Premier de cordée - la critique du film + le test Blu-ray

Notre avis : On insistait beaucoup, à sa sortie, sur les conditions difficiles du tournage et son authenticité (« sans trucage », affirme un carton initial) et aujourd’hui encore, c’est ce qui séduit : les images de montagne, la description soignée des ascensions, les plans rocheux… Mais il y a tout le reste : des acteurs raides débitant des dialogues sentencieux, les rivalités balourdes, des péripéties guère passionnantes… On aura du mal à se prendre à un jeu aussi artificiel.
Avec des valeurs qui n’étonnent pas en 1944, mais qui nous semblent bien pesantes, l’amour de la terre maternelle, le respect filial, le courage, Louis Daquin échoue à construire un film cohérent : les ellipses initiales ou le manque de suspense lors de la recherche du père dénotent une maladresse singulière. De même l’abondance des explications et commentaires alourdit-elle une histoire déjà conventionnelle.

Alors que sauver de cette platitude ? Sans doute quelques belles idées, comme les abeilles annonçant l’orage, de rares plans saisissants (le fondu enchaîné Alice / la montagne), un petit nombre de séquences « folkloriques », mais surtout la galerie de seconds rôles, atout majeur des années 40 : on aura ainsi plaisir à retrouver Maurice Baquet, Jacques Dufilho, Louis Seigner ou Roger Blin. C’est peu, mais ce n’est pas négligeable.

Les suppléments :
Quatre bonus, tous contemporains du tournage. Il y a d’abord un court-métrage de 1907, remarquablement restaurée : L’ascension du Mont-Blanc. Très didactique, à la valeur documentaire évidente, ce petit film (13mn) est particulièrement séduisant. On y apprendra entre autres que les montagnards se noircissaient le visage pour se protéger du soleil. Tout aussi didactique, un vrai « making-of » d’époque, narré par le commentaire précieux dit par un sociétaire de la Comédie-Française, insiste sur les difficultés du tournage, en 20 mn passionnantes., complété par une minute d’un reportage différent. Enfin, six minutes conservées des essais des comédiens, révélatrices d’un jeu très daté.

l’image :
La restauration est remarquable : noir et blanc contrasté, stabilité et définition au top, un beau travail parfaitement respectueux. De rares moments un peu flous.

Le son :
Tout aussi soigné, le travail sur le son ne peut empêcher certaines voix d’être voilées, ni la musique de souffrir d’épisodiques saturations.