Famille je vous hais
Le 18 mai 2010
Un premier film allemand œdipien qui carbure au vitriol, parfaitement illustré par son titre.
- Réalisateur : Matthias Luthardt
- Acteurs : Sebastian Urzendowsky, Marion Mitterhammer
- Genre : Drame
- Nationalité : Allemand
- Date de sortie : 24 janvier 2007
- Plus d'informations : Le site du film
- Festival : Festival de Cannes 2006
– Durée:1h29mn
Un premier film allemand œdipien qui carbure au vitriol, parfaitement illustré par son titre.
L’argument : Paul, adolescent de seize ans perturbé par le suicide de son papa, débarque à l’improviste chez son cousin. Durant quelques jours, son irruption va permettre aux secrets d’une famille bourgeoise d’exploser : le cousin qui travaille ses gammes de piano et picole en cachette, le papa lâchement dingo étrangement absent, la mère qui préfère son chien à son môme. Plus ça va, plus les tensions s’exacerbent. Jusqu’à l’imparable...
Notre avis : Pingpong est le film de fin d’étude de Matthias Luthardt, jeune cinéaste doué et rebelle d’à peine trente ans, toqué de Pasolini, qui contribue avec ce huis clos oppressant à la renaissance d’un cinéma allemand vif, provocateur et décomplexé. Avec cette autopsie de la bourgeoisie allemande, Luthardt décortique avec ironie et férocité la psychologie tordue des membres d’une famille et filme chaque scène comme s’il y avait un cadavre en train de pourrir dans un coin. Comme dans Théorème, héritage non dissimulé - et un chouia encombrant - pour le cinéaste, l’arrivée d’un élément perturbateur va catalyser des tensions et révéler ainsi les sentiments pervers et ambivalents de personnages trop proprets pour être honnêtes. En quête d’affection, un adolescent de seize ans, aussi mystérieux et ambigu que les autres (ange ? Démon ?) devient le réceptacle puis jouet de manipulation d’une famille transpirant la haine, la décadence et le sexe. Logiquement, le huis clos se mue progressivement en tragédie asphyxiante jusqu’au dénouement cruel.
Rigueur de la mise en scène qui capte les regards fuyants et les sourires hypocrites, singularité de la narration, laconisme des personnages... Matthias Luthardt plaide pour le minimalisme rude. La figure du chien (cynisme vient du mot latin cyniscus et du mot grec kunikos, qui signifient “chien”) sert de lien entre les personnages et reflète le malaise à la manière des poissons morts, des guêpes errantes ou des simples parties de ping-pong. Tant d’éléments quasi-fantastiques qui viennent amplifier ce pugillat psychologique. Bien que hanté par les ombres tutélaires de Pasolini et Losey, ce film anxiogène et ténébreux, taraudé par des tentations symbolistes voire allégoriques, révèle le caractère frondeur insolent d’un cousin germanophone du Ozon de la première période. Bonne nouvelle.
Votre avis
Pour participer à ce forum, vous devez vous enregistrer au préalable. Merci d’indiquer ci-dessous l’identifiant personnel qui vous a été fourni. Si vous n’êtes pas enregistré, vous devez vous inscrire.
aVoir-aLire.com, dont le contenu est produit bénévolement par une association culturelle à but non lucratif, respecte les droits d’auteur et s’est toujours engagé à être rigoureux sur ce point, dans le respect du travail des artistes que nous cherchons à valoriser. Les photos sont utilisées à des fins illustratives et non dans un but d’exploitation commerciale. Après plusieurs décennies d’existence, des dizaines de milliers d’articles, et une évolution de notre équipe de rédacteurs, mais aussi des droits sur certains clichés repris sur notre plateforme, nous comptons sur la bienveillance et vigilance de chaque lecteur - anonyme, distributeur, attaché de presse, artiste, photographe. Ayez la gentillesse de contacter Frédéric Michel, rédacteur en chef, si certaines photographies ne sont pas ou ne sont plus utilisables, si les crédits doivent être modifiés ou ajoutés. Nous nous engageons à retirer toutes photos litigieuses. Merci pour votre compréhension.
Norman06 22 avril 2009
Pingpong - la critique
Remarquable film d’atmosphère, entre Losey/Pinter et Pasolini. Le richesse du scénario n’a d’égale que l’intensité de la mise en scène qui traduit à merveille la décomposition d’une cellule familiale. Admirable !