Le 11 octobre 2020
Anonymat, solitude, pudeur et enchantement : ce court roman illustré dépeint un lieu de vie japonais qui incarne cette société. Le récit s’enveloppe dans la poésie, celle qui naît des instants inattendus, où l’intrigue se cache derrière le spectacle de l’existence. Une lecture apaisante et sensible.
- Durée : 112 pages
- Auteur : Yoshida Shuichi
- Collection : Livre illustré
- Editeur : Editions Philippe Picquier
- Genre : Roman
- Nationalité : Japonais
- Traducteur : Gérard Siary, Mieko Nakajima-Siary
- Plus d'informations : Lire un extrait
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Résumé : Au milieu de l’agitation tokyoïte, le parc de Hibiya abrite les employés des buildings environnants pendant leur pause déjeuner, les rêveurs en quête de perspective, ou les sans-abris à la recherche de quiétude.
Critique : Ce bref roman est un hymne à la fugacité, aux bouffées d’air pur, aux instants où le temps semble suspendu. Lauréat du prix Akutagawa en 2002, l’équivalent du Goncourt au Japon, ce livre peut décontenancer de différentes façons. L’objet en lui-même se présente comme un roman illustré et l’on a tout à fait l’impression d’avoir en main un carnet de croquis, dans lequel les illustrations se mêlent aux observations que peut faire le narrateur.
Dans ce parc, nous suivons un jeune employé urbain, célibataire, qui s’occupe de l’appartement de ses amis en leur absence. Un matin, alors qu’il se rend au bureau avec son chef, M. Kondô, une jeune femme lui adresse accidentellement la parole. Lorsqu’il l’aperçoit de nouveau à la pause déjeuner dans le parc, il est pris d’un élan de curiosité pour engager la conversation. Elle, mystérieuse, semble comme lui traîner sa solitude quotidienne dans ce parc. Mais elle observe les autres personnages de ce lieu reposant et va pousser le jeune employé à ouvrir les yeux.
Ne cherchons pas de l’action ou de grands rebondissements dans cette histoire : le récit est clairement contemplatif, l’action lente. Le tout ressemble à une photographie sur la vitalité qui anime le parc de Hibiya, sans véritablement raconter quelque chose d’extraordinaire. Il explore cependant le mal du siècle au Japon, la solitude. Celle des générations qui ne communiquent ni avec leurs parents, ni avec les enfants. Celle des employés qui s’entassent tous les jours dans les transports en commun, sans adresser la parole à leur voisin. Celle des célibataires qui vivent bien leur condition et considèrent les moments seuls comme une manière d’échapper au temps. Celle des voisins qui se croisent sans engager la conversation.
Que reste-t-il alors du rapport au temps ? La poésie. Dans une mégalopole où le bruit est très présent, où le rythme ne faiblit pas, faire une pause dans un parc, de jour comme de nuit, permet d’oublier le temps. Dès lors, la poésie peut opérer, par l’observation, la flânerie, la rêverie. Le véritable héros de l’histoire est ce parc, là où tout peut arriver où on oublie ses occupations du quotidien.
Les défauts du récit tiennent à la relation entre l’employé et la jeune femme, que l’on aurait aimé approfondie ; de ces personnages, on aurait aimé connaître le parcours. Mais cela aurait été un non-sens au point de vue du sujet : Park Life se présente comme un moment instantané, dont la lecture se fait d’un seul trait et replace le lecteur comme ce qu’il doit être en premier lieu : un spectateur. A l’imaginaire de construire le reste.
Langue originale : Japonais
13€
ISBN-13 : 9782809715101
220 x 160 mm
Broché
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