Voyage à deux
Le 17 septembre 2003
Antagonisme, amitié, humour et bouts de ficelle pour un homme et une femme au creux du désespoir.
- Auteur : Jennifer Johnston
- Editeur : Belfond
- Genre : Roman & fiction
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Résumé : Un homme et une femme en petits morceaux se rencontrent sur un quiproquo. Clara, chante au bord d’une falaise. Laurence craint qu’elle ne pense à se jeter dans le vide. De cette méprise va naître une relation pleine de surprise entre deux êtres à vif. Lui, qui a perdu sa femme et son enfant, s’enfonce dans l’apathie et la colère. Elle, rescapée d’une liaison douloureuse et d’une opération mutilante, tente de s’en tirer par la dérision. Grâce à leur amitié teintée d’incompréhension, ils parviendront à se sauver mutuellement du naufrage.
Notre avis : Un homme, une femme, mais le chabada de Jennifer Johnston est bien plus âpre que la trame de son roman ne le laisserait penser. Si cette Petite musique égrène les notes de l’amour, de l’amitié et de la perte, elle est aussi et surtout une pénétrante réflexion sur la différence. Différence de réactions entre un homme habité par la haine et une femme qui s’accroche à la vie avec humour et tente, en écrivant sa propre histoire, de modeler la réalité en fiction. Bouts de ficelle qui les aident à survivre et soulignent leur antagonisme foncier, sous-tendu allégoriquement de différences culturelles. Lui protestant, elle catholique, lui aussi rude que les paysages d’Irlande du Nord, elle plus amène et contrastée, à l’image du sud de l’île, de ses palmiers, de ses géraniums, de ses pluies fines et de ses éclaircies généreuses.
Nul ne peut venir au secours de ces deux êtres dans la détresse, même pas leurs mères si énervantes avec leur amour, leur gentillesse et leurs confitures. Laurence et Clara savent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes mais s’en sortiront en tournant leur regard vers l’autre. La romancière les fait cheminer avec une grande justesse dans cet improbable voyage à deux. Dialogues finement menés, comparses attachants, paysages reflétant l’humeur des personnages, style plein de saveur et humour bien tempéré font résonner avec une forte intensité une histoire simple et tragique, pourtant baignée d’espoir.
L’extrait |
Jennifer Johnston, Petite musique des adieux (The gingerbread woman, traduit de l’anglais (Irlande) par Anne Damour), Belfond, 2003, 250 pages, 18,30 €
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