Où sont passés les Morgan ? - La critique

Critique : On en a tellement l’habitude que c’est presque devenu un genre en soi, comme le blockbuster estival ou le Disney de Noël : la comédie romantique mettant en vedette Hugh Grant, dans des amours contrariées et malmenées qui finissent toujours par se remettre en ordre. Aucune surprise donc sur le plan du récit avec ce nouveau film de Marc Lawrence, qui rivalise d’ardeur pour nous mener par tous les lieux communs de la romance conjugale : infidélité, rire et retrouvailles, dans une saine ambiance de piques acerbes et d’involontaires attaques physiques. Ce n’est pas le fond d’intrigue policière servant de déclencheur à la situation rocambolesque du couple qui rachètera l’originalité du scénario où tout converge - et le spectateur le sait évidemment dès les premières images - à la réconciliation des époux Morgan. Cette prévisibilité finit par lasser, et l’on se trouve à anticiper quasiment à la scène près des tournants narratifs plus attendus encore qu’un simple happy end dans une comédie hollywoodienne, et qui s’étendent en longueur. C’est d’autant plus dommage que, si Marc Lawrence, casquette de scénariste sur le front, taille la forme générale de son film à coups de burin, il peaufine ses dialogues et certaines de ses situations en leur ajoutant un piquant particulier qui fait basculer la parole dans un jeu de haute volée.

© Sony Pictures Releasing France

Malgré tout donc, Où sont passés les Morgan ? conserve un caractère attachant qui le sort des rangs de la romance lambda lessivée à l’eau de rose. Bien que Sarah Jessica Parker soit à la limite du surjeu et du surmenage - à tel point que le doute s’installe sur la dose de second degré qu’elle injecte dans l’interprétation de son personnage... - et que Hugh Grant... fasse du Hugh Grant (l’enchaînement regard penaud - air inspiré et amoureux), le casting est soigneusement sélectionné, y compris les seconds rôles, qui contribuent en fait le plus au comique du film. Sam Elliott - le cow-boy de The Big Lebowski et Mary Steenburgen s’écrasent faussement dans leurs personnages, un couple de péquenauds du Wyoming très « Chasse, pêche, nature et tradition marshall ». Côté réalisation, Lawrence ne donne pas dans le révolutionnaire, mais fait preuve d’une attention aux détails appréciable et qui éveille par moments l’attention grâce à des clins d’œil et des échos, s’amusant franchement à passer d’une ambiance luxe et chic à la Sex and the City à une Amérique nostalgique de ses westerns et de son art rustique de vivre (la question de la nourriture donne lieu à quelques instants savoureux). Si tout le monde se demande où sont passés les Morgan, on peut en tout cas vous rassurer sur le genre de la comédie romantique : en respectant fidèlement ses codes - avec le plaisir de la répétition sympathique aussi bien que le risque de l’ennui... -, le couple s’est pas aventuré bien loin.

© Sony Pictures Releasing France