Le 7 novembre 2024
Entre outrance et humour, une farce sociale qui dézingue avec jubilation le monde des ultra-riches.
- Acteurs : David Ruellan, Béatrice Vincent
- Durée : 1h00mn
- Auteurs : Michel Pinçon - Monique Pinçon-Charlot
- Metteur en scène : Anne Veyry
- Genre : Théâtre (spectacles)
- Salle de Théâtre : Théâtre Essaïon
- Plus d'informations : Le site du théâtre
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Résumé : Quand le seizième arrondissement se révolte et prend des airs de barricades parce qu’un centre d’hébergement d’urgence va ouvrir ses portes.
Critique : Fins observateurs des us et coutumes des classes les plus fortunées, Monique Pinçon-Charlot et Michel Charlot assistent le 14 mars 2016 à une réunion d’informations à l’université Dauphine, annonçant la création d’un centre d’hébergement pour sans-abris, allée des fortifications à Paris, en lisière du bois de Boulogne. Dans le très chic arrondissement de Paris, la révolution est en marche. Le vernis se fissure, la violence se déchaîne et les insultes fusent contre les instigateurs d’un tel projet qui n’a d’autre but, c’est certain, que de transposer la jungle de Calais dans les plus beaux (et les plus chers) quartiers parisiens.
- Copyright Chiara Breci
Voilà de quoi faire germer dans l’esprit de nos sociologues avertis l’idée d’une bande dessinée dont il confie le graphisme à Benoit Lécroart. Un ouvrage qui sert de trame à ce portrait d’une classe sociale furieusement attachée à ses privilèges et à son entre-soi, représentée par la très chic villa Montmorency, dont ils font leur cible favorite, ghetto de riches cadenassé et surveillé, qui abrite quelques milliardaires en vue tels que Bolloré, Dassault, Lagardère, Niel et quelques autres (les personnalités du show-biz ont été généreusement épargnées).
Alternant témoignages, paroles recueillies et analyses sociologiques, les deux comédiens (David Ruellan et Béatrice Vincent), animés d’une énergie insatiable, font vivre sous nos yeux une pléiade de personnages, de ces habitants qui craignent pour leur sécurité au maire d’arrondissement en passant par la préfète, l’architecte du site concerné, le directeur de l’université ou les élus de la ville de Paris.
- Copyright Chiara Breci
Dans cette petite cave voûtée qui fait office de scène, le décor est minimaliste, composé d’une unique valise qui se plie et se déplie au gré des situations. Une sobriété qui sied à la description d’un monde ennemi de la frugalité et équilibre un texte schématique Bien sûr, il s’agit là d’une farce destinée à se moquer d’une classe hors sol. Alors, il faut grossir le trait jusqu’à la caricature au risque de surcharger une démonstration qui aurait gagné en crédibilité à condition de revêtir quelques nuances. Mais le but est de susciter la réflexion par le rire. Force est de reconnaître que ça marche. On sourit souvent, on rit parfois. Pourtant, la répétition de procédés scéniques inutiles ou même forcés tels que les hurlements intempestifs censés mimer une foule en colère sans obtenir l’effet escompté ou le passage étroit sous une table diffusent une étrange atmosphère de bouffonnerie qui affaiblit la démonstration. L’implication totale des deux comédiens transmet parfaitement le message sans obligation d’ajouts superfétatoires.
Transposer une étude sociologique en récit pour le théâtre n’est sans doute pas chose aisée. On retiendra de celle-ci sa volonté de désamorcer la violence d’une réalité sociale digne de l’Ancien Régime par un amour ravageur, même si tous les moyens pour y parvenir n’ont pas été déployés.
Théâtre Essaïon - 6, rue Pierre au Lard - 75004 Paris
Jeudi, vendredi et samedi à 21h jusqu’au 23 novembre 2024.
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