Le 24 juin 2020
Les derniers jours de Jeanne d’Arc entre le tribunal et sa geôle. La version de Robert Bresson : épurée et géniale.
- Réalisateur : Robert Bresson
- Acteurs : Florence Delay, Jean-Claude Fourneau, Roger Honorat
- Genre : Drame historique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Potemkine Distribution, Pathé Consortium Cinéma
- Durée : 1h05min
- Date de sortie : 15 mars 1963
Résumé : Jeanne d’Arc (Florence Delay), emprisonnée à Rouen passe de sa geôle, fers aux pieds, au tribunal où elle est interrogée par un aréopage de religieux sous la houlette de l’évêque Cauchon.
Critique : Si Jeanne d’Arc a donné lieu à beaucoup d’adaptations cinématographiques (encore récemment avec la "Jeanne" de Bruno Dumont, en 2019), comme dans celle de Carl Theodor Dreyer (La passion de Jeanne d’Arc 1928), celle de Robert Bresson se déroule uniquement lors de son procès de Rouen.
Le cinéaste s’est attaché, pour écrire son scénario, aux minutes du jugement de Jeanne et au procès en réhabilitation survenu vingt-cinq ans plus tard. Le récit suit l’héroïne au plus près, entourée uniquement d’hommes d’Église et de quelques soldats anglais. Les premiers voulant lui faire parjurer ses visions, les seconds n’ayant que l’objectif de la faire brûler comme sorcière.
La jeune femme, pourtant inculte et illettrée ,va tenir tête à ces religieux instruits et calculateurs.
Quand Jeanne n’est pas à l’écran, on voit souvent les protagonistes dans des escaliers, ou encore s’expliquer devant une porte d’entrée, comme si malgré la fin inéluctable programmée, ils se sentaient obligés de s’agiter et de se justifier d’envoyer une enfant au bûcher.
La mise en scène, appuyée par un montage d’une belle précision, fait dire beaucoup à de courtes scènes cruciales : la "vérification" de sa virginité (uniquement l’occasion d’apercevoir d’autres femmes), l’intoxication avec du poisson avarié ou encore le refus de porter une robe, acte primordial pour l’Église (Jeanne traverse le film dans une tenue masculine).
Les séquences d’interrogatoire sont sèches et précises, donnent la part belle aux réponses de Jeanne que rien, ou presque, ne semble démonter. Elles sont entrecoupées de plans répétitifs : entrées, sorties du tribunal, bruits de clés, regards impudiques des geôliers derrière une fissure de la cellule...
La lumière due à Léonce-Henri Burel, pionnier du métier (il a débuté sa carrière en 1914), et la musique martiale de Francis Seyrig collent parfaitement à la volonté d’épure du cinéaste.
La dernière scène est réellement exemplaire : un travelling arrière montre les pieds nus de Jeanne qui trottine vers le bûcher, avec de petits pas rapides (rappelant ceux d’une geisha), comme si elle voulait en finir au plus vite. On voit un chien qui la suit, mais de la foule, nous ne verrons que les pieds également. Le dernier plan montre le bûcher calciné.
Ce film exemplaire, qui dit tant, dépasse à peine une heure.
Otto Preminger, auteur d’une autre version en 1957 (Sainte Jeanne- "Saint Joan" -avec Jean Seberg), dira à Bresson, après avoir vu son film : "Nous avons chacun notre Jeanne, la vôtre est la plus belle". Classe !
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Acta Diurna 24 juin 2020
Procès de Jeanne d’Arc - Robert Bresson - critique
Regarding Joan’s "refusal to wear a dress" : historians have pointed out that several eyewitnesses said she told them she continued to wear soldiers’ clothing in prison only because this type of clothing had cords that could be laced through holes in the tunic to attach the different parts of the clothing together so her guards couldn’t pull her clothing off when they tried to rape her on occasion. A dress didn’t offer any protection. English government records show that they selected the tribunal members from people who had supported them, especially the judge Pierre Cauchon, who had served as an advisor to the English occupation government in Normandy for over a decade before the trial.