Les débuts d’un cinéaste majeur français
Le 10 novembre 2019
Les sept courts métrages de Jacques Demy documentent la naissance d’un grand cinéaste.
- Réalisateur : Jacques Demy
- Acteurs : Jean Desailly, Laurent Terzieff, Jean-Louis Trintignant, Micheline Presle
- Genre : Court métrage
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Résumé : Passionnants témoignages de la naissance d’un grand cinéaste
Notre avis : Les courts de Jacques Demy se composent d’abord d’animations muettes, puis d’une fiction sombre où l’auteur se met en scène, de deux documentaires rigoureux et austères, enfin d’un segment du film à sketches Les sept péchés capitaux où l’univers de Demy se met en place. Etat des lieux.
Le pont des mauves (1944). 2 minutes. Jaques Demy a treize ans quand il réalise ce petit dessin animé muet en couleurs. Le thème en est le bombardement d’un pont de Nantes. Très coloré et rapide, le sujet surprend pour un adolescent.
La ballerine, (1944). 1 minute. Film d’animation fait de papiers pliés.
Attaque nocturne (1948). 2 minutes. Film d’animation fait de papiers pliés de manière égale, qui a le mérite de reconstituer le Nantes des années 40.
Les horizons morts (1951). 8 minutes. Jacques Demy se met en scène dans une chambre de bonne miteuse, semblable à une cellule. Un jour, il sort, observe un couple avec un peu trop d’insistance. L’homme le frappe et l’assomme. A son réveil, il revient dans sa chambre et par maladresse rate son suicide : le jour se lève par la petite lucarne.
Le sabotier du Val de Loire (1955). 26 minutes. Documentaire. La vie modeste d’un sabotier de la Chapelle-Basse-Mer. Uniquement guidé par la voix off, on assiste à la dureté de la vie de ce couple âgé ordinaire : lui continue à fabriquer des sabots de bois et elle à faire rouler sa vieille brouette, pour rincer le linge dans la Loire. Parce qu’il se rend aux obsèques d’un ancien camarade, on comprend que lui aussi attend sa dernière heure avec philosophie, d’autant que leur enfant (adopté), désormais adulte, va sûrement se marier et ne plus venir les voir le dimanche.
Ars (1959). 18 minutes. Documentaire sur des images contemporaines de la ville d’Ars, dans l’Ain, où officia le curé Jean-Marie Vianney, pendant 41 ans. Celui-ci fut canonisé par Rome.
La luxure (1962). 14 minutes. Segment du film à sketches Les sept péchés capitaux, co-réalisé par Sylvain D’homme et Max Douy, Edouard Molinaro, Jean Luc Godard, Roger Vadim, Philippe de Broca et Claude Chabrol. Avec Laurent Terzieff, Jean-Louis Trintignant, Jean Desailly et Micheline Presle.
Deux amis artistes, Jacques et Bernard (Terzieff et Trintignant) dissertent devant un livre d’art consacré à Jérôme Bosch. Bernard se remémore son enfance au catéchisme, où le curé lui a relevé l’existence des sept péchés capitaux, dont la luxure qu’il confond avec le luxe. Chez ses parents, (Jean Desailly et Micheline Presle), il est puni pour avoir évoqué le sujet.
Hormis dans La luxure, on a du mal à reconnaître le futur cinéaste : ces premières œuvres sombres, graves et volontiers mystérieuses, voire mystiques, sont bien éloignées des films lumineux qui vont faire son succès. Toutefois, elles attestent de cette passion du cinéma qui l’a saisi dès ses plus jeunes années.
En ce qui concerne le dernier court métrage, tourné en 1961, année où il réalise son premier long Lola, tout son univers est en place : la rue où se promènent belles femmes, l’apparente légèreté du propos, les enfants incompris, le décor du bistrot dû à Bernard Evein (déjà) et une musique de Michel Legrand (déjà, aussi !). Un cinéaste majeur est né.
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