Tahar au pays de l’Or Noir
Le 14 décembre 2012
Quatre ans après le désastreux Sa majesté Minor, Jean-Jacques Annaud revient aux grandes fresques académiques. Une bonne nouvelle ?
- Réalisateur : Jean-Jacques Annaud
- Acteurs : Antonio Banderas, Riz Ahmed, Mark Strong, Tahar Rahim, Freida Pinto
- Genre : Aventures
- Nationalité : Français, Qatarien
- Durée : 2h09mn
- Titre original : Black Gold
- Date de sortie : 23 novembre 2011
- Plus d'informations : Site officiel
Quatre ans après le désastreux Sa majesté Minor, Jean-Jacques Annaud revient aux grandes fresques académiques. Une bonne nouvelle ?.
L’argument : Cette grande fresque épique située dans les années 30 au moment de la découverte du pétrole, raconte la rivalité entre deux émirs d’Arabie et l’ascension d’un jeune Prince dynamique qui va unir les tribus du royaume du désert.
Notre avis : De tous les réalisateurs français, Jean-Jacques Annaud est probablement celui qui a le plus en commun avec David Lean. Ses grandes épopées dans des paysages exotiques ont su séduire le grand public depuis les années 1970. Voici son premier long métrage depuis la mort de Gérard Brach, son scénariste fétiche. Cette fois, le cinéaste nous emmène en voyage dans les déserts arabes, un espace où il n’avait pas encore planté sa caméra. C’est maintenant chose faite.
Et c’est aussi ce qu’on pourrait reprocher à Jean-Jacques Annaud : il collectionne les panoramas comme on coche des cases. L’Himalaya, c’est fait (avec Sept ans au Tibet) ; la Russie, c’est fait (avec Stalingrad) ; la jungle, c’est fait (avec Deux frères)… Parfois, le souffle épique qui faisait la grandeur des films de Lean n’est pas au rendez-vous. Les paysages sont vastes, mais le propos l’est moins.
Il y a toutefois des réussites, dans Or noir. A commencer par le casting international qui assume son côté glamour. Il n’est pas question de vraisemblance : chacun sait qu’Antonio Banderas, Mark Strong et Freida Pinto ne sont pas de là-bas. Tahar Rahim aurait pu faire illusion, mais tout le monde parle anglais, dans ce Moyen-Orient du début du XXe siècle. Tout le monde est toujours superbement maquillé et tiré à quatre épingles.
Pas la peine de chercher midi à quatorze heures : Jean-Jacques Annaud veut nous épater. Devant de grandes scènes de bataille à dos de chameau, à coups de cimeterres, le spectateur en aura pour son argent !
Côté didactique, l’accent est mis sur les us et coutumes, avec d’un côté les femmes, toujours enfermées, filmées dans l’ombre, regardant par la fenêtre les hommes partir au combat, en plein soleil, vers des horizons infinis. Quelques débats éclairés sur les multiples interprétations possibles du Coran font aussi bonne figure dans un film européen qui touche à une autre culture que la sienne.
Or noir évoque Lawrence d’Arabie dès ses premiers plans. Au début du film, on y pense, certes. Mais à la fin, il nous a manqué. Car Jean-Jacques Annaud n’a pas appris que les bons aspects du cinéma hollywoodien. Il en maîtrise aussi parfaitement les tares : héros qui ressuscitent, sympathiques personnages secondaires qui tombent comme des mouches pour émouvoir les âmes sensibles, caricatures de femmes bonnes à marier ou d’aventurières sauvageonnes, musique emphatique et omniprésente… Ça ne suffit pas à gâcher le spectacle mais on s’en passerait. Ajoutons qu’Or noir raconte la création de ces Etats coincés entre les pétrodollars et le carcan de la religion. Ça fait forcément moins rêver que les yeux bleus de Peter O’Toole qui, fusil au poing, menait les peuples arabes à se libérer du joug des Turcs. Bien essayé, quand même.
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roger w 26 novembre 2011
Or noir - la critique
Certes, Jean-Jacques Annaud ne fait pas dans la subtilité et ne se complaît pas dans une description géopolitique précise du pétrole. Il n’a d’autre ambition que créer un spectacle total à l’ancienne, avec des grands sentiments, de l’amour, des trahisons et des batailles épiques. Il y parvient la plupart du temps et arrive même à faire oublier le temps d’un film un casting pour le moins hétéroclite. Antonio Banderas ressemble à s’y méprendre à Sean Connery, Tahar Rahim peine un peu pour imposer son personnage, tandis que Freida Pinto se contente d’être belle. Ne soyons pas mauvaise langue, le spectacle est de qualité et on marche. Que demander de plus ?