Le 16 octobre 2022
Un polar ultra conventionnel, vampirisé par les dialogues sentencieux de Michel Audiard.
- Réalisateur : Jacques Deray
- Acteurs : Jean-Pierre Darroussin, Charlotte Rampling, Jean-Pierre Bacri, Michel Serrault, Gérard Darmon, Jean-Paul Roussillon, Riton Liebman, Julie Jézéquel, Maurice Barrier, Elisabeth Depardieu, Xavier Deluc, Luc Florian, André Chazel
- Genre : Policier / Polar / Film noir / Thriller / Film de gangsters
- Nationalité : Français
- Distributeur : UGC Distribution
- Durée : 1h45min
- Date télé : 16 octobre 2022 21:08
- Chaîne : C8
- Date de sortie : 9 octobre 1985
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Résumé : Un "flic" un peu particulier, enquête sur la mort de Charly Berliner, retrouvé dans un terrain vague. Il découvre une histoire d’amour violente et passionnée entre la victime et une certaine Barbara.
Critique : La première scène du film donne le ton : les personnages qui gravitent autour du cadavre portent les bons mots de Michel Audiard, qui dialoguait là son avant-dernier film. On y évoque la mort, on se renvoie dans les cordes à coups de punchlines. On en oublierait presque la sobriété naturelle que suppose une enquête. A la morgue, le show Audiard continue et les protagonistes paraissent aussi fantômatiques que le défunt, expédié en quelques remarques scientifiques par le médecin légiste.
Sur l’affiche du film, on est pourtant prévenu : le gouailleur chef d’orchestre des répliques de Gabin, Ventura, Blier ou Belmondo a son nom aussi gros que le metteur en scène. Le cinéma de papa et l’esprit gaulois s’offriront donc un baroud d’honneur au cœur des années 80, en prenant les atours d’un polar métaphysique, hanté par la mort. Le rythme de l’histoire en pâtit drôlement, surtout lorsqu’il nous faut subir les sentencieux aphorismes d’une caricature de flic solitaire, qui se confie évidemment à son bistrotier, quand il ne s’adresse pas directement au musicien assassiné. Dans une scène grotesque, il prendra même sa place au piano, avant de montrer son cul, puisque c’est ainsi que le mélomane fit jadis scandale au cours d’un concert, salle Pleyel.
Rampling incarne le rôle que ses yeux mystérieux et sa silhouette diaphane lui promettent, selon le réalisateur (et tant d’autres) : celui d’une femme particulièrement vénéneuse, qui balade l’inspecteur où elle veut, jusque dans son lit, où Deray la met nue pour de plates scènes érotiques. On note que la jeune génération pointe le bout de son nez - Bacri, Darroussin, Deluc, Darmon -, mais leurs personnages n’ont aucune consistance. Flic, photographe ou barman, ils sont logés à la même enseigne, conformes à une orthodoxie du polar, que le conventionnel Jacques Deray n’a jamais su contourner par la grâce d’une seule idée originale, lui qui filme ici les années 80 comme il aurait saisi les années 50.
Que vaut une enquête policière où toutes les situations conduisent à une vérité dont on se fout complètement, puisqu’on sait que la morale s’y glissera comme une couleuvre, pour nous dire de grandes vérités sur la vie et la mort ? Que vaut la performance d’acteurs condamnés à participer au théâtre habituel de la qualité française, qui se veut une fête de l’intelligence, au bord de la tombe ? Vampirisé par Audiard, platement réalisé, On ne meurt que deux fois est un pétard mouillé.
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