Le 2 avril 2020
- Date de sortie : 28 août 2002
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Rêves de gosses, rêves d’ailleurs, rêves de meurtres. Sophie Tasma a écrit un récit comme une lame, dans lequel la vérité se mêle continuellement aux rêves, une parabole tragique sur le traumatisme familial. Rêves de gosses, rêves d’ailleurs, rêves de meurtres.
Résumé : " Ils marchent à petits pas, blessés, valeureux. Ils ne font plus attention à demeurer loin l’un de l’autre, cela n’a plus d’importance. Si Pietro s’effondre, les deux genoux dans la terre mouillée, Lucien s’approche, lui prend le bras, d’un geste cependant dur, méfiant, pour le relever. Comme deux très jeunes guerriers, ils avancent avec un courage, une détermination indifférente. " Des éléments déchaînés, des personnages aux dimensions mythologiques, un paysage presque irréel : l’univers du roman de Sophie Tasma évoque celui d’un conte moderne, à l’écriture sèche et dense.
Critique : Ça ressemble à un conte. A une longue, interminable rêverie, dans laquelle les protagonistes imagineraient leurs destins, leurs fantasmes et leurs désirs. Les boucles s’entremêlent. Le chemin des uns empiète sur celui des autres. Dans leurs songes, les personnages pensent à l’amour éternel, unique et passionnel. Destructeur aussi. Férocement destructeur. La réalité les confronte à la jalousie, l’adultère ou l’abandon. Personne ne pardonne pour le mal et les sévices endurés. Que voulez-vous y faire ? La nature est ainsi faite.
C’est l’histoire de deux enfants, Lucien et Pietro, entre lesquels finit par se tisser une timide amitié, parce qu’une tempête les oblige à passer la nuit sous une couverture de survie. Ils pourraient s’en vouloir, se détester. A mort. La faute de leurs parents. Bianca, mère de Lucien et femme de Paulus, a souhaité tout recommencer avec Jean, père de Pietro et mari de Lucie. Mais non... Lucien et Pietro se tiennent toute la nuit par la main, deux frères siamois, et se réchauffent comme ils peuvent. Ces histoires d’adultes, alors qu’ils tutoient la mort, ils voudraient tellement s’en foutre. Passer par-dessus, tirer un trait. Mais c’est plus fort qu’eux. Ils se sont construits par rapport à ça, leur vie a toujours été rythmée par ces tromperies et ces mensonges. Rien de caché. La vérité, ils la connaissent, brute. Mais cette manière qu’ont toujours eue leurs parents de se complaire dans une relation viciée et pleine de violence a déglingué leurs illusions de gosses.
Le père de Lucien a tué celui de Pietro car Bianca voulait s’enfuir avec lui. Maladive jalousie... Pietro sait que Lucien n’est pour rien dans cette histoire de grande personne. Qu’il souffre autant que lui, car sa mère l’a abandonné après la tragédie. Bianca a tout gommé, a renié son fils après le meurtre de son amant. Elle incarnait l’inespérée madone pour Paulus, ce gros type bourru qui, "pas une fois de sa vie, n’avait été amoureux". Alors ç’a été plus fort que lui. Paulus a tué Jean d’un seul coup de poing. Maladive jalousie.
Perdus, tous... Comme les enfants durant la tempête, comme les amants trop sûrs de leurs sentiments, comme les cocus pleins de haine. Perdues, toutes ces silhouettes fantômatiques au milieu des Cévennes, dans ce décor embrassant fatalement les malheurs de ceux qui le peuplent. Perdues, les illusions de la petite enfance et les belles histoires qui vont avec. Perdus, enfin, ces adultes qui, par leurs erreurs et leurs choix, ouvrent pour l’éternité des blessures impossibles à cicatriser...
Sophie Tasma, Perdus, Editions de L’Olivier, 2002, 150 pages, 16 €
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