Si tu vas à Bahia
Le 30 mars 2005
Frénésie de vie et chaleur humaine dans un hommage à celui qui dédia sa vie à la compréhension et au respect des cultures afro-brésiliennes.
- Réalisateur : Lula Buarque de Hollanda
- Acteur : Gilberto Gil
- Genre : Documentaire, Biopic
- Nationalité : Brésilien
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– Durée : 1h22mn
– Titre original : Pierre Verger, messageiro entre dois mundos
– Pour aller plus loin, lire notre entretien avec Gilberto Gil
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Frénésie de vie et chaleur humaine dans un hommage à celui qui dédia sa vie à la compréhension et au respect des cultures afro-brésiliennes.
L’argument : Le célèbre chanteur brésilien Gilberto Gil retrace la vie et l’œuvre foisonnantes du photographe et ethnologue français Pierre Verger. Un beau voyage de Salvador de Bahia au Bénin, en passant par Paris, qui nous faire découvrir les us et coutumes de la culture bahianaise et tisse le lien intrinsèque qui unit le Brésil à l’Afrique.
Notre avis : Qui mieux que Gilberto Gil, chanteur et ministre [1], imprégné de culture bahianaise, ouvert sur le monde, profondément modeste et humain, pouvait suivre les pas de ce grand "messager" que fut Pierre Verger ? En effet, si le premier long métrage de Lula Buarque de Hollanda [2] ne manque pas de faire allusion à l’inépuisable soif de liberté qui poussa l’illustre aventurier à voyager aux quatre coins du monde quinze années durant sans jamais vraiment se fixer, c’est avant tout sur l’homme de cœur, soucieux du devenir des êtres et de leur essence qu’il se penche. Un homme hors du commun que jamais le succès de ses travaux ni l’argent ne vinrent ébranler, et qui dédia le reste de sa vie à la compréhension, au respect de la culture afro-brésilienne.
En 1946, Pierre Verger découvre Salvador de Bahia, et c’est le véritable coup de foudre pour la ville et ses habitants. Dès lors, l’homme qui refuse la condition de "scientiste" et n’hésite pas à pousser toujours plus loin l’approche de la culture des esclaves arrachés à l’Afrique auprès de leurs descendants. Plus qu’un ami, il sera leur frère, un dieu, allant jusqu’à s’initier au candomblé [3] et aux rites des Yorubas [4], lors de ses incessants voyages au Nigéria, puis au Dahomey - ancien nom de l’actuel Bénin.
C’est cette frénésie de vie, cette chaleur humaine, que Lula Buarque de Hollanda et Gilberto Gil tenaient avant tout à nous faire partager. Et ce n’est pas trop dire qu’ils y sont parvenus. Peu importe, l’aspect décousu des séquences qui alternent les plans sur le Brésil, l’Afrique et Paris, les gens que Pierre Verger a connus ou pas, son œuvre, sa vie, le tout ponctué de bout en bout par l’unique interview qu’avaient de lui Lula Buarque de Hollanda et Gilberto Gil, enregistrée un jour avant sa mort, le 11 février 1996. Le feu qui agite ces paysages si colorés, la voix le visage, le corps de ces gens si enthousiastes se superposent d’autant mieux que l’aura du "messager de la lumière" [5], à l’égal de la magie de ses photographies, gravite tout autour d’eux, et se trouve sublimée par la transparence des regards de Lula Buarque de Hollanda et de Gilberto Gil, par le scénario de Marcos Berstein et par la musique de Nana Vasconcelos. Un bien bel hommage à cet homme si singulier et aux deux mondes si vivants et si fascinants qu’il continue de relier, même après sa mort.
[1] Gilberto Passos Gil Moreira est né le 29 juin 1942 à Salvador de Bahia. Actuel ministre de la Culture brésilienne, militant de la cause écologiste, le célèbre chanteur apparaît comme une des figures de proue du tropicalisme, mouvement qui part de l’idée d’"anthropophagie" des valeurs culturelles étrangères, et de la revendication de la conscience noire du Brésil. Depuis les années 70, il travaille, entre autres, à diffuser la musique brésilienne dans le monde tout en s’intéressant à des styles de musique variés
[2] Lula Buarque de Hollanda, anthropologue de formation, est aujourd’hui réalisateur et producteur de cinéma, de télévision et de publicité. Neveu du chanteur brésilien Chico Buarque, il a envisagé d’être masseur avant de devenir l’agent de Marisa Monte puis de se tourner vers le cinéma
[3] Culte afro-brésilien qui regroupe les nations et rituels soudanais, bantous et d’influence indigène
[4] Yoruba : peuple soudanais d’Afrique occidentale (Nigéria, Bénin, Togo). De nombreux Yorubas ont été déportés comme esclaves au Brésil, en particulier à Bahia, et leur culture a notablement influencé la constitution des religions afro-brésiliennes. Le mot "yoruba" s’applique également à la langue parlée par ce peuple
[5] En 1953, Pierre Verger est initié au candomblé. Il devient babalaô, c’est à dire prêtre d’Ifà, le dieu de la divination et du destin, messager de la lumière
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