Le 8 avril 2024
Hélas prétentieux, confus et bruyant, ce récit fantastico-hystérique, très inspiré d’un certain cinéma des années 80-90 en France, ne parvient pas à capter l’attention du spectateur malgré l’indéniable volonté du réalisateur de choyer l’esthétique de l’image.
- Réalisateur : Bruno Mercier
- Acteurs : Juliette Dutent, Anthony Moudir
- Genre : Drame, Fantastique
- Nationalité : Français
- Distributeur : Les Mûres sauvages
- Durée : 1h26mn
- Date de sortie : 17 avril 2024
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Résumé : Louison est bipolaire. Elle provoque souvent Orso qui est fou amoureux d’elle. Cette histoire ne peut que mal finir, mais il veut y croire. Le jour où Louison disparait, tout s’effondre. Abattu, Orso appelle Mara, la sœur jumelle de Louison. Leur relation est ambigüe. Quel jeu joue Mara ? Orso devra aller au bout de cette passion à deux visages pour se libérer et retrouver la lumière.
Critique : Elles sont jumelles, mais finalement n’ont des traits de la gémellité que la fougue et les cris. Louison est apparemment bipolaire, fuyant régulièrement le domicile conjugal, après avoir fait bruyamment l’amour. Elle hurle beaucoup, se débat contre elle-même, face à ce pauvre artiste de peinture, certes dépassé, mais qui a l’air aussi fou qu’elle. Sa sœur, Mara, vient à la rescousse d’Orso, mais au lieu de cela, s’égare dans une relation autant sexuelle que masochiste avec lui. La fugueuse apparaît, disparaît, réapparaît, pendant que la sœur se cache dans les toilettes, entre deux scènes d’une franche hystérie.
- Copyright Les Mûres Sauvages
On veut bien comprendre que la vie d’acteur est difficile et que les cachets ne courent pas les rues. Mais de là pour Anthony Moudir et Juliette Dutent d’accepter un scénario aussi confus, il y a un pas. Les personnages sont réduits à des caricatures d’eux-mêmes, dans une sorte de folie qui déborde de partout, à la limite de la violence conjugale, du harcèlement et même du viol. Les femmes, surtout, dans la figure de ces deux jumelles, ressemblent à des démons hurlant, d’autant que le film quitte peu à peu le point de vue psychologisant pour s’égarer dans le fantastique et le récit de fantômes.
Il est délicat d’écrire du mal sur un film quand on voit l’attention remarquable que le réalisateur apporte à la photographie et la mise en scène. Chaque plan est extrêmement travaillé, qu’il s’agisse du cadrage, de la lumière ou de la couleur. Le réalisateur n’en est pas à son premier film, on perçoit véritablement la recherche d’une esthétique de l’image au service hélas d’un scénario d’une tragique faiblesse. On ne croit pas un mot de ces atermoiements psychologiques des trois personnages qui s’égarent dans des suites de cri, sans queue ni tête. Malgré tout le soin apporté au visuel du long-métrage, Orso ne fonctionne absolument pas. En réalité, il ne suffit pas de produire de belles, voire de magnifiques images pour faire du cinéma. Un film, c’est d’abord une écriture, une cohérence narrative, un message capables d’emporter le spectateur dans les tourments des personnages.
- Copyright Les Mûres Sauvages
Bruno Mercier convoque une multiplicité de styles cinématographiques. On reconnaît de manière à peine voilée la folie de Béatrice Dalle dans le sulfureux film de Beineix, 37°2 le matin. Mais, il n’y a ni le talent, ni la vision, l’histoire se heurtant à une représentation de la femme d’un autre temps. De plus, c’est bien mal connaître la bipolarité, à travers cette figure hurlante et bourrée de simagrées. D’autres scènes font penser au Petit Chaperon Rouge dont on retrouve des images analogues dans le film de la même période que Beineix, La Compagnie des Loups de Neil Jordan. Bref, Orso est un film inspiré, ambitieux, mais à la limite de l’orgueil.
On sait que Bruno Mercier finance et réalise ses films à partir des projections qu’il organise sur le territoire français. En ce sens, il faut saluer l’opiniâtreté d’un artiste qui se bat depuis douze ans pour faire vivre ses fantasmes visuels sur le grand écran. La vrai sujet peut-être ne demeure pas l’ambition créatrice de Bruno Mercier, mais la nécessité de rappeler qu’un film est d’abord fait pour ses spectateurs.
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