Le Guantánamo made in France
Le 23 décembre 2020
Même si sa mise en scène est presque aussi insipide que son acteur principal, le récit est fort et aurait dû donner un bien meilleur film. Mieux vaut alors se retourner vers le classique intemporel de Franklin Schaffner.
- Réalisateur : Michael Noer
- Acteurs : Charlie Hunnam, Michael Socha, Eve Hewson, Yorick van Wageningen, Rami Malek, Roland Møller, Tommy Flanagan
- Genre : Drame, Aventures, Drame carcéral
- Nationalité : Américain, Espagnol, Tchèque
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Durée : 1h57mn
- Date télé : 1er août 2023 01:48
- Chaîne : Ciné+ Premier
- Date de sortie : 15 août 2018
Résumé : Paris 1930, Henri Charrière, dit "Papillon", est condamné à la prison à vie pour un meurtre qu’il n’a pas commis. Il est envoyé au bagne de Cayenne, en Guyane, où il y fera la connaissance de Louis Dega, un célèbre faussaire. Déterminé à s’évader par tous les moyens, Papillon fera équipe avec Louis, pour trouver le moyen de s’échapper de cet enfer.
Critique : Le plus beau protège le plus riche. Cette réécriture de l’ordre naturel des choses a tout d’une pure logique hollywoodienne. Pourtant, ce Papillon est à l’origine un roman français mis en images par un réalisateur danois. Il suffit toutefois de peu de temps, celui d’entendre tous les personnages parisiens parler anglais en fait, pour savoir à quel public s’adresse ce long-métrage. Michael Noer avait pourtant déjà signé, avec R en 2010 un film qui nous plongeait dans l’univers pénitencier avec une virulence et un réalisme remarquables. Depuis, cet ancien documentariste avait également, avecNorthwest, réalisé un autre film coup de poing, qui lui valut d’être considéré par certains comme le « nouveau Nicolas Winding Refn ». Peut-être est-ce pour suivre les pas du désormais célèbre cinéaste que Noer s’est lancé dans ce projet consistant à reproduire le succès qu’avait rencontré Franklin Schaffner lorsque, en 1973, il adapta l’autobiographie de Henri Charrière.
La première chose à faire lorsque l’on adapte un roman déjà brillamment adapté, c’est de trouver les acteurs nouveaux qui pourront répondre au casting légendaire de l’original. Le duo de personnages principaux se retrouve cette fois interprété par deux jeunes gens bien connus par les amateurs de séries américaines : Charlie Hunnam de Sons of Anarchy et Rami Malek de Mister Robot. Même s’il ne serait pas judicieux de comparer leur performance à celle de Steve McQueen et Dustin Hoffman qui tenaient leurs rôles 45 ans plus tôt, il est difficile de fermer les yeux sur la fadeur de leur palette de jeu, et le poids que cette insipidité fait peser sur la qualité du film.
- Copyright Metropolitan FilmExport
Dès la scène d’ouverture, dans une courte reproduction archétypale des années folles à Paris (ou plus précisément à Pigalle, comme le veut le cliché), le manque d’expressivité dont fait preuve Charlie Hunnam est flagrant. La scène de son arrestation, pourtant censée représenter l’apogée dramatique du récit, permet à elle seule de mesurer la platitude à laquelle on va avoir affaire pour les deux heures suivantes. Et ce n’est certainement pas Rami Malek qui va redonner un peu d’intensité au buddy movie carcéral qui se dessine. Avec pour seule expression son regard ahuri, celui que l’on verra bientôt sous les traits de Freddy Mercury participe au manque de suspense qui naît chaque fois que leurs personnages commencent à échafauder un plan d’évasion.
Il faudra peut-être attendre la suite de la filmographie de Michael Noer pour savoir concrètement si c’est le défi d’avoir dû reconstituer une époque passée ou celui d’être allé poser sa caméra à l’étranger (en Europe de l’Est et non en Amérique du Sud !) qui l’a empêché de retrouver l’intensité qui animait ses précédents films. Ce que l’on peut toutefois d’ores et déjà affirmer c’est que c’est le peu de plans larges –que l’on imagine lié aux rares décors auxquels l’auteur avait accès – nous focalise trop sur le (non-)jeu de ses deux comédiens bien peu attachants, et échoue à capter l’ambiance oppressante dans laquelle les personnages de forçats sont censés évoluer.
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Cette mise en scène très limitée et le peu d’émotions qui en naît, ne font que surligner davantage le caractère répétitif du scénario. Et l’absence de réalisme que de voir, notamment, la petite barbe de trois jours de Charlie Hunnam toujours aussi bien taillée après plusieurs mois en cellule d’isolement (ce qui se voudrait justifié par le passage régulier d’un barbier au bagne !) enfonce un peu plus le clou du manque de conviction avec laquelle ce roman a été adapté en un film calibré pour le grand public américain. Cette fois, en revanche, on peut se permettre de comparer à la version de 1973 et rappeler que Dalton Trumbo, son scénariste, en avait fait une fable humaniste qui savait approfondir la psychologie tourmentée de ses personnages. C’est définitivement l’argument qui nous permet de conclure que le seul intérêt de ce film est de rappeler à la mémoire collective l’œuvre de Franklin J. Schaffner qui mérite d’être (re)découverte.
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Xavier GALLEGO 26 décembre 2018
Papillon (2018) - la critique du film
Henri Charrière, qui à écris le livre, ne sait jamais évader du Bagne. Il a inventé ce récit, ce n’est pas une autobiographie contrairement à ce qui est écris sur l’affiche.
Malgré tout le premier film et un chef-d’œuvre.
Par contre mon grand-père, lui s’est vraiment évadé du bagne. Toutes les preuves retrouvées aux archives du bagne à Aix en Provence. Et un livre en version catalane, terre natale de Gabriel Molins, à était édité l’an dernier. Son histoire très rocambolesque mériterait bien un film.