ORO la cité perdue - la critique du film + le test blu-ray

Notre avis : ORO est une belle tentative espagnole d’un retour à un grand cinéma d’aventures, à la fois brutal, dépaysant et chargé d’un contexte historique qui serait le révélateur des maux de nos sociétés d’aujourd’hui.
Agustín Díaz Yanes, son réalisateur, reste plutôt inconnu chez nous, malgré la sortie en salle de son Capitaine Alatriste, peu remarqué, qui mettait en vedette Viggo Mortensen ; et Sólo quiero caminar, Prix du Jury au Festival International du Film Policier de Beaune en 2009.
Inédit au cinéma en France, ORO suit l’expédition d’un groupe de conquistadors à la recherche d’une cité d’or. Tous perdent peu à peu la raison sous la promesse de montagnes d’or qu’ils sont de moins en moins enclins à partager. Mais évidemment, à la manière de The lost city of Z de James Gray, la mystérieuse cité se dérobe sans cesse sous leurs pas.

Photo promotionnelle proposée par Wild Side Vidéo - 2018 (C) Wild Side Vidéo

Ce que le film rate, malgré de bonnes volontés, c’est l’ampleur et l’atmosphère. Pourtant l’enfer vert semble bien suffoquant, et les personnages plombés par une progression difficile et des dissensions qui se font jour ajoutent à la charge de désespoir ambiant.
C’est plutôt la folie de l’obsession qu’il est bien difficile d’appréhender ici, malgré une voix off parfois trop explicative. L’auteur s’en sort assez mal avec tous ces personnages, et même les quelques séquences d’action, explosions de la violence latente, semblent trop vite emballées. Pour ne rien arranger, la musique semble souvent en déconnexion totale avec l’ambiance voulue par l’image.

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Pourtant, tout n’est pas à jeter dans cette œuvre adaptée d’une histoire inédite d’Arturo Pérez-Reverte, qui fournit donc au cinéaste une nouvelle source d’inspiration après Capitaine Alatriste.
C’est dans les rapports entre les hommes et les deux femmes du groupe qu’il semble vouloir aller plus loin que la simple belle illustration exotique.
Il est question d’ambition démesurée qui pousse les uns à marcher sur les autres, de la convoitise de l’or qui déclenche les violences, d’une logique d’appropriation des biens d’autres peuples...
Le film se concentre sur les petits intérêts personnels de colonisateurs dont aucun n’est à prendre pour un héros.
Et c’est en cela qu’il trouve son intérêt, cette peinture d’un concentré du capitalisme moderne raconté par les exactions d’un petit groupe de conquistadors du 16ème siècle, déjà bien égratignés par Herzog et son Aguirre, la colère de Dieu, d’une toute autre ampleur, tout de même.

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Au bout du film, de cette galerie de personnages abjects se sera imposée au spectateur l’esquisse d’un conquistador un peu moins salaud que les autres, mais à peine plus incarné. Raúl Arévalo représente le point d’attache, il en est même le narrateur. Mais il a beau briser le quatrième mur, dans un dernier plan qui évoque forcément le regard de DiCaprio à la fin de l’immense épopée The Revenant, semblant questionner le spectateur sur son propre rapport à la fortune et à la renommée ; l’instant ne s’imprime pas et le film, lui, passe comme un coup de vent.

Le blu-ray :
© 2018 Wild Side Vidéo. Tous droits réservés.

Les suppléments :

Seul un making of de 20 minutes est proposé en complément du film. Et, si l’on ne voit pas grand chose du tournage lui-même, quelques entretiens mettent en perspective les thématiques du film. Malheureusement, l’ensemble n’échappe pas au discours promotionnel.

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L’image :

S’il faut reconnaître une chose à ORO, c’est la beauté de ses images et la cohérence des couleurs, bien restituées par le blu-ray. Le vert omniprésent tirant parfois sur le cendré, les ciels cramés ou encore l’obscurité percée par les flammes des torches ; tout cela compose un tableau saisissant de l’enfer sur Terre.

Le son :

L’environnement de la jungle est parfaitement restitué grâce à la spatialisation des belles pistes DTS HD Master Audio 5.1, disponibles en espagnol et en français. Les basses sont convoquées régulièrement lors de séquences d’action percutantes au niveau du son, et les dialogues sont centrés et clairs.