Deneuve et Demy l’enchanteur
Le 6 août 2023
Le conte de Perrault revu par Demy est une belle romance féérique. On ne se lasse pas de revoir la robe couleur du temps de Deneuve et de découvrir la recette du cake d’amour.
- Réalisateur : Jacques Demy
- Acteurs : Catherine Deneuve, Jacques Perrin, Micheline Presle, Fernand Ledoux, Rufus, Delphine Seyrig, Jean Marais, Paul Bonifas, Coluche, Henri Crémieux, Patrick Préjean, Andrée Tainsy, Michel Delahaye, Sylvain Corthay, Louise Chevalier, Bernard Musson, Sacha Pitoëff, Pierre Repp, Romain Bouteille, Gabriel Jabbour, Annie Savarin, Dorothée Blanck, Yves Pignot
- Genre : Fantastique, Romance, Comédie musicale, Film pour enfants, Film pour ou sur la famille
- Nationalité : Français
- Distributeur : CIC Distribution, Ciné-Tamaris
- Editeur vidéo : Ciné Tamaris
- Durée : 1h30mn
- VOD : Canall VOD, Netflix, Orange, UniversCiné, Viva
- Date télé : 24 décembre 2020 20:40
- Chaîne : OCS Géants
- Reprise: 2 juillet 2014
- Âge : À partir de 8 ans
- Date de sortie : 16 décembre 1970
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Résumé : Mourante, une reine se fait promettre par le roi de ne prendre pour nouvelle épouse qu’une femme plus belle qu’elle. Mais la seule personne capable de rivaliser avec sa beauté n’est autre que sa propre fille, et le roi la demande en mariage. Pour échapper à cette union incestueuse et sur les conseils de la fée des Lilas, sa marraine, la princesse demande à son père, pour sa dot, des robes irréalisables, mais il parvient toujours à les lui offrir. Elle lui demande alors de sacrifier son âne qui produit des écus d’or et le roi s’exécute. La princesse s’enfuit alors du château, revêtue de la peau de l’âne. Elle emporte avec elle sa toilette et ses plus belles robes. Le prince d’un autre royaume, où s’est installée Peau d’âne comme servante, la voit sans la reconnaître alors qu’elle était en tenue de princesse...
Critique : À l’instar des Demoiselles de Rochefort, Peau d’âne alterne les dialogues parlés et chantés. Par contre, il ne comprend pas de véritables chorégraphies. Du conte de fées de Perrault, Jacques Demy tire un récit fantastique inspiré à la fois par l’esthétique des illustrations de livres pour enfants (l’ouverture et la clôture), le pop art américain et le merveilleux cher à Cocteau. Concernant cette dernière référence, on notera, outre la présence de Jean Marais, le thème des amours transgressifs et l’usage d’effets spéciaux artisanaux, que l’on décelait chez l’auteur d’Orphée. Ce qui surprend, dans cette adaptation de Demy, c’est l’humour récurrent : « Amour, amour, je t’aime tant » répète le perroquet, tandis qu’un intendant bègue (Pierre Repp) s’avère expert en gaffes verbales et contrepèteries involontaires. Dans le même ordre d’esprit, la fée (exquise Delphine Seyrig) est d’une maladresse et d’une inefficacité dans ses conseils, oubliant que cela ne peut être dû à l’âge, les fées ne vieillissant pas... Et quand le prince charmant (Jacques Perrin) s’imagine roucouler avec sa belle, les deux tourtereaux fredonnent « Nous fumerons la pipe en cachette », probable allusion à la contre-culture hippie florissante en ce début des années 70... Cette fantaisie, qui n’était pas nouvelle chez Demy, donne au conte un ton décalé, sans tomber dans la veine parodique si chère à un certain cinéma contemporain.
On retrouve dans Peau d’âne le jeu des hasards et des coïncidences qui ne cesse de hanter l’univers du cinéaste depuis Lola, et cette ambiance à la fois cruelle et tendre, mélancolique et lyrique, qui parcourt toute son œuvre. Le thème de l’inceste, argument du conte qui sert ici de McGuffin au scénario, est l’aspect le plus sombre et sera d’ailleurs repris dans la description des rapports entre Yves Montand et Mathilda May dans Trois places pour le 26, son dernier film. Sur le plan formel, on pourrait citer à l’infini les beautés fulgurantes de Peau d’âne, qui ne se limitent pas à des costumes somptueux (les robes commandées au roi), des décors grandioses (les deux châteaux) et au jeu habituel sur les couleurs. Le film regorge de moments de grâce dont cette séquence culte de préparation d’un cake d’amour... La musique mélodieuse de Michel Legrand et l’interprétation légendaire de Catherine Deneuve s’insèrent avec bonheur dans ce dispositif merveilleux. Il faut enfin souligner des anachronismes qui complètent la saveur de l’ensemble, à l’image de l’arrivée en hélicoptère de Jean Marais et Delphine Seyrig, accueillis en grandes pompes par le second roi (Fernand Ledoux) et la reine rouge (Micheline Presle). Même si les fans de Demy préféreront l’émotion des Parapluies de Cherbourg, l’euphorie des Demoiselles ou la noirceur d’Une chambre en ville, le charme de Peau d’âne n’en finit pas d’agir et devrait continuer de séduire de nouvelles générations.
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