puissante Justice faire son devoir. Frank, ce qu’il veut, c’est éliminer de la surface de la Terre tous ceux qui se mettent en travers du chemin de sa vengeance personnelle. Sa famille a en effet été un dommage collatéral d’une guerre de gangs mafieux...

Solitaire et en aucun cas solidaire, Castle, mène donc sa vendetta et se met à dos tout le monde, vilains comme véritables super-héros qu’il défie par son idée de justice capitale. C’est donc seul que l’on retrouve le Punisher dans le premier chapitre du recueil qui lui est consacré. Chassé dans un territoire qui n’est pas le sien, il se fera aider par une jeune femme qu’il a sauvée par le passé. Le vieux loup qui vient aider la veuve éplorée : un grand classique sauce western qui laisse transparaître la jubilation d’Ennis à revisiter un genre tout trouvé pour le sauvage justicier.

S’en suivent des histoires de ripoux plus ou moins ronflantes. Le Punisher devient presque un second rôle, témoin de la déchéance du monde qu’il combat. Toute la noirceur dans laquelle évolue Castle explosera par la suite dans cette histoire stand alone qui raconte le devenir macabre d’un enfant d’une dizaine d’années qui a passé deux semaines dans les entrailles de sa mère de 180 kg effondrée sur lui, se nourrissant de ce qu’il y trouvait pour survivre. Le genre de réjouissances qui donne la pêche à Castle et définit un monde sans lueur d’espoir.
Le Punisher croisera sur sa route une autre guerrière d’un autre style, plus martial celui-ci : Elektra. Sa présence annonce celle d’un autre personnage, éternel ennemi de l’immoralité de Castle : Daredevil. Il sera avec Wolverine et Spidey au centre de l’excellent épisode, La conjuration des imbéciles avant de revenir dans le véritable chef-d’œuvre de ce recueil Marvel Icons : Punisher kills the Marvel Universe.

Dans une réalité alternative, le Punisher a décidé de tuer tous les super-héros suite à la tragédie qui a frappé sa famille... Tous les coups sont permis pour anéantir l’univers Marvel entier de Spider-Man à Captain America en passant par Fatalis ou Magneto. Une bonne synthèse de l’âme jusqu’au-boutiste d’un héros totalement aux antipodes du super-héros classique, donc parfait pour Garth Ennis qui ne démord pas de sa volonté de faire vriller les gentils personnages de la grande galaxie Marvel vers quelque chose de plus viscéral et, fatalement, humain. Steve Dillon ne fait pas dans le détail pour accompagner la belle plume d’Ennis et tranche dans le vif, avec une efficacité redoutable. La sauvagerie du trait achève de placer le malheureux Castle dans un monde barbare et cruel, la marque de fabrique du Punisher depuis toujours.