Le 12 novembre 2023
Une jeune épouse se suicide : son mari va se remémorer leur passé en veillant la dépouille. Robert Bresson passe à la couleur en conservant son style rigoureux et épuré. La débutante Dominique Sanda, loin des "modèles" habituellement prisés par le cinéaste , y est exceptionnelle.


- Réalisateur : Robert Bresson
- Acteurs : Dominique Sanda, Dorothée Blanck, Guy Frangin, Jeanne Lobre
- Genre : Drame, Expérimental
- Nationalité : Français
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Editeur vidéo : Les Acacias
- Durée : 1h28mn
- Date télé : 22 février 2024 22:36
- Chaîne : Ciné+ Classic
- Reprise: 6 novembre 2013
- Date de sortie : 28 août 1969

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Résumé : Une jeune femme (Dominique Sanda) vient de se suicider en se jetant par la fenêtre de son domicile. Son mari (Guy Frangin), prêteur sur gages, va se remémorer leur passé commun en veillant le corps de la défunte.
Critique : Les interrogations du mari, qu’il exprime tout haut, restent sans réponse devant son employée de maison (Jeanne Lobre), qui ne s’exprime que sur des questions pratiques.
Le récit, librement adapté d’un roman éponyme de Fedor Dostoïesvski, est construit sous la forme d’un long flash-back, qui commence dès la première rencontre du couple, elle sans le sou, et lui petit bourgeois qui va vite tomber sous le charme.
- Copyright Marianne Productions/Parc Film
Robert Bresson réalisait ici son premier film en couleur, comme s’il passait ainsi à la seconde partie de sa carrière. Même s’il reste fidèle à un cinéma épuré et distancié, il se laisse étonnamment "dépasser" par son interprète principale, qui ici n’est pas un modèle, mais une "vraie’" actrice : Dominique Sanda aux airs encore adolescents dans son premier rôle, et qui fera ensuite la grande carrière qu’on lui connaît, est constamment étonnante : imprévisible, boudeuse et sensuelle, échappant ainsi aux idées de modèles de non-jeu bressonnien.
Le mari aura beau se rappeler les grands étapes de leur vie commune, ses questions perdureront : ses doutes et incertitudes resteront, il ne se souviendra que de sa propre jalousie envahissante face à cette épouse qui petit à petit s’est enfermée dans le silence. La douceur n’est pas si lisse et peut s’avérer tragique.
Après avoir adapté Bernanos par deux fois, le cinéaste s’inspire de nouveau d’un roman qu’il fait entrer dans son univers si particulier fait de sobriété et de rigueur minimaliste.
Pour son film suivant, le cinéaste adaptera de nouveau Dostoïesvski : ce sera Quatre nuits d’un rêveur, sorti en 1971.